Évolution ou révolution?

Les réformes annoncées par le Roi ont été accueillies de manière hétérogène par les Marocains. Le Mouvement du 20 février, qui réclame des changements politiques en profondeur, est quelque peu déçu. Quant aux partis politiques, si la majorité approuve le nouveau projet de constitution, tous ne sont pas d'accord avec ce texte. Petit tour d'horizon pour mieux comprendre ce qui divise ou réunit les Marocains.

Le top 5 des réformes majeures de la nouvelle constitution :

Réforme n°1 :

Le renforcement des pouvoirs du Premier ministre

Jusqu’à présent, le Premier ministre était désigné par le Roi qui ne tenait pas compte de la composition du Parlement. Le Premier ministre, qui devait composer avec le Palais et ses conseillers,

devient désormais le “Président du gouvernement” et sera désigné par le Roi au sein du parti arrivé en tête des élections législatives. Le rôle des partis sera ainsi renforcé et la politique générale du pays pourra être discutée en conseil de gouvernement et non plus en conseil des ministres. Le Premier

ministre se voit également accorder le pouvoir de dissoudre le gouvernement, droit jusque-là accordé exclusivement au Roi. (article 47)

Réforme n°2 :

L’officialisation de la langue amazighe

Si l’arabe demeure la langue officielle de l’Etat, qui oeuvre à sa protection et à son développement

ainsi qu’à la promotion de son utilisation, la langue amazighe obtient le statut de langue officielle de l’Etat et appartient désormais au patrimoine commun à tous les Marocains, sans exception. La création d’un conseil national des langues et de la culture marocaine est annoncé par la nouvelle

constitution. Celui-ci se chargera de la protection et du développement des langues arabe et amazighe et des diverses expressions culturelles marocaines. (article 5)

Réforme n°3 :

Plus d’indépendance pour la justice

Le pouvoir judiciaire devient indépendant du pouvoir législatif ainsi que du pouvoir exécutif. Le Roi est le garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire. (article 107)

Réforme n°4 :

Egalité entre hommes et femmes

L’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et des libertés à caractères civil, politique, économique, social, culturel et environnemental, comme stipulé dans la constitution mais aussi dans les conventions et les pactes internationaux qui auront été ratifiés par le Royaume. L’Etat marocain s’engage aussi à oeuvrer à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes et crée à cet effet une autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination. (article 19)

Réforme n°5 :

Protection des droits de l’homme

Le Conseil national des Droits de l’Homme, institution nationale pluraliste et indépendante, a pour mission de se charger de toutes les questions relatives à la défense et à la protection des Droits de l’Homme ainsi que des libertés, de la garantie de leur plein exercice et de leur promotion. Le Conseil national des Droits de l’Homme veillera aussi à la préservation de la dignité, des droits et des libertés individuelles et collectives des hommes et des femmes. (article 161) â– 

Ils sont pour :

â–  L’Istiqlal : le parti de l’Indépendance est favorable à la nouvelle constitution.

â–  Le PJD : le parti islamique pour la justice et le développement qualifie le discours de positif et se réjouit que le nouveau texte préserve la liberté d’exercer sa religion mais sans possibilité de la choisir librement, comme le stipulait la première mouture à laquelle le parti s’opposait.

â–  Le Mouvement populaire : le parti amazigh est aux anges, et ça se comprend ! La langue berbère devient

officielle au même titre que l’arabe, principale revendication du parti.

â–  L’Union socialiste des forces populaires : appelle à voter en faveur du nouveau texte.

Ils sont contre :

â–  Le Mouvement du 20 février : il se dit déçu du fait que les pouvoirs du Roi restent inchangés car l’une

des principales revendications du mouvement était que le Roi règne mais ne gouverne pas. Or, le monarque reste bien chef de l’Etat, chef de l’armée et de la sphère religieuse et préside également le conseil des magistrats.

â–  Le Parti Socialiste Unifié : le PSU s’est toujours rangé du côté du Mouvement du 20 février et juge pour sa

part les réformes annoncées insuffisantes. â– 

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