on dit toujours que l’amour est le ciment d’un couple, le gage d’une union heureuse et pleine de bonheur… Mais même les moins doués en bricolage savent que le ciment peut être soumis à l’usure et finir par se fissurer ! Accident, infidélité, maladie, décès… des aléas de la vie qui assombrissent cette image idyllique tout en permettant de mesurer la solidité d’une union. Mais qu’en est-il lorsque deux conjoints vivent des évolutions professionnelles opposées ? Celui qui est au top de sa réussite professionnelle aspire à la conquête de nouveaux sommets et à l’inverse, celui qui “stagne” subit péniblement ces promotions en série. Et lorsqu’on a le regard tourné vers les étoiles, on n’a pas forcément envie de s’attarder sur les nuages qui obstruent la vue. En clair, une certaine fragilité conjugale s’installe : manque d’attention, communication en berne, sentiment d’abandon et de ne pas être pris en considération par son conjoint…
Voir l’autre tel qu’il est
.Au fil des années, les différences d’ambition peuvent créer des disparités et dans certains cas, ces conflits trouvent leur origine dans la perception qu’on se fait de l’autre, souvent fausse. Le couple, ces deux faces d’une même médaille si complémentaires mais qui regardent dans des directions opposées… Une fois le stade fusionnel des premières années franchi, on commence à voir l’autre tel qu’il est réellement, avec ses défauts et ses qualités… Houda, mariée à Youssef depuis 13 ans, a connu quelques turbulences. “J’ai rencontré Youssef lors d’un déplacement professionnel, il était réceptionniste dans l’hôtel où je séjournais. Le coup de foudre a été immédiat et nous n’avons pas tardé à nous mettre en couple. Je suis chargée d’affaires dans une banque, nos univers sont complètement opposés. Au début, notre couple vibrait à l’unisson et ces différences de statut professionnel n’avaient .aucune incidence dans notre quotidien. Des difficultés sont apparues après la naissance de notre premier enfant. Je le trouvais froid, distant et j’avais l’impression que toute l’affection qu’il m’avait donnée jusqu’ici était reportée sur notre enfant. Quand j’étais au travail, il cherchait à connaître mes moindres faits et gestes, me questionnant continuellement sur les personnes que je côtoyais, les endroits où j’allais… Un jour, je l’ai même surpris en train de fouiller dans ma messagerie électronique ! C’est à ce moment-là que j’ai réalisé qu’il se méfiait de moi et qu’il pensait que je le trompais. Nous avons mis les choses à plat, il m’a exprimé ses doutes et en retour, je lui ai fait part des miens et nous avons pu repartir sur de meilleures bases. En réalité, nous avions une fausse perception de nous-mêmes à cause de nos craintes respectives. Il avait peur que je le quitte et moi, je trouvais son comportement distant.” Quand aucune explication franche n’est engagée, la situation s’enlise, chacun s’enferme dans sa bulle et finit par se faire des films… mais pas toujours des scénarios amoureux ! Dans ce cas, l’attitude de Youssef s’explique par son manque de confiance en lui. Ses responsabilités professionnelles, moins “élevées” que celles de sa femme, ont suscité en lui un sentiment d’insécurité ; il pensait qu’elle le déconsidérait par rapport aux gens qu’elle fréquentait habituellement. Mais la réalité était tout autre…
L’homme, ce chef de clan
Notre conception de la famille repose sur un modèle patriarcal où l’homme-géniteur a un rôle central, en subvenant aux besoins de sa famille. Ce modèle familial s’est peu à peu transformé. Timidement. En général, un homme perçoit un salaire plus élevé que celui de sa femme. Mais lorsque du jour au lendemain celle-ci bénéficie d’une promotion, inversant alors la tendance, l’ego du chef de clan en prend un coup ! Les rôles initiaux sont intervertis et c’est là que le malaise s’installe. Un nouveau schéma relationnel se crée, les rapports changent et chacun doit “redécouvrir” l’autre sous un autre aspect de sa personnalité. En général, c’est la femme qui met entre parenthèses ses aspirations professionnelles pour élever ses enfants. Mais quand ils grandissent, elle ressent le besoin de s’affirmer en dehors de ce rôle de mère dans lequel elle est cantonnée. “Lorsque nous étions étudiants, j’admirais son ambition dévorante, son volontarisme, sa soif de réussite, raconte Asma, 38 ans.J’étais moins carriériste que lui mais le plus important pour moi à l’époque était de partager son existence et de construire une vie de couple heureuse. Pendant plusieurs années, mon mari a été le pilier financier de notre foyer ; ce qui ne l’a jamais vraiment gêné car il jouait pleinement son rôle de chef de famille, minimisant souvent l’importance de mon métier dans ma réalisation personnelle. Mais les années passant, mes aspirations ont évolué, très naturellement. J’ai voulu créer ma propre société, je me suis investie pleinement dans la réussite de ce projet. C’était plus facile car mes enfants étaient plus grands, mais mon mari ne voyait pas d’un très bon œil mes “envies d’émancipation” selon ses propres mots. Mais je suis allée jusqu’au bout, j’avais envie de me lancer dans un projet qui n’appartenait qu’à moi. A ce moment-là, j’ignorais que le compte à rebours de notre séparation était déjà enclenché. Quand ma petite entreprise a commencé à bien fonctionner et à réaliser des bénéfices, mon mari n’a pas du tout partagé mon enthousiasme, il devenait irascible et tout était prétexte à une nouvelle dispute. Il était agressif verbalement, et il lui arrivait même de me rabaisser auprès de nos proches. Pendant deux ans, j’ai essayé de sauver les miettes de notre couple, sans succès”. Parfois, les fondations du couple, qu’on pense solides, révèlent leurs premiers signes d’effritement lorsque l’un n’arrive pas à dépasser ses propres complexes, ou par manque de confiance en soi. â—†