Du simple surmenage au burn out
“Je n’ai absolument rien vu venir.” C’est certainement la phrase qui revient le plus concernant ce mal étrange et indécelable. Amal était très épanouie dans sa vie professionnelle, jusqu’au jour où son supérieur hiérarchique a décidé de lui donner plus de responsabilités. “Au départ, j’étais très excitée d’avoir de nouveaux challenges à relever. Le travail ne m’a jamais fait peur et c’était une aubaine qu’il fallait saisir au vol. Je ressentais même une profonde satisfaction à combiner vie de famille et professionnelle”, confie-t-elle. Mais pour elle, le stress est devenu de plus en plus intense, les soirées au bureau ont commencé à s’allonger, encore et encore… “Je ne mangeais plus ou très peu, m’autorisais seulement quelques minutes de pause pour le déjeuner… Tout allait de plus en plus vite, mes nuits devenaient plus courtes et mon irritabilité plus intense. Je me suis dit que c’était sûrement une grosse fatigue jusqu’au jour où… tout a basculé”.
En cause, notre stress chronique
Malgré les multiples études sur le sujet et les définitions quelquefois contradictoires, les auteurs se rejoignent pour définir le burn out comme un état d’épuisement physique ou émotionnel, une diminution de la productivité au travail ainsi que de la dépersonnalisation (un détachement par rapport à la réalité, une sorte de flou dans la perception que l’on a de celle-ci). Selon Ali Seghrouchni, “il existe trois formes de syndrome d’épuisement professionnel. Le burn out d’épuisement, où le sujet se voit surchargé de stress et de travail et n’obtient pas la reconnaissance escomptée ; le burn out frénétique, à travers lequel le sujet se voit attribuer de plus en plus de tâches à accomplir et finit par s’épuiser ; et le burn out néfaste et dans ce cas, ce sont les conditions de travail qui ne sont pas stimulantes.”
Différencier un burn out d’une dépression
Il n’est pas aisé de distinguer une dépression d’un syndrome d’épuisement professionnel dans la mesure où beaucoup de symptômes concordent. En voici une liste non exhaustive: fatigue, maux de tête, troubles gastro-intestinaux, insomnies, anxiété, chute de l’estime de soi, irritabilité… Toutefois, d’autres sont vraiment caractéristiques de l’épuisement professionnel. Beaucoup de sujets présentent des rhumes persistants et une baisse significative des défenses immunitaires, symptômes que l’on trouve moins volontiers dans les syndromes dépressifs plus classiques.
“Dans une société où la compétitivité devient omniprésente, il n’est pas anodin de constater de plus en plus de consultations à ce sujet. Les premières études constataient une récurrence de malades dans les milieux de la médecine, de l’enseignement et du social. Aujourd’hui, on peut y ajouter les milieux des affaires, du droit et même les étudiants. En somme, le burn out est surtout présent lorsque le travailleur est fortement sollicité quant à une charge de travail et/ou affective importante, et lorsque la compétitivité est la seule motivation”, nous précise notre spécialiste.
Prévenir et guérir de ce mal qui nous ronge
Une statistique récente de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes montre que le burn out est la cause de près de 40 % des arrêts de travail. “C’est pour cela qu’il ne faut pas hésiter à consulter lorsqu’on en constate les premiers signes. Les troubles d’épuisement professionnel paralysent la vie sur le lieu de travail, mais ils ont un impact certain sur la vie personnelle.
Pour pallier cela, quelques mesures simples peuvent être prises. La séparation franche entre les sphères privée et professionnelle est un bon début. Aussi, sur le plan du travail, il faut apprendre à déléguer, prendre des pauses, ne pas hésiter à se garder des loisirs, des moments pour soi, pour sa vie de famille. Toutefois, il serait aussi pertinent d’agir plus largement, communiquer au niveau des politiques d’entreprise en les sensibilisant à ce syndrome ainsi qu’aux conséquences du burn out. Elles gagneraient plus, en définitive, en favorisant une meilleure organisation et en assouplissant leurs modalités d’accès à la productivité.” conclut Ali Seghrouchni.
Nos remerciements au docteur Ali Seghrouchni, psychologue.