Doum for women : des artisanes aux mains d’or

Projet à dimension humaine et concept de mode durable, la coopérative Doum for women s’inscrit dans un objectif d’autonomisation des femmes d’une commune rurale et de sauvegarde d’un savoir-faire ancestral. Samira Madrane et sa fille Yasmine Erguibi en sont les initiatrices.

À quelques kilomètres de Marrakech, sur la route de l’Ourika, le douar de Touggana pourrait ressembler à des centaines d’autres petits villages, éparpillés dans les communes rurales, sauf que celui-là recèle des trésors de savoir-faire. C’est ici que Samira et sa fille Yasmine ont réalisé le rêve de plusieurs dizaines de femmes, en leur assurant autonomisation et reconnaissance internationale. “Dans le cadre de l’élaboration de nos produits, nous nous sommes mises à la recherche de femmes artisanes spécialisées dans le domaine de la vannerie. Au fil de cette aventure, nous avons été amenées sur le chemin du douar de Touggana. C’est dans ce village que nous avons rencontré Aïcha, qui au fil du temps, est devenue une amie et un pilier de notre projet”, raconte Samira Madrane. C’était en 2016, date du lancement par Samira et Yasmine de la marque de sacs Doum Official. “Notre première collection Doum Official a mis en lumière le travail du raphia et du cuir travaillés selon les standards internationaux. “DOUM” évoque la feuille de palmier, au cœur de nos collections, élaguée et tissée par des femmes artisanes”, rappelle Samira.

Émancipation et autonomisation

Décoratrice d’intérieur depuis plus de 20 ans, Samira Madrane avait décidé, il y a une dizaine d’années de donner un nouveau tournant à sa carrière après son installation à Marrakech, en se tournant vers la maroquinerie. Cette conversion s’est voulue dès le départ responsable et durable. “La vannerie a toujours été un métier artisanal que je voyais se faire dans les marchés et les villages durant mes visites familiales à Berkane, ma ville d’origine. En souhaitant utiliser et travailler principalement des fibres et des matières naturelles et durables, la vannerie s’est imposée d’elle-même”, précise l’entrepreneuse. Et c’est tout naturellement que les femmes du douar de Touggana en sont devenues partie prenante. Ces femmes qui détiennent entre les mains un grand savoir-faire vivent pourtant des situations difficiles et précaires, les empêchant de se livrer à leur activité en toute quiétude. “C’est en partageant leur dure réalité et leurs inquiétudes que nous avons uni nos compétences et nos forces afin de leur venir en aide”, explique Samira Madrane.

Le ton est alors donné à la naissance d’un projet à forte valeur ajoutée articulé autour de la vannerie. Dans la foulée, la coopérative Doum For Women est créée, et elle va changer à jamais le quotidien des femmes du douar. “Nous nous souvenons encore du premier jour de l’ouverture de la coopérative. Nous ne nous attendions pas à autant de femmes présentes qui souhaitent devenir des membres de la coopérative. Cette première journée a scellé notre destin aux leurs”, raconte Samira. Plus de 200 femmes sont actuellement membres de la coopérative. “Plus de 800 personnes ont été impactées positivement par cette activité”, se réjouit la co-fondatrice de Doum For Women. Veuves, mères célibataires, divorcées et ayant des enfants à charge, les artisanes qui travaillent au sein de la coopérative sont devenues économiquement indépendantes. Émancipation et autonomisation des femmes sous-tendent ce projet, car pour Samira Madrane et Yasmine Erguibi, le souci premier a été d’outiller ces femmes rurales pour leur permettre d’améliorer leurs conditions de vie et celles de leurs familles au travers d’une économie inclusive. Mais pas seulement. Les co-fondatrices de la coopérative se sont également attachées à améliorer et perfectionner les connaissances techniques des femme rurales tout en veillant à leur autonomisation et responsabilisation. “Le fonctionnement interne de notre coopérative est démocratique et équitable et les écarts de salaire sont inexistants”, explique encore Samira.

Des collaborations prestigieuses

Devenues une aide précieuse pour leurs familles, ces artisanes avaient aussi besoin d’être alphabétisées, car n’ayant pratiquement jamais fréquenté les bancs de l’école. Dans ce sens, la coopérative a mis en place “un programme d’alphabétisation et d’initiation aux calculs pour les femmes qui n’ont jamais été scolarisées, ainsi que des formations sur les risques rencontrés en milieu rural, et des notions relatives au soin des jeunes enfants, à la nutrition et à la sécurité alimentaire.” De plus, des structures éducatives ont été créées au sein même de la coopérative pour héberger et éduquer les enfants en bas-âge des artisanes. “Aujourd’hui, nous tentons d’aider au maximum ces femmes et leurs enfants pour leur assurer un revenu stable et ainsi améliorer leurs conditions de vie de manière significative. À l’horizon 2025, nous prévoyons de doubler nos effectifs actuels pour autonomiser et former plus de 400 femmes rurales aux métiers de la vannerie”, poursuit Samira.

Ce pari gagnant a déjà porté ses fruits, car les créations et le modèle économique participatif adopté par la coopérative a séduit des marques prestigieuses américaines et européennes. C’est le cas de la ligne stylistique affirmée Tory Burch avec qui Doum For Women a mis au point une création originale chic et bohème à souhait, “La Ella Straw basket”. Cette collaboration prélude d’un avenir radieux pour la coopérative qui a réussi à allier avec un rare bonheur les techniques de tissage ancestrales à une esthétique plus cosmopolite.

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3 questions à Samira Madrane, co-fondarice de Doum for women

Quels sont les appuis que vous apportez aux femmes de la coopérative? Et quelles aides recevez-vous pour la pérennité de ce projet ?

Notre aide est avant tout financière. En effet, c’est au travers des revenus tirés des commandes clients qu’elles sont financièrement indépendantes et qu’elles ont pu investir dans des petits projets qui améliorent leur quotidien et ceux de leurs familles (finir la construction de leurs maison, achat d’électroménager, achat de moyen de locomotion).

La coopérative a également mis en place des ateliers d’apprentissage et de formations ouverts à toutes les femmes désireuses d’apprendre les métiers de la vannerie, de la couture et de la broderie.

La coopérative a été financée par nos fonds propres. Ces deux dernières années, nous avons pu bénéficier du soutien régulier et indéfectible de l’AMDIE (Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations) grâce à laquelle nous avons pu participer en Juin 2019, à un programme d’échange B2B Maroc-USA.

Vous avez réussi à monter des collaborations très intéressantes à l’international. Pourriez-vous nous en parler ?

En juin 2019, nous avons eu l’honneur d’être choisies par l’AMDIE parmi une multitude d’autres industries et entreprises manufacturières pour participer au programme d’échange B2B Maroc-USA qui se tient chaque année à New York.

C’est dans le cadre de notre séjour, que nous avons pu rencontrer les équipes de marques américaines de renom telles que Ralph Lauren, Marc Jacobs ou encore Tory Burch avec laquelle nous avons crée une collection capsule de sacs en “doum”.

Après cette collaboration créative avec Tory Burch, comment envisagez-vous l’évolution de la coopérative Doum For Women ?

Au début de cette année, nous avons lancé notre boutique sur Etsy (plateforme leader du handmade dans le monde). Nos retours clients sont extrêmement encourageants et cela nous incite à toujours créer et à proposer de nouveaux modèles de sacs.

Nous continuons également à prendre contact avec les maisons internationales afin de promouvoir le travail extraordinaire de ces femmes artisanes. Un impératif en ces temps de crise.

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