Conte de fées moderne….

Dans une autre vie, Zineb était femme de ménage dans une famille marocaine... jusqu'à ce que son destin croise la route d'un certain Erwan, amoureux et peu soucieux des conventions sociales. Flash-back sur une love story atypique qui a fait rêver tout un quartier !

Je n’ai jamais vraiment envisagé d’immigrer ailleurs ou d’épouser un étranger. Même si ma meilleure amie avait convolé avec un Suisse, je ne me projetais pas dans cette optique du “trouver un gaouri à tout prix”, pour quitter un pays qui n’offre aucune chance aux gens comme nous. La perspective me paraissait trop lointaine, trop compliquée, infranchissable à cause des barrières de la langue, culturelle et sociale… Il est vrai qu’ici, la donne est encore plus difficile quand vous n’avez ni argent, ni instruction. Il est illusoire de prétendre emprunter un autre chemin que celui d’une “bonne”, d’une fille de joie ou dans le meilleur des cas, d’une femme mariée à un lascar qui peine à joindre les deux bouts.

Venue de la campagne à l’âge de 11 ans, j’avais rejoint ma soeur qui travaillait en ville comme femme de ménage. Très vite, j’ai été engagée dans une maison, abandonnant ma scolarité en dépit de quelques rudiments de lecture et d’écriture. Aujourd’hui, j’ai 29 ans et au total, je comptabilise cinq demeures, avec un passage de 10 ans chez mes derniers employeurs. Ce sont de braves gens et à la fin, je faisais quasiment partie de la famille. Au contact de leurs filles modernes, je me suis ouverte au monde, ai appris à m’habiller, à forger ma personnalité… On discutait beaucoup ensemble et elles me poussaient à évoluer vers d’autres horizons. Cela m’a encouragée pour m’inscrire à des cours de français et j’espérais, un jour, me reconvertir dans un autre domaine d’activité, en entamant une formation quelconque. Au fil du temps, grâce à un petit héritage, j’ai aussi pu acheter trois chambres dans un quartier populaire de Rabat. Néanmoins, je ne pouvais pas encore raccrocher mon tablier, vu mes besoins pécuniaires et ma mère à charge. Rubrique hommes, c’était aussi le désert affectif… Entre celui qui vous proposait cash de monter prendre un café chez lui, le chômeur désargenté ou le gaillard sans éducation, il n’y avait pas matière à se construire un avenir à deux.

La première fois où j’ai croisé Erwan, j’étais en “bleu de travail”, c’est-à-dire un foulard sur la tête et un balai à la main. Le fils de la maison, Amin, qui réside en France, allait se marier et beaucoup de ses amis de làbas avaient fait le déplacement pour l’occasion. Erwan m’a fixée du regard et moi, complètement intimidée, j’ai baissé les yeux. Plus tard, j’ai appris qu’il avait avoué à Amin m’avoir trouvée très charmante. Tout le long de la semaine, il a tenté à plusieurs reprises d’entamer la conversation, sans résultat. Je me contentais de sourire et de tourner les talons. J’étais flattée de lui plaire, mais pour moi, il ne s’agissait que de l’attirance passagère d’un Français pour une fille exotique. En tant que directeur d’agence bancaire, il appartenait à un autre monde inaccessible.

J’avais zappé cette affaire de ma tête, jusqu’à ce que, quatre mois plus tard, il atterrisse pour des courtes vacances avec Amin, sa femme et une cousine à elle. Et là, rebelote, il m’a redemandé, en catimini, mon numéro de GSM et mon adresse mail. J’ai cédé… Nous avons alors commencé à échanger via MSN, presque tous les soirs. Moi, avec mon français très approximatif ; lui, qui arrivait à saisir l’essentiel, malgré les fautes. Il prétendait être très sérieux et vouloir se marier avec moi. Toujours est-il que j’ai fini par le croire sur parole, peut-être parce qu’au fond, il ne s’agissait pas d’un Marocain mais d’un occidental ; leur façon d’aborder les choses est plus simple et moins portée sur les apparences. Mais même s’il me plaisait et m’attendrissait par sa gentillesse, j’attendais de voir…

Puis, il est revenu seul, une nouvelle fois. Je le rejoignais, une fois le travail terminé, pour prendre un café. Très vite, j’ai mis les points sur les “i” quand il a cherché, un jour, à m’enlacer. Rouge de confusion, je lui ai délicatement signifié que j’étais contre les rapprochements physiques avant les noces. Déjà, lorsqu’on se promenait dans la médina, j’essuyais souvent des remarques déplacées de badauds masculins sur notre couple mixte… Entre-temps, ma mère adorée est tombée gravement malade et on lui a diagnostiqué un cancer du col utérin. Opération après opération, l’accompagnant dans des protocoles lourds de chimio et de radiothérapie, je ne vivais plus que dans un seul but : qu’elle sauve sa peau. En outre, fréquentant assidûment les hôpitaux publics, lents et désorganisés, j’étais devenue irritable, sous pression permanente et au bord de la dépression. Erwan, avec qui j’avais espacé les contacts, comprenait la situation et n’a pas insisté lorsque je l’ai découragé de me rendre à nouveau visite. Notre histoire, je l’avais mise entre parenthèses et, défaitiste du fait des circonstances difficiles, je n’en voyais même plus le bout.

Lorsque ma mère a commencé à aller mieux, cela faisait deux ans qu’on se connaissait, mais rien d’officiel. Les filles de mes patrons m’ont engagée à prendre le taureau par les cornes : “Il faut que vous entamiez la procédure de mariage ou… non ! Il n’est pas question que tu continues à perdre ton temps”. J’ai alors osé une mise au point très claire avec lui. A ma grande surprise, il était plus que jamais partant, et on a commencé à rassembler la paperasse, chacun de son côté, pour l’obtention du certificat de capacité délivré par le consulat français, avant de déposer notre demande auprès du tribunal de la famille, aux fins d’établir l’acte de mariage. Sans problème, Erwan a accepté de se convertir à ma religion et je considère qu’il m’a offert la plus grande preuve d’amour qui soit. Il a été éduqué dans le respect total des différences et a lui-même une petite soeur adoptive qui vient du Mexique. Je suis sensible à cet esprit de tolérance qui le caractérise et gomme le fossé culturel entre nous. Grâce à cela, le courant est bien passé avec mes proches, et le fait que je fasse office de traductrice entre lui, ma mère et ma soeur nous a occasionné bien des fous rires complices.

J’ai également tenu à ce qu’on marque le coup, en organisant une très belle fête de mariage. Sa famille a beaucoup apprécié les fastes de la cérémonie et, pour notre part, nous avons aussi mis les petits plats dans les grands. Pour l’anecdote, le plus drôle, c’est qu’au cours de la soirée, nombre de mes cousines et voisines en âge de se marier n’ont pas hésité à venir se déhancher et danser sur le rythme effréné de l’orchestre, à proximité de la table des amis français d’Erwan ! Espérant, sans doute, se faire remarquer par d’autres hidalgos fringants (rires)…

Actuellement, on habite à Montpellier. Je continue de perfectionner mon français et compte m’inscrire à une formation d’aide soignante. Il m’arrive souvent de questionner mon mari sur le pourquoi il m’a choisie, moi. Il me répond invariablement qu’il a toujours aimé les belles filles brunes, que ma douceur l’a conquis et qu’il est tombé amoureux, tout simplement…

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