Sur scène avec son maître, celui qu’on qualifie volontiers de doux rêveur a fusionné avec la musique amazighe et a offert une merveilleuse expérience musicale à son public sur la scène de Timitar.Heureux d’être de retour au pays ? Je suis très ému d’être là et de pouvoir partager ma joie, mon amour pour lepays, la ville d’Agadir et surtout, pour cette belle culture qui raisonne dans mon âme et mon esprit. Tout petit, j’ai vécu à Inzguan, puis à Marrakech, et j’ai donc grandi dans ces codes qui me sont familiers.Vous avez joué sur scène avec le Raïs Ahmadou Massa. On ne vous savait pas aussi fan de musique amazighe… Quand j’écoute ou joue de la musique amazighe, mon âme danse et swingue. Je suis très sensible à ses résonances, au ribab,à ce groove si particulier et unique en son genre. Je porte cette musique en moi depuis bien avant ma naissance, et j’ai toujours voulu goûter à cela. Je suis alléseul à la rencontre d’Ahmadou Massa, et je ne l’ai pas quitté pendant deux jours durant lesquels nous avons répété sans relâche. Mes musiciens qui ne connaissaient pas la musique amazighe l’ont découvert sur scène et nous avons passé un moment extraordinaire. Nous avons échangé nos énergies et beaucoup d’amour. Ce soir-là, j’étais dans le creuset de cette culture, chez le Raïs Massa, dans son pays, chez lui… Dans les loges, après le concert, nous étions tous très émus tant cette expérience a été forte. Nous nous sommes promis de nous retrouver, et j’ai vu beaucoup d’yeux larmoyer. Quelles sont les valeurs qui animent votre musique ? L’amour de la musique, le fait de défendre cet art, de savourer la beauté du moment où nous sommes tous d’accord, d’être au service de la musique, de voir en l’autre musicien ce qu’il fait de bien et de beau… Le sujet de notre création, c’est ce qui nous entoure, les choses auxquelles nous sommes sensibles et qui nous font danser, vivre, oublier, nous sentir bien, libérer notre corps, notre esprit… Mes textes s’inspirent de choses qui me marquent profondément, comme dans ma chanson “Meskina”. J’aime le moment où le mot prend la place qui lui convient, sans qu’on ait besoin de l’étirer, de le forcer, et que tout naturellement ça groove, ça nous attrape et nous fait danser… Je suis aussi sensible au changement et au renouvellement à travers le travail. Je n’aime pas les formules qui fonctionnent et qui ne nous font pas prendre de risques. J’aime faire des expériences, aller vers la difficulté. C’est un réflexe que j’applique pour embellir mes journées, ma vie, et il s’avère que les gens aiment aussi ce renouvellement. Je n’ai pas beaucoup d’albums à mon actif, mais quand j’en fais un, Dieu merci, ça plaît (rires) ! Vous êtes l’un des ambassadeurs de la musique gnawa à travers le monde. ’après vous, y a-t-il une relève ?Tout le monde s’intéresse à cette musique et cette culture parle à tous. J’ai eu l’occasion de voir à l’oeuvre beaucoup de jeunes talents brillantissimes, et nombreux sont ceux qui s’engagent dans la diffusion de cet univers. Cette musique n’a de cesse d’interpeller les gens, de les envoûter. Elle date, je crois, du 10 ou 11ème siècle et si ça se trouve, elle remonte à bien avant cela avec les premiers tambours. Et malgré son ancienneté, elle conserve encore son mystère. Je n’arrive toujours pas à m’expliquer comment on peut être autant envoûté par cette musique… Qu’on soit marocain ou d’une autre nationalité, le tagnaouite exerce une force mystérieuse sur tout le monde. Ce que j’aimerais beaucoup, c’est qu’on ait un Michaël Jackson gnaoui qui cartonnerait dans le monde entier !