baisers sonores de nador

Des ados devant le tribunal pour un baiser ! Incroyable mais vrai, ils risquent la prison pour "atteinte à la pudeur dans un lieu public". L'écho de cette affaire, qui a éclaté à Nador, a franchi les frontières du Maroc. Chronologie et rebondissements d'un scandale qui n'en finit pas de susciter la polémique.

Jamais un baiser n’a autant fait parler de lui, sous nos cieux en tout cas ! Celui-ci n’est ni fougueux, ni passionné, et encore moins scandaleux. C’est une photo innocente de deux ados s’embrassant sur la bouche, comme on en voit par centaines sur Facebook. Mais les lycéens de 14 et 15 ans sont de Nador, et ce cli-ché pourrait leur valoir, ainsi qu’à son auteur de 16 ans, d’être jetés en prison. Poursuivis pour “atteinte à la pudeur dans un lieu public”, ils encourent jusqu’à deux ans de réclusion, se-lon l’article 483 du Code pénal. C’est absurde, révoltant, mais tout à fait légal. Nos lois sont ainsi faites. Dans le plus beau pays du monde, un geste d’amour peut vous conduire en prison et les libertés individuelles ne sont toujours pas un acquis. Pareilles affaires sont des piqûres de rappel pour ceux et celles qui l’auraient oublié. 

#Freeboussa

Plus ironique encore, c’est une O.N.G. bapti-sée “Organisation unie des droits de l’homme et des libertés publiques” qui est derrière l’ar-restation des trois ados. Elle a eu la brillante idée d’adresser une lettre au procureur du roi, dans laquelle elle dénonce “l’incident”. Celui-ci ne se fait pas prier et ordonne, le 3 octobre dernier, l’arrestation des auteurs du “forfait” et leur placement dans un centre de redressement pour mineurs. Le scandale ne tarde pas à éclater, faisant le tour de la Toile, et bientôt du monde… L’affaire a en effet déclenché une vague de protestations massive sur les réseaux sociaux. Sous le hashtag #Freeboussa, des centaines d’internautes ont exprimé leur soutien aux trois adolescents en postant des photos sur Twitter. Facebook enregistre un élan similaire et voit même naître une page dédiée : “Solidarité avec les jeunes de Na-dor – Un baiser n’est pas un crime”. Plus de 14.000 fans l’ont déjà rejointe. La pression monte et, trois jours après leur arrestation, les trois ados sont finalement relâchés ; mais ils resteront tout de même poursuivis pour “attentat à la pudeur publique”. La première audience a eu lieu le 11 octobre dernier, et le procès est finalement reporté au 22 no-vembre prochain.

“Kiss-in” houleux

Depuis, les réactions se suivent et ne se ressemblent pas, prenant de plus en plus d’ampleur. Une pétition a ainsi été lancée sur le Web, exigeant l’abandon des pour-suites judiciaires. Freeboussa.wesign.it/fr a déjà rassemblé près de 3.000 signataires, toutes nationalités confondues. L’affaire du baiser de Nador est bel et bien lancée, et son écho a inexorablement franchi les frontières du Maroc. L’intérêt à l’international est à son pa-roxysme depuis l’organisation d’un “kiss-in”, le 12 octobre dernier, devant le siège du Parlement à Rabat. Une poignée de défenseurs des libertés individuelles ont eu l’audace de manifester leur solidarité en s’embrassant publiquement. Leur geste n’a pas manqué de créer la polémique et de diviser l’opinion publique. Sur place, le ras-semblement a fait l’objet d’un lynchage bru-tal, sous prétexte que le Maroc est un pays musulman. Traités de tous les noms, les “kisseurs” ont été la cible de gestes obscènes et même de violences physiques. Un jeune homme en particulier, Amine El Baroudi, connu pour son opposition au Mouvement du 20 février, a tenté d’interrompre le mee-ting en balançant un verre et une chaise en direction des manifestants, et en multipliant les insultes et les provocations à leur égard.

Derniers rebondissements

Ce même individu n’a pas hésité une se-conde à porter plainte contre trois des ma-nifestants : Ibtissame Lachgar, Soufyane Fares et Nizar Bennamate, militants du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles et du M20. Et il n’est pas le seul. Une seconde plainte a été adressée au procureur du roi auprès de la Cour de première instance de Rabat par Fayssal El Marsi, qui n’est autre que le président de l’Organisation unie des droits de l’homme et des libertés publiques. Celui-ci, après avoir déclenché les poursuites contre les trois ados de Nador, récidive en accusant les participants au “kiss-in” d’incitation à la débauche, atteinte à la pudeur publique, et enfreinte du Code pénal marocain. Ils sont également accusés d’avoir“ébranlé la foi d’un musulman” et “insulté l’institution lé-gislative marocaine”. A l’heure où ces lignes sont rédigées, aucune poursuite n’a encore été engagée contre les manifestants. Mais, loin de s’être tassée, la polémique du baiser de Nador n’en finit pas de rebondir. Le collectif international de pirates informatiques Anonymous, connu pour ses incursions dans les réseaux informatiques des gouvernements hostiles à la liberté d’expression, s’empare également de l’affaire. Le 18 octobre dernier, ses hackers ont décidé de lancer l’offensive en publiant un communiqué sensationnel, via Twitter, annonçant avoir piraté le serveur d’un ministère marocain en réaction au pro-cès intenté aux trois adolescents de Nador. Anonymous déclare ainsi vouloir “humilier le gouvernement marocain comme celui-ci a humilié ces jeunes en exposant leur vie privée”, et lance un ultimatum : “Continuez dans cette lancée, et nous allons faire sauter vos serveurs !” â—†

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