Amal El Atrache : Libre comme l’art !

Avec Amal el Atrache, on n’est pas au bout de ses surprises. La comédienne populaire arrive souvent par la fenêtre quand on l’attend à la porte. Délaissant provisoirement télévision, théâtre et cinéma, elle vient de signer sa première exposition magistrale de peintre plasticienne. Audacieuse et aboutie comme ses interprétations de personnages. Notre pasionaria ajoute une nouvelle corde à son arc bousculant, volontiers, les frontières convenues de l’art...

Dans son nouvel antre Art déco, de Casablanca : “L’APART”, à mi-chemin entre la galerie d’art et la résidence d’artistes, Amal el Atrache se meut comme un poisson dans l’eau. Au milieu de ses tableaux, croquis de voyage, dessins, photographies, on croirait qu’elle a fait cela toute sa vie. “Mais c’est le cas, annonce-t-elle, dans un grand éclat de rire. Le microcosme artistique et le grand public semblent découvrir cette nouvelle facette de mon travail, alors que je ne fais que revenir sur les traces de mes premières amours : la peinture.” Ce violon d’Ingres existait, bel et bien, avant sa première incursion sur les planches, au théâtre, à l’âge de dix-huit ans. Il n’y a donc aucune reconversion artistique dans l’air, mais un simple retour aux sources.

Oui, mais pourquoi le déclic, là, maintenant ? “Parce que c’est le bon moment, tout simplement. Je marche à l’instinct, et lorsque l’idée ou le ressenti me le dicte, je passe à l’action.” Maniant pinceaux et crayons, Amal joue avec son imaginaire, crée ses propres personnages, s’inspire de la proximité du quotidien, en lui donnant de la couleur. Ce faisant, elle prend quelque distance avec le cinéma et le théâtre plus cadrés, où elle est, habituellement, sous la houlette du metteur en scène. Une expérience inédite, de l’autre côté du miroir pour l’actrice conviée, d’ordinaire, à endosser un rôle attribué. “C’est un continuum de mon expression artistique qui se nourrit de tous les apports de mon parcours. J’aime, avant tout, me surprendre moi-même, avant de surprendre les autres ! Tout est vases communicants, et mon expérience du septième art et du théâtre m’a aussi offert l’occasion de mieux mettre en scène mes œuvres dans le domaine de la peinture ou de la photo.” Alors, peintre, un nouveau virage pris dans sa trajectoire ? Que nenni ! Dans la foulée du vernissage à Casablanca, l’infatigable trotteuse est repartie en tournage, pour la future série télévisée de Brahim Chkiri,  prévue pour Ramadan prochain sur 2M. Une preuve de plus qu’il ne faut pas chercher à lui accoler une étiquette quelconque. “C’est définitivement l’affaire des autres de me ranger dans telle ou telle case, et certainement pas la mienne.”

Au commencement de la célébrité était…

… Un personnage de “bonne” ingénue et espiègle qui a conquis le cœur du public marocain dans la sitcom de 2M : Lalla Fatéma. Et si Amal el Atrache garde beaucoup de tendresse pour ce rôle qui l’a révélé, elle avoue avoir eu beaucoup de peine à en sortir, dans le regard des professionnels du milieu. Le registre comique lui collait littéralement à la peau. Mais pour elle qui a d’abord effectué des débuts au théâtre remarqués, en 1997,  avec son premier professeur de théâtre Mohamed el Hor, dans “Au-delà du mur”, puis s’est faite dirigée par Tayeb Seddiki dans deux de ses pièces, il était hors de question de se laisser enfermer dans une quelconque zone de confort artistique: “après le succès de Lalla Fatéma, j’ai géré ma carrière toute seule, en essayant de me préserver du mieux que j’ai pu, sélectionnant, au feeling, les propositions qui me correspondaient.” Et il faut croire que la donne lui a plutôt bien réussi, puisque, pendant toutes ces années, elle a enchaîné les téléfilms (Une heure en enfer, Oqba lik, Al Makina, Nayda fi douar, Sir hta ji…), les pièces de théâtre (Bassou, L’île aux esclaves, Histoire d’amour…), les longs métrages au cinéma (Juanita, Boollywood dream, Ali Baba et les quarante voleurs, La source des femmes, Dallas, pour lequel elle a eu le prix du premier rôle féminin au festival national de Tanger, en 2015, La Vache…). Du film “la Source des femmes”, subsistera, d’ailleurs, une belle amitié avec la charismatique actrice algérienne Biyouna, dont elle partage le sens de l’humour et la générosité.

Au fil du temps, son parterre de fans grandit à vue d’œil, et elle ne ménage pas ses efforts pour les surprendre. On se souvient tous de sa sortie, en mariée exubérante et fantasque, dans les rues de Tanger, à la rencontre du public, après une performance tragi-comique, dans un festival dédié au patrimoine architectural de la ville. Du “Amal el Atrache” spontané et authentique. Soucieuse de toujours garder cette image de grande fille simple qui n’a pas pris la grosse tête : “je déteste jouer à la star inaccessible. Sans son public, un acteur n’est rien, et j’aime donc, par-dessus tout, l’étonner, l’émouvoir, et échanger avec les gens que je croise dans la vraie vie.”

Connectée au réel

Ne comptez pas, alors, sur notre actrice fétiche pour exposer ses aventures du quotidien ou faire le buzz, sur les réseaux sociaux: “certes, il est devenu plus facile pour un artiste d’avoir de la visibilité grâce à Facebook, Instagram, etc., mais visibilité ne doit pas signifier remplissage à tout prix du vide. Lorsqu’on n’a rien à montrer, à présenter ou à dire, on s’abstient.” Elle préfère utiliser internet, qu’elle perçoit à double tranchant, pour communiquer sur son actualité de comédienne ou présenter ses dessins du jour sur Instagram. Et toc ! Farouchement, Amal el Atrache défend son territoire privé. D’ailleurs, elle finit par consentir, du bout des lèvres, à nous parler de son vécu de maman d’un garçon et d’une fille: “au niveau logistique, je n’ai aucun problème à concilier vie de famille et carrière artistique. Ce n’est pas plus difficile  que pour une autre femme active ! Je dirai même qu’une actrice a la chance de disposer de plus de temps, entre les tournages.”

Actrice connue et reconnue, Amal n’entend, pourtant, pas user de sa notoriété pour s’engager dans des causes trop médiatiques : “Je n’ai pas envie de me proclamer féministe, par exemple ; je suis davantage pour la cause de l’Humain avec un grand H ; et avant d’aller en informer le monde entier, je commence par aider ceux qui en ont besoin, autour de moi, au quotidien.” Malgré tout, s’il est bien une entreprise qui lui tient à cœur, c’est celle de la promotion de l’art, de la culture et du patrimoine au Maroc. Une cause énorme et fédératrice qui peut réunir les gens et les sensibiliser à l’essentiel et au beau, selon elle. Elle nous livre pêle-mêle ses coups de gueule: “il y a pas mal de choses qui me font bondir : des immeubles magnifiques de mon quartier (ndlr : Mers Sultan à Casablanca), qui font partie du patrimoine et tombent en ruines ; l’art, en général, qui semble réservé à une minorité ; la profession qui n’est pas assez réglementée et organisée, avec l’absence d’agents et d’une législation bien ficelée pour défendre les droits des artistes…” Mais, embûches ou pas, ce n’est pas ce qui va freiner son désir débordant de création : “J’ai encore des projets plein la tête et je ne me mets pas de limites”. On la croit sans peine. Et le vent (de l’art) emportera Amal el Atrache… 

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