Coloc’ : coexister pacifiquement !

Une colocation qui s'annonce sous les meilleurs auspices peut aussi finir en petits meurtres entre ami(e)s. Retour sur les règles d'un mode de vie séduisant mais contraignant.

Les embûches du vivre ensemble :

â–  Ravies, les deux mères se congratulent et s’embrassent avec chaleur. Deux bachelières qui viennent de débuter leur cursus universitaire dans la grande ville, leur douce progéniture, vont louer ensemble. Une perspective rassurante pour leurs familles respectives qui n’en mènent pas large de devoir couper provisoirement le cordon. De plus, la donne est gagnant/gagnant : division par deux du budget loyer et charges, alors que le poste de dépenses “études” s’avère déjà lourd. Hélas, cette image de cohabitation tranquille de bnat nass bien élevées est très vite susceptible de s’écorner,  passée la lune de miel. En vérité, dès lors que le quotidien sordide fait une irruption fracassante dans la réalité des tempéraments et des styles de vie. Oui, Lamia semblait cool, à l’aise partout, facile à  vivre ; mais de fait, d’après la version de Mounia, sa coloc’ plus posée, cette absence de prise de tête affichée s’apparente maintenant au sans gêne : des copains bruyants qui débarquent à pas d’heure et squattent le salon ; des affaires qui traînent partout ; un tour de vaisselle que la distraite zappe régulièrement. En face, Mounia véhicule bientôt une réputation de grippe-sou, soûlante, qui compte ses yaourts dans le réfrigérateur et aboie des ordres tout le temps. Les relations deviennent à  couteaux tirés et la guerre menace d’éclater d’un instant à l’autre. Après, évidemment, comme toutes bonnes mammas marocaines qui se respectent, les deux génitrices respectives prennent  immanquablement le parti de leur fille et l’histoire se termine par une rupture précoce du bail. Or, adopter un régime communautaire suppose des règles que l’on oublie souvent de mettre en place, au début, sous le coup de la hchouma et du souab. Primo, si le (la) coloc’ peut être un(e) ami(e), elle (il) peut aussi être un(e) simple “voisin(e)” ; donc, vous n’avez pas à vous sentir exclue s’il (elle) ne vous intègre pas à ses activités. Deuxio, le vivre ensemble suppose de respecter le territoire de l’autre : on ne rentre pas dans sa chambre sans y être autorisée ; on ne se sert pas dans ses victuailles sans demander. A asseoir également : la charte de l’espace commun. Ainsi, corvée de vaisselle, ménage, descente des poubelles, paiement des factures, nécessitent une participation équitable. “Silence, je bosse mes exams !” doit, en outre, inciter l’autre à mettre ses écouteurs pour se défouler sur de la musique techno dans sa chambre. Le mode de vie en tribu a donc l’avantage d’apprendre à se fendre en partages et compromis. Ce qui constitue, vous le concéderez, un bon entraînement pour une future projection dans le conjugo ! Et afin que le “happy ending” soit sur le bord du palier, il ne faut surtout pas s’enfermer dans la rancoeur et le non dit ; sans porter de jugement de valeur, on pose les jalons d’un dialogue constructif ! â– 

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