Travailler au sein d’une hiérarchie n’est pas toujours chose aisée. La responsabilité d’une atmosphère saine au travail repose en grande partie sur les épaules du directeur. C’est à lui qu’échoit la mission de fixer et d’expliquer les objectifs. C’est aussi lui qui décide de la rétention ou non de l’information. Son rôle est de sanctionner les manquements graves, remercier les incompétents, prendre soin de ses équipes, les aider à faire avancer l’entreprise et à se réaliser. Quand la pression augmente, il se doit de protéger les vulnérabilités, de réduire la tension jusqu’à un seuil supportable et gérable par l’ensemble de ses employés…
Patron, cet (éternel) incompris ?
Dans un environnement professionnel sain, on travaille, bien sûr, mais on apprend aussi et on s’épanouit. On relève des défis et on aime dépanner les collègues. Dans un tel contexte, peu de critiques et de rumeurs assassines. La confiance et la bonne humeur règnent.C’est un tout autre scénario dans un milieu de travail infesté par un patron toxique. Ce type de supérieur envenime l’ambiance, dissipe le goût du travail, bride la créativité, fait fuir les compétences et taire les forces vives.Comme chacun sait, les bons employeurs ne courent pas les rues. Plus nombreux sont les petits chefs autoritaires. C’est la mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que personne ne peut rendre malheureux un subalterne si ce dernier prend la peine de s’immuniser contre la toxicité patronale.Mais ne nous trompons pas de catégorie : un boss bourru, qui se lève chaque matin du pied gauche, n’est pas forcément un patron toxique. Un directeur qui rabroue, qui dit que notre travail est bâclé à portée d’oreille des collègues, qui refuse d’entendre nos doléances (rejeton souffrant de maladies chroniques ou encore vieux parents hospitalisés), manque de doigté. Il est insensible aux états d’âme de ses collaborateurs, mais il n’est pas toxique pour autant.
Un patron toxique, kézako ?
C’est d’abord un patron incompétent. Il va au-delà d’ignorer les besoins de son équipe. Il prend des décisions dont les membres de cette dernière font les frais. A coups de choix contradictoires, il mène ses collaborateurs à l’erreur. Il est instable, ses colères sont mémorables, ses manières désagréables et, sans aucune peine, il humilie à tout va.Comment s’exprime son incompétence ? Jusqu’où peut aller son autoritarisme, son manque de discernement ? Peu importe l’ampleur de sa perversité, quand ses carences détériorent le moral de ses employés, il est temps d’agir.Comment est-il possible qu’un tel profil ait été promu à ce poste et qu’il soit maintenu aux commandes ? Il est stérile de se poser la question quand on est au bas de l’échelle ou encore au milieu. Quelque part, tout en haut de la pyramide, une ou plusieurs personnes n’ont pas fait leur travail comme il se doit. Donc, il faut réagir… pour sauver sa peau !Les personnes prises dans les filets d’un patron toxique ont pour premier réflexe de répondre à ses exigences, encore et encore. Elles s’acharnent et cherchent à satisfaire leur supérieur hiérarchique car elles ont une conception erronée de l’autorité. Elles baissent les bras car il réussit à saper l’estime de soi de ses subalternes. Ces personnes finissent par se retrouver piégées car elles ne voient pas d’issue à une situation qui leur semble coulée dans le béton.Quand on vit sous l’emprise d’un tel individu sans broncher, on se contente de se protéger. On apprend à se ménager. On a peur d’essuyer les foudres du “grand manitou”, alors on ne développe plus ses talents, on se tient à carreau. On manque ainsi des occasions de s’épanouir. Bref, quand pour seul horizon on n’envisage que le repli sur soi, petit à petit, on s’éteint…
Changer de cap !
“Un cadre compétent qui vit avec un patron toxique sans intervenir n’est plus une victime, il devient complice de sa propre destruction, explique madame Tahri, DRH. Certes, on ne peut pas toujours changer de directeur, mais on peut devenir patron de son propre changement !”Plus facile à dire qu’à faire ? Inexact. Nombreux sont les cadres qui ont connu l’enfer d’avoir un responsable qui broie tout sur son passage, à commencer par les projets professionnels de ses collaborateurs. Mais nombreux aussi sont ceux qui sont arrivés à protéger leur carrière sans y laisser leur âme. Quelques élus ont même réussi à se débarrasser de l’influence d’un chef toxique, tout en augmentant leurs chances de grimper dans la hiérarchie ! Tous ceux qui ont décidé de ne plus subir ont rapidement noté un changement positif dans leur quotidien au bureau. Ils ont acquis une meilleure connaissance de leurs tâches et ont goûté à la satisfaction d’atteindre leurs objectifs. Quand on échappe aux griffes d’un patron toxique à force de volonté, on devient plus ouvert aux idées neuves et on améliore ses rapports avec des collègues et des supérieurs compétents. On apparaît plus énergique et on cultive de mieux en mieux l’esprit d’initiative. Bref, on apprend à ne plus attendre que la hiérarchie nous rende plus heureux, on s’en occupe soi-même ! â—†
UN DÉBUT DE SOLUTION…
Selon le type de chef à qui l’on a affaire, la vie professionnelle peut devenir stressante, frustrante, voire carrément aliénante. Vivre épanoui au bureau, c’est possible, à condition de quitter le siège de la victime et de prendre en main les rênes de son bien-être au travail. Personne n’a le droit de porter atteinte à notre intégrité, à notre confort, dans l’entreprise comme ailleurs !Voici quelques pistes pour faire face aux méfaits d’un patron toxique : â—†faire l’inventaire de ce qui nuit à son bien-être au travail.â—†revoir son acceptation de l’autorité et exiger le respect.â—†si le directeur est la raison principale d’un mal-être au bureau, faire la liste des comportements et attitudes de ce dernier qui usent et érodent la confiance en soi.â—†établir ses propres limites et choisir le moment propice pour en discuter avec son supérieur hiérarchique.â—†observer autour de soi les collègues qui trouvent grâce aux yeux du patron. Apprendre auprès d’eux, identifier deux ou trois choses à tenter pour améliorer son quotidien au travail, sans dénigrer sa conception de l’éthique.Nos remerciements à madame Tahri, DRH