J’ai travaillé dès l’obtention de mon master. Je n’avais même pas profité de vacances bien méritées après une année intense de préparation de mes examens et de mon mémoire de fin d’études. J’avais trouvé le job de mes rêves dans une banque, et j’ai rapidement gravi les échelons. Ma carrière était prometteuse. J’aimais croire que le travail remplissait ma vie, mais ce rythme infernal que je menais (cumul des heures supplémentaires, dossiers à gérer, réunions interminables) me conduisait inexorablement au burn out. Au fond de moi, je ressentais un vide constant, une insatisfaction que je n’arrivais pas à combler. Un matin, après une énième nuit blanche passée à analyser des chiffres et à boucler des dossiers, j’ai décidé qu’il était temps pour moi de faire une pause. J’ai pris un congé sans solde de six mois, le temps de me reposer, de quitter le train-train quotidien que je m’imposais depuis une décennie. Après plusieurs hésitations et quelques renseignements grappillés sur les forums de voyageuses en solo, mon choix se porta finalement vers un pays d’Asie du sud Est. J’ai réservé un billet aller-retour pour Bali, pensant que quelques semaines sous le soleil tropical m’aideraient à me ressourcer. J’étais en réalité à mille lieues de penser que ce voyage allait changer complètement le cours de ma vie.
La quête de soi
Dès que j’ai posé les pieds à Bali, quelque chose a changé en moi. L’air était différent, plus léger. Les sourires des Balinais étaient sincères et contagieux. J’ai ressenti une paix intérieure presque immédiate. J’ai commencé mon séjour à Ubud, une ville connue pour son atmosphère artistique et spirituelle. Je passais mes journées à explorer les rizières en terrasses, à méditer dans les temples et à rencontrer des gens extraordinaires venus du monde entier. La première semaine, j’ai participé à un cours de yoga. Ce fut une révélation. « Le yoga m’a aidée à me recentrer, à écouter mon corps et à apaiser mon esprit, » me disais-je souvent. Je me suis inscrite à un stage intensif de yoga, et au fil des jours, j’ai senti une transformation profonde en moi. J’apprenais à vivre le moment présent, à savourer chaque instant. Je n’avais jamais voyagé seule, je ne connaissais rien de ce pays et pourtant, j’avais l’impression d’y être chez moi. Plus les semaines passaient et plus je n’avais plus envie de rentrer à Casablanca. L’idée de retrouver mon bureau, les réunions interminables et le stress me sont devenus insupportables. Un jour, en discutant avec une amie rencontrée au cours de yoga, j’ai réalisé que je pouvais transformer cette pause en un nouveau départ. J’ai décidé de sauter le pas et d’envoyer ma démission à mon boss. J’ai suivi alors une formation pour devenir professeur de yoga. C’était un défi, mais aussi une incroyable opportunité. J’ai commencé à donner des cours sur les plages de Bali, partageant avec mes élèves cette paix et cette sérénité que j’avais trouvées. Très vite, j’ai compris que j’avais trouvé ma vocation. Malgré mon attachement grandissant pour Bali, je ne pouvais tourner complètement le dos à mes racines marocaines. Le Maroc est mon foyer. Ma famille et mes amis y vivent. Mais Bali restera toujours mon sanctuaire. Forte de cette double appartenance, je pris une décision qui allait marquer un tournant dans ma vie : rentrer au Maroc pour ouvrir un centre de yoga.
Un changement radical
De retour à Casablanca, je mis en œuvre mon projet avec détermination. J’entrepris d’ouvrir un centre de yoga, un lieu paisible dédié à la méditation et au bien-être. Je voulais offrir à mes amis, aux amis de mes amis et aux Marocains ce que Bali m’avait offert : un espace pour se reconnecter à soi-même et trouver la paix intérieure. Le bouche-à-oreille a fonctionné à merveille et le centre est rapidement devenu un lieu de rencontres pour ceux et celles en quête de sérénité, et qui aspirent à une paix intérieure.
Bali restera à jamais mon pays de cœur. J’y retourne autant que possible pour me ressourcer et me reconnecter. J’organise régulièrement des retraites de yoga à Bali, sélectionnant avec soin quelques initiés pour les accompagner dans cette expérience transformative. C’est une façon de partager avec eux la magie de Bali, de leur montrer comment cette île peut changer leur vie comme elle a changé la mienne. Aujourd’hui, je peux dire que je suis une femme épanouie, partageant mon temps entre Casablanca et Bali. Mon centre de yoga à Casablanca est un havre de paix au cœur de la ville. Voir les sourires et la tranquillité sur les visages de mes élèves est ma plus grande récompense. J’espère que mon parcours est une source d’inspiration pour beaucoup, la preuve qu’il est possible de changer de vie et de trouver son véritable chemin. Il n’est jamais trop tard pour suivre ses rêves. La vie est une aventure magnifique, et parfois, il faut juste avoir le courage de faire le grand saut. La paix et le bonheur sont à portée de main. Il suffit d’écouter son cœur et de suivre la voie qui nous appelle.
