Boulot : peut-on tout dire à ses collègues ?

Quand on passe 8 heures au moins au travail, cinq jours par semaine, il est presque inévitable de parler de sa vie personnelle à ses collègues. Mais tout dire, est-ce une bonne (ou mauvaise) idée ? Témoignages.

Peut-on vraiment tout dire à ses collègues, sans risquer de se mettre soi-même dans une mauvaise posture ? Amina l’a appris à ses dépens. Nouvellement embauchée dans une entreprise, elle a cherché à se rapprocher de deux de ses collègues. Mal lui en pris. Ses propos, ses critiques et ses confidences ont été déformés et tournés contre elle. Aussi, et au lieu de s’intégrer à sa nouvelle équipe, elle s’est plutôt sentie rejetée, mise à l’écart et poussée au bout de quelques mois à démissionner. Amina aurait commis une erreur de jugement, car avant de se livrer comme elle l’avait fait et de porter des jugements de valeur et des critiques sur ses autres collègues et son boss, elle aurait dû au préalable cerner qui sont ses véritables amis au travail. Mme Benjelloun, coach en développement personnel, est catégorique : toutes les relations professionnelles ne deviennent pas forcément une relation personnelle. “Passer d’une relation sociale à une relation personnelle et intime se fait progressivement, car le rythme de développement d’une relation se doit d’être respecté. Ainsi, il faut prendre le temps de choisir soigneusement son cercle de confidents, et délimiter une frontière, différente selon les collègues, entre sa vie professionnelle et personnelle”, assure-t-elle.

Tourner sa langue 7 fois avant de parler

Autrement dit, avant de râler sur untel ou de vous épancher sur des détails de votre vie intime, il vaut mieux rester sur ses gardes et tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de dire tout et n’importe quoi. “Certaines choses sont du domaine de l’intime et ne peuvent pas être exposées dans le cadre professionnel sous peine d’être utilisées contre nous…Tout est question de dosage et d’équilibre, d’appréciation personnelle et d’environnement de travail”, précise le coach.

Parler de soi et se dévoiler peut ainsi se tourner contre soi. Asmaa en a fait l’amère expérience. “La nouvelle manager qui avait rejoint notre équipe quelques mois auparavant menait la vie dure à tout le monde, et à moi en particulier. Ses propos étaient blessants et son comportement incorrect au sein de l’open-space me mettaient à rude épreuve. Étant très sensible, j’étais tout le temps en larmes et à bout de nerfs. J’ai pris l’initiative d’aller la voir pour lui confier mes états d’âme, mon ressenti et lui confier certaines choses qui relèvent de la sphère de l’intime. J’ai été très satisfaite de cet échange, et pendant quelques jours, son comportement a changé à mon égard. Mais rapidement, elle est revenue à la charge, encore plus virulente, et utilisant certaines de mes confidences pour m’abaisser davantage. Aujourd’hui, je réalise qu’il ne faut pas tout dire”, confie Asmaa. Morale de l’histoire : montrer sa vulnérabilité peut se retourner contre nous et nous mettre en mauvaise posture. “Mais il est quasi-impossible de déposer son cœur à la consigne en arrivant au travail, et de le récupérer en sortant”, rappelle le coach. Car, qu’on le veuille ou non, “notre inconscient va créer des liens à notre insu.” Il est donc presque inévitable de parler de sa vie personnelle avec ses collègues. “C’est même un comportement naturel et normal, qui peut renforcer les liens d’une équipe et rendre l’ambiance du bureau plus conviviale. Et dans l’idéal, favoriser entraide, complicité et motivation dans un respect mutuel”, souligne cette experte en développement personnel. C’est également le point de vue de Salima qui avoue avoir fait ses plus belles rencontres dans le monde professionnel. “On peut s’y faire des amis et se confier sur qui on est. Mais il faut prendre le temps, jauger, et ensuite s’adapter”, assure cette jolie trentenaire qui officie dans une agence de relations presse.

L’intelligence relationnelle

Mais il n’est pas judicieux de se livrer sur l’ensemble des sujets qui nous tiennent à cœur, même si on passe une grande partie de sa journée au travail, insiste le coach. En effet, de nombreux sujets peuvent susciter des frictions, du ressentiment voire des jalousies, et des conflits peuvent se cristalliser sur des non-dits entre collègues. “Entretenir des relations harmonieuses avec ses collègues relève de l’ordre du contexte et de la culture de l’entreprise. Il n’y a pas de recettes miracles pour arriver à cette finalité”, avance Mme Benjelloun. Ne pas juger, ne pas médire des autres, ne pas interpréter seraient dès lors des fondamentaux à toute relation professionnelle saine. Une véritable intelligence émotionnelle est de mise pour maîtriser son comportement tout en étant capable de “décoder” les autres afin de savoir avec exactitude ce qu’on peut dévoiler ou non de sa vie privée. À cet égard, notre coach met en avant l’intelligence relationnelle qui englobe, dit-elle, un certain nombre de compétences telle l’empathie, l’écoute active et la sollicitude qui consistent à tenir compte des besoins des autres et à agir en conséquence.
Conclusion : au travail, il faut éviter de faire le grand déballage de sa vie intime avant de bien savoir à qui l’on a affaire. C’est ce qui vous permettra d’éviter certaines déconvenues aux conséquences parfois graves sur vous et votre carrière. 

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Les sujets perso à ne pas aborder au travail

Prime, augmentation, promotion, envie de quitter l’entreprise, entretien chez la concurrence, problèmes de couple, pépins de santé, addictions… sont autant de sujets à garder pour soi. Vos propos risquent d’être amplifiés et déformés, et au lieu par exemple, d’un kyste bénin à enlever, on vous affuble d’une grave maladie nécessitant une lourde intervention chirurgicale…
Il faut garder également à l’esprit que l’entreprise est un espace de travail, et que certains détails de votre vie privée, aussi importants soient-ils à vos yeux, n’intéressent pas forcément vos collègues et ne vont certainement pas faire avancer le dossier sur lequel vous travaillez ensemble.
Toutefois, votre supérieur hiérarchique doit demeurer votre interlocuteur privilégié, et vous devez pouvoir lui faire part d’une situation personnelle particulière ou de problèmes privés qui peuvent avoir un impact sur votre travail (maladie d’un proche nécessitant de vous absenter, déménagement, etc.).

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