Sea, sex and sun” chantait Gainsbourg… Quand les journées s’étirent, que la peau se libère des couches hivernales et que les températures montent, la libido grimpe aussi ! Si l’on parle souvent de la “magie de l’été” pour évoquer les amours naissantes ou les aventures éphémères, ce regain d’appétit sexuel ne relève pas seulement du cliché romantique ou du récit estival un peu éculé. Il a des fondements aussi bien physiologiques que psychologiques, comme nous l’explique Bernard Corbel, psychologue et sexologue.
Une question d’hormones
L’atmosphère estivale est, en effet, des plus propices pour les moments coquins. “S’il est une période de l’année où l’influence de l’astre rayonnant est manifeste, c’est bien l’été. Il suffit de regarder autour de soi : les gens sortent davantage, s’exposent au soleil, troquent les manteaux pour des vêtements légers… Tout cela crée un climat propice à l’éveil du désir”, observe Bernard Corbel. La lumière a un effet direct sur notre humeur et nos pulsions. Elle stimule la sécrétion de certaines hormones comme la dopamine, l’endorphine ou encore la sérotonine — autant d’éléments biochimiques liés à la sensation de bien-être et d’attirance. Mais ce n’est pas tout. Comme l’explique Bernard Corbel, “ce que l’on voit est de nature à pousser vers l’amour. Le désir sexuel commence souvent par le regard. Or, en été, les corps se dévoilent, les silhouettes se font visibles, et cela participe à raviver la libido, tout simplement parce qu’on est stimulé visuellement.”
La science, de son côté, confirme ce lien entre soleil et excitation sexuelle. Certaines recherches ont démontré que l’exposition aux rayons UVB influence directement le système endocrinien sexuel. En clair : les hormones du désir, qu’il s’agisse de la testostérone ou des œstrogènes, connaissent une hausse sensible en période estivale — à condition que la peau soit bien exposée. “Il ne suffit pas de sortir, encore faut-il s’offrir de vrais bains de soleil. Ce sont eux qui favorisent cette réponse hormonale. En été, hommes et femmes peuvent ressentir une intensification de leur désir, liée autant à leur environnement extérieur qu’à leurs mécanismes internes”, précise-t-il.
Farniente rime avec caliente
Mais l’activation de la libido ne repose pas uniquement sur la biologie. L’été s’accompagne souvent d’une forme de lâcher-prise psychologique. La routine est cassée, les horaires deviennent plus souples, les sorties se multiplient. On prend davantage de temps pour soi, pour s’amuser, pour ressentir. La pression quotidienne diminue, et cela se ressent dans la manière d’aborder la relation à l’autre. “En été, les fenêtres restent ouvertes, les gens s’attardent dans la rue, il y a plus de vie, plus de mouvement. On est moins stressé par les contraintes habituelles. Cette détente favorise les interactions humaines, les occasions de rencontres, les moments d’intimité. Et tout cela crée un terrain fertile à l’éveil du désir”, note Bernard Corbel.
Cette atmosphère plus permissive, presque insouciante, encourage certains à se laisser aller à des désirs qu’ils n’osent pas forcément exprimer ou vivre durant l’année. “L’été peut jouer un rôle de révélateur. Certaines personnes, en manque de liberté ou de stimulation émotionnelle le reste du temps, profitent de cette période pour assouvir des fantasmes ou explorer des territoires nouveaux dans leur sexualité”, explique-t-il. Il alerte toutefois sur le fait que ce lâcher-prise n’est pas toujours équilibré. “Il y a ceux qui ont simplement plus de pulsions, et ceux qui ne savent pas les contenir. Comme pour d’autres émotions, certaines personnes peuvent tomber dans des excès, voire des comportements compulsifs. Le tout est d’apprendre à être porté par ses pulsions, mais sans se laisser emporter par elles.”
Respecter ses envies
À l’inverse, cette injonction estivale à “profiter”, à “vivre à fond”, peut aussi devenir pesante. Quand on ne ressent pas ce fameux “réveil du désir”, ou qu’on se sent à contre-courant, la culpabilité peut s’installer. Selon Bernard Corbel, “ce n’est pas parce qu’une envie est forte qu’elle est bonne à satisfaire. L’art de vivre, c’est aussi savoir gérer ses désirs avec maturité. Les injonctions à profiter de l’été peuvent devenir toxiques si elles poussent certains à franchir des barrières intérieures, dans une logique de consommation plutôt que de développement personnel.”
Chez les couples, cette période offre une belle occasion de réenchanter la relation, à condition de le vouloir. “Je conseille de privilégier des moments à deux, dans des lieux propices à la sensualité. Hôtels de charme, auberges, escapades… Des endroits où les sens sont sollicités par les couleurs, les odeurs, la douceur de vivre. Là, on peut se redécouvrir, jouer, s’inventer des scénarios, lire ensemble des textes érotiques, apprendre l’art du massage, des baisers, des caresses. L’été peut être un moment sacré pour raviver l’intimité.”
Et pour les célibataires ? L’été peut être vécu comme un défi. Entre les couples qui s’affichent et les récits de romances estivales, la solitude peut peser plus lourd. Bernard Corbel recommande de ne pas rester isolé. “Il faut absolument bouger, sortir, aller à la rencontre des autres. Participer à des fêtes, à des balades nocturnes, à des événements où les interactions sont facilitées. Les bains de foule font parfois autant de bien que les bains de soleil. Danser, rire, flirter, même sans lendemain, peut nourrir l’estime de soi et redonner du souffle à la vie affective.”
Finalement, si l’été est bien une saison où la libido peut s’enflammer, il ne s’agit pas d’un passage obligé. Il peut être un accélérateur de désir, mais aussi un révélateur de nos besoins profonds, de nos limites, et de notre manière d’aimer. La clé reste toujours la même: écouter son corps, respecter ses envies, et vivre ses désirs en accord avec soi.