Au secours, mes enfants sont ingrats !

Les relations parents/ enfants ont connu ces dernières décennies un changement de registre. Finie l’autorité, la transmission, place au sentiment. Les résultats se font sentir. Les enfants choyés deviennent-ils (tous) des adultes ingrats ? Ébauche de réponse.

“Je les ai torchés et maintenant je torche leurs petits et jamais un remerciement!” témoigne, écœurée, Badia, 54 ans, jeune grand-mère.
“Quand les enfants viennent en visite prolongée chez nous, dans notre modeste villa de retraités que nous avons construite et décorée avec patience pendant de très longues années, ils prennent leur aise, ne bougent pas le petit doigt, veillent tard. Quand  je leur demande, à 10h  du soir, de libérer le coin séjour/cuisine pour que je puisse ranger avant d’aller au lit – la femme de ménage ne venant qu’à 9 heures, bien après cette pause sereine dédiée à mon café matinal que je prends à 7h – ils rouspètent, me demandent d’être moins psychorigide, me reprochent de casser l’ambiance, promettent de ranger après… ils m’ont fait le coup à plusieurs reprises, le matin, au réveil, il fallait que je range pendant au moins 20 mn avant de dégager de la place pour me préparer mon café, rituel incontournable qui me permet de démarrer la journée…” raconte, excédée, Layla, la soixantaine.
Des témoignages de cet acabit sur l’ingratitude des progénitures sont légion. Certains sont poignants comme ce souvenir d’une maman qui raconte la galère que fut l’organisation d’une visite à Paris en compagnie de ses enfants pendant ses congés annuels. Victime d’un malaise ayant nécessité son transport aux urgences, cette maman est interpellée, alors qu’elle était allongée très mal en point, sur le brancard des ambulanciers parisiens, par son aînée de 19 ans : “tu trouves toujours le moyen de nous pourrir la vie !”.
Quel parent a pensé un seul instant se faire traiter ainsi par la chair de sa chair devenue adulte ? Quel parent ose affirmer qu’il suffit de fixer des règles dès le jeune âge de ses rejetons pour esquiver cette tendance – semblant lourde – d’ingratitude ?
Puis, comment en est-on arrivés là ? Y a-t-il des réponses à cette slave de questions qui taraudent nombre de parents ?

Je t’aime mon enfant, moi non plus !

Le lien d’attachement parents/enfants n’est plus ce qu’il était. Si les parents s’extasient toujours devant leur tout petit, le trouvant le plus beau, le plus intelligent des bébés – astuce que dame Nature a trouvé pour perpétuer l’espèce, accourir dès que bébé pleure – une fois  accomplie la métamorphose du bébé en adolescent, souvent récalcitrant, préférant le face-à-face avec son Smartphone ou son Ipod, les parents se demandent quelle sorte de créature ont-ils engendrée ?
Sur cette nouvelle créature, sociologues, psychologues, anthropologues et autres pédagogues se penchent. En attendant, les parents se demandent ce qu’ils ont raté ?  “Nous avons constamment été à l’écoute de notre enfant, lui épargnant toutes sortes de pénibilités que nous avons dû gérer sans l’aide de nos parents”. Complainte parentale à laquelle les psychologues ripostent en …retournant le couteau dans la plaie ! “Nous recevons de jeunes adultes qui en veulent à leurs parents, leur adressant, métaphoriquement, le grief suivant : Vous ne m’avez pas dit la vérité sur la vie me jugeant trop stupide pour comprendre !”
Des enfants devenus adultes fragilisés se demandant pourquoi avec une enfance hyper choyée ils n’arrivent pas à surmonter les difficultés relationnelles, ne se relèvent pas des ruptures intimes ou professionnelles, tels des oisillons sans défense tombant du nid…

Ados boutonneux et ingrats !

Si certains parents souffrent de l’ingratitude de leur progéniture, c’est bien parce qu’ils nourrissent des attentes. Question : met-on les enfants au monde pour être remerciés en retour ? Réponse : non. On récolte ce que l’on a semé. Parmi les coachs qui promeuvent les vertus de faire les choses pour soi sans rien attendre en retour, on compte un bon nombre de parents ! Il faudra probablement suivre le conseil de cette grand-maman lucide qui annonce, ironique, une règle de conduite : “Il faut donc savourer les moments passés avec les enfants et petits-enfants, en gros entre 0 et 10 ans, et faire le dos rond quand enfants et petits-enfants deviennent ados boutonneux et ingrats !”

Nous avons choisi d’avoir des enfants. Il faut accepter de les laisser partir à leur tour vers de nouveaux horizons sans qu’ils se sentent obligés et redevables envers nous. La société a changé. On ne peut imposer à nos enfants de vivre à l’heure de nos parents ! On ne leur a pas transmis le bagage légué par nos parents qui ont opté pour l’autorité quitte à être détestés ! Soyons honnêtes : combien d’entre nous, – quinqua et sexa – rendons visite à nos parents par devoir et non par amour ?
Il faut accepter que nos enfants ne soient plus nos uniques sources de satisfaction. Certes, nous les aimerons toujours, mais il ne nous appartient pas de revendiquer la réciproque. 

Éclairage de Aicha V. Benchikh, Directrice pédagogique à la retraite.

L’ingratitude d’un enfant, mineur ou adulte, affecte douloureusement son entourage, les parents d’abord mais également professeurs et formateurs. Aimer les vieux est contre-nature. Ce qui est vieux est destiné à disparaître. C’est la loi naturelle. C’est la raison pour laquelle toutes les traditions et religions insistent sur l’amour à témoigner aux parents. Elles n’ont pas besoin d’insister sur l’amour des parents envers les enfants. La nature l’a inscrit dans les gènes pour sauvegarder l’espèce. Le bébé humain, contrairement à d’autres espèces animales, arrive démuni et dépend complètement de ses parents pour sa subsistance : ils doivent protéger l’enfant dans un cocon pendant de longs mois. Certains le font au-delà du nécessaire et “font le ventre” au détriment des relations futures…

Les parents ne sont pas les seuls à bord. Certains sont quasi irréprochables, imposant des règles de conduite implacables à la maison, respectant des  valeurs  d’empathie et de fraternité… mais leurs efforts se brisent contre le ressac d’une société désacralisée où l’on peut lire ce genre de pub vantant un produit  High Tech : “Voilà de quoi oublier le magnifique pull que mamie vous aura tricotée cette année !” 

Le discours ambiant met l’enfant au centre de tout : c’est l’ère de l’enfant-roi. On explique aux enfants qu’ils doivent étudier pour eux et non pour faire plaisir aux parents. Un déficit de pédagogie distille le message suivant : “l’enfant ne doit rien aux parents, tout lui est dû.

Heureusement tous les enfants ne sont pas ingrats ! Nombre d’enfants adultes sont soumis à un environnement pesant : travail stressant, haute compétitivité, trajet pénible pour se rendre au boulot, pas d’aide ménagère constante, autant de facteurs que notre génération n’a pas connus et qui laissent peu de marge aux enfants adultes pour accueillir un parent proche. En banalisant une éducation basée sur le sentiment, sur l’immédiateté, sur l’absence de l’autorité clairement exprimée ; l’altruisme et l’empathie passent à la trappe ! Notre société est en train de fabriquer des troupes d’ingrats qui dénigrent la reconnaissance et la bienveillance envers les plus faibles dont les proches âgés. L’ingratitude de la progéniture peut être appréhendée comme l’expression d’un fatal retour du bâton !

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