L’OMS (Organisation mondiale de la santé) et le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV) définissent le vaginisme comme étant “une contraction involontaire, répétée, persistante, des muscles périnéaux qui entourent le tiers externe du vagin en cas de tentative de pénétration par le pénis, doigt, tampon ou spéculum.” Cette réaction réflexe se produit lorsque les muscles du plancher pelvien se contractent de manière involontaire, entraînant une douleur intense et une anxiété liée à l’activité sexuelle. “Le vaginisme est une cause fréquente de non consommation du mariage. C’est une contraction musculaire péri-vaginale involontaire qui empêche la femme d’avoir des rapports sexuels avec son partenaire”, explique Pr. Kamal Raddaoui, psychiatre, psychothérapeute et sexothérapeute. “Les organes génitaux sont normaux et ne présentent aucune pathologie, mais lors de chaque intrusion du pénis dans l’orifice vaginal, celui-ci se rétracte involontairement et entraine de vives douleurs difficilement tenables. L’acte sexuel devient irréalisable, les cuisses se ferment et les muscles du vagin se contractent”, poursuit le spécialiste. Le médecin distingue deux types de vaginisme : Le vaginisme primaire ou phobique qui se caractérise par la peur de la douleur et se manifeste dès le début de la vie sexuelle, empêchant toute pénétration vaginale, et le vaginisme secondaire souvent lié à un traumatisme. L’origine de cette douleur peut être d’ordre organique après un accouchement compliqué, une infection vaginale (mycose, cystite, herpès, MST…) ou être d’ordre psychologique. “Dans le cas d’un vaginisme secondaire, une dyspareunie (douleur plus ou moins intense lors des rapports) est souvent à l’origine du problème. La peur de souffrir conduit le corps à se défendre contre la douleur et à se protéger en contractant les muscles”, ajoute le sexologue. La dyspareunie peut être orificielle à l’entrée du vagin ou profonde après pénétration détaille Dr. Ghali Lebbar, gynécologue, “les dyspareunies orificielles commencent avec le début du coït et cessent avec lui. Les douleurs sont de type de brûlures ou de déchirement et s’accompagnent souvent de démangeaisons et de rougeur de la vulve. Cette affection survient souvent après une infection vulvo-vaginale d’origine microbienne ou parasitaire, d’une bartholinite, des suites d’un accouchement avec épisiotomie ou d’une atrophie vulvo-vaginale de la ménopause ou d’une affection dermatologique (lichen). Les dyspareunies profondes sont plus sévères et ont d’autres causes. Il peut s’agir d’une infection des trompes et des ovaires (salpingites, ovarites) ou des séquelles adhérentielles d’interventions chirurgicales sur le pelvis. D’autres pathologies gynécologiques comme l’endométriose, les varices pelviennes, la rétroversion utérine ou les fibromes utérins sont incriminés. Les douleurs sont profondes dans le fond du vagin, de type de spasmes ou de crampes et perdurent après le coït.”
Le vaginisme, ça se soigne
Il est important de noter que le vaginisme n’est pas simplement une question de douleur physique, mais qu’il peut également être lié à des facteurs émotionnels et psychologiques. Les causes du vaginisme varient d’une femme à l’autre. Un traumatisme sexuel non traité, tel qu’un abus sexuel ou un examen gynécologique douloureux peut déclencher ce trouble. Souvent, il se manifeste chez des femmes anxieuses et craintives et sont parfois liées à une éducation stricte durant l’enfance. Toutefois, ce qui est certain, c’est que le vaginisme n’est pas une fatalité, quelle que soit sa durée, et peut être soigné avec succès. “Le traitement est facile quand on connaît la cause de la dyspareunie. Parfois, cette affection évolue vers la chronicité et il y a lieu, en dehors du traitement médical, de s’adresser à un psychologue voire un psychiatre pour résoudre le problème psychoaffectif de la maladie”, souligne le gynécologue.
La prise en charge du vaginisme est pluridisciplinaire et se fait sur le long terme. Elle comprend généralement une consultation médicale afin d’évaluer les causes physiques du trouble, une sexothérapie pour traiter les peurs et les anxiétés liées à la sexualité et des exercices de relaxation et de respiration pour aider à réduire la tension musculaire. Un travail physique personnel, le plus souvent accompagné par un kinésithérapeute, est également préconisé. “La sexothérapie peut traiter l’ensemble des troubles sexuels dont la cause n’est pas organique. Des études ont démontré un taux d’efficacité des sexothérapies de 70 % dans les troubles sexuels”, assure Pr. Raddaoui qui invite les couples qui souffrent de troubles sexuels à ne pas hésiter à consulter, car, dit-il “les solutions existent et les thérapeutes aussi. Ce qui manque, c’est l’information et la possibilité de lever le voile sur une souffrance silencieuse au moment où les thérapies se développent et offrent des opportunités énormes de guérir et d’améliorer son bien-être”. D’où la nécessité de lever l’inhibition et de combattre les tabous. “Briser le mur du silence entretenu par la honte libère et permet le plus souvent l’initiation d’une prise en charge adéquate et positive”, souligne-t-il.
Le vaginisme est un trouble complexe qui nécessite une approche compréhensive et empathique. Il est essentiel que les femmes qui en souffrent se sentent soutenues et comprises. “Le traitement est très efficace et en l’espace de quelques semaines, tout s’arrangera. Ne laissez pas trainer ce problème, la peur pourrait augmenter et dans tous les cas, c’est rarissime où cela s’arrange tout seul”, conseille le sexologue, car avec le bon traitement et le soutien adéquat, il est possible de surmonter le vaginisme et de retrouver une vie sexuelle épanouie.