Forum de la mer d’El Jadida : quelle place pour les femmes dans l’économie bleue ?

Les emplois maritimes se conjuguent aussi au féminin. Le potentiel de l’économie bleue est clairement synonyme de vivier d’emplois et de croissance. Aussi, les femmes ne doivent pas être mises de côté, au contraire, comme le souligne Mehdi Alaoui Mdaghri, le fondateur du Forum de la mer dont la 5ème édition se déroulera du 3 au 7 mai à El Jadida, sous le thème « la Mer, notre richesse ». Interview.

Tout d’abord, qu’est-ce que l’économie bleue ?
Ce sont tous les secteurs liés à l’économie maritime, à savoir le transport, la pêche, le tourisme bleu, l’aménagement du littoral, le dragage des ports, l’économie portuaire, les ports de plaisance et bien d’autres encore.

Quel rôle jouent les femmes marocaines dans cette économie liée à la mer ?
Les femmes jouent un rôle majeur dans le secteur de la pêche et de l’activité portuaire. Il n’y a quasiment que des femmes à la tête de ces secteurs. La directrice générale de l’Agence nationale des ports (ANP) est Nadia Laraki, la directrice générale de l’Office national des pêches (ONP) Amina Figuigui. A l’agence nationale pour le développement d’aquaculture (ANDA), on trouve Majida Maârouf, à Tanger Med, Najlaa Diouri sans oublier Amane Fethallah, la directrice de la marine marchande, Zakia Driouich, la secrétaire générale du ministère de la pêche maritime et maintenant Mbarka Bouaida, qui vient d’être nommée secrétaire d’Etat chargée de la pêche. Néanmoins, on trouve très peu de femmes armateurs.

Quelle approche « genre » devrait être mise en place pour promouvoir les emplois issus de cette économie ?
Déjà, en mettant en valeur les femmes qui ont réussi dans ce secteur ou qui ont une véritable passion dans ce milieu car elles peuvent servir de modèle à d’autres. Ensuite, on pourrait créer des coopératives de femmes dans les villages côtiers. On en a fait pour l’arganier, je ne vois pas pourquoi cela ne se ferait pas pour la sardine par exemple. Au Sénégal, le ministère de la Pêche avait mis en place de telles structures dans lesquelles des femmes et des filles de pêcheurs ou des femmes qui vivent en zone littorale, ont joué un rôle central. Elles ont développé toute une économie. Elles préparent par exemple les filets de pêche, elles vendent des appâts ou du matériel. Il y a une inclusion qui a été réussie et nous devrions nous en inspirer, en subventionnant ou en aidant la création de ce type de structures.

Lors des précédentes éditions du Forum de la mer, vous avez plusieurs fois appelé à la création d’un observatoire de la mer et du littoral. L’Institut national de la recherche halieutique (INRH) joue pourtant déjà ce rôle, qu’apporterait de plus l’observatoire ?
De la transversalité ! L’INRH, qui fait du très bon travail dans la recherche halieutique par exemple pour l’évaluation des ressources ou encore pour la qualité du milieu marin, ne se focalise que sur ce domaine. Mais l’économie liée à la mer ne se résume pas à ce seul secteur. Il y a d’autres activités comme le tourisme, l’aménagement du littoral, l’activité portuaire, et bien d’autres encore. Nous, au forum, nous recommandons le schéma suivant : un observatoire qui produirait de la recherche scientifique et d’autres informations sur la protection du littoral ou l’activité portuaire par exemple, alimenterait un conseil national de la mer et du littoral. Dans ce conseil, il y aurait aussi bien des chercheurs, que des décideurs politiques, des opérateurs économiques et des représentants de la société civile. Il ferait des propositions concrètes à un secrétariat général rattaché au ministère qui aurait la Mer dans ses attributions. C’est l’idée vers laquelle nous voulons avancer.

Parlons maintenant du développement durable de façon plus large. Comment inciter les citoyens à opter pour un geste éco-citoyen ?
Par la sensibilisation et par l’éducation pour des enfants. Il faut amener ces filles et ces garçons au cinéma, ils doivent réaliser des opérations de nettoyage des plages et il faut expliquer aux parents que ce n’est pas dégradant de nettoyer une plage, bien au contraire, car cette action participe à leur éducation. Cette sensibilisation doit également faire partie du programme de l’Éducation nationale. La place du développement durable doit être fortement renforcée dans les manuels scolaires. De toute façon, il n’y a pas d’autres alternatives que de sensibiliser afin d’avoir des citoyens conscients des enjeux tellement importants du développement durable.

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