Au-delà du conte de fées et des cérémonies fastueuses, le mariage est avant tout un engagement qui mérite réflexion, dialogue et un brin d’organisation. “Se marier, au fond, c’est tisser ensemble deux histoires de vie. Pour que ce nouveau récit soit harmonieux, il est essentiel de partager nos convictions profondes. Parler de nos valeurs, de ce qui compte vraiment pour chacun, et de notre vision commune de l’avenir, c’est un peu comme dessiner ensemble les plans de notre maison à deux, en s’assurant que les fondations sont solides et partagées”, explique Maha Abdoun, sociologue et coach personnelle et professionnelle.
Avant de s’engager officiellement, il est essentiel d’aborder certaines questions de fond, souligne Asmâa Magani, thérapeute conjugale et familiale. Selon la spécialiste, également formatrice certifiée en discipline positive pour parents et couples, une communication sincère et sans tabou est fondamentale. “C’est la base d’une relation saine. Il faut être capable de parler de tout : sexualité, religion, valeurs personnelles… Aucun sujet ne doit être évité, car c’est dans la transparence que se construit la confiance”, relève-t-elle.
Construire un équilibre au quotidien
Qui fait quoi ? Qui s’occupe de quoi à la maison ? L’organisation de la vie quotidienne est souvent source d’incompréhensions, d’où la nécessité d’établir une répartition claire qui convient aux deux partenaires. Pour Maha Abdoun, cette question ne doit pas être abordée à la légère. “Commencez par envisager votre couple comme une équipe où chaque membre apporte ses compétences. Discuter de la gestion du foyer permet de mettre en lumière les attentes de chacun et d’identifier les domaines où une répartition équitable est souhaitable. La contribution de chaque partenaire à la vie domestique doit être valorisée”, explique-t-elle. “Une répartition basée sur l’affinité tend à être plus pérenne… Mettre en place, au moins au début, une forme de “contrat” tacite ou explicite des rôles peut aider à clarifier les attentes”, détaille-t-elle. La sociologue souligne par ailleurs l’importance de reconnaître que cette organisation n’est pas figée et devra évoluer avec le temps et les circonstances.
Dans la même lignée, Asmâa Magani insiste sur l’importance d’en parler très tôt. “La répartition des rôles dans un couple doit être abordée dès le début, avant que les malentendus ou les frustrations ne s’installent”, affirme-t-elle. Mais au-delà de ces premières conversations, Asmâa Magani rappelle qu’un couple fonctionne dans la souplesse et l’adaptation. “On a tous nos forces et nos faiblesses, et l’idée, c’est de se compléter, pas de tout partager à 50-50. Si l’un est meilleur pour gérer les finances et que l’autre préfère s’occuper d’autres tâches, pourquoi ne pas répartir en fonction de ça ?”, soulève-t-elle. La clé, selon Asmâa Magani, réside dans une dynamique vivante et bienveillante. “Il faut revisiter régulièrement cette répartition. La vie change, nos emplois, nos responsabilités aussi. Ce qui fonctionne aujourd’hui ne sera pas forcément adapté demain”, note-t-elle.
Gestion des liens familiaux
L’aspect financier mérite également une discussion sérieuse. Le couple souhaite-t-il gérer ses revenus en commun ou séparément ? Qui gère le budget, les dépenses courantes, les économies ? Ce sont des points sensibles qui, mal abordés, peuvent créer des tensions. Selon Maha Abdoun, aborder la question de l’argent dans un couple est nécessaire pour bâtir une relation saine et égalitaire. “La transparence financière est un pilier de l’autonomie et de l’égalité. Il faut choisir un moment paisible, loin des tensions quotidiennes, et expliquer que cette démarche vise à construire un avenir commun solide, débarrassé des non-dits”, analyse-t-elle. Dans la même veine, Asmâa Magani relève qu’il ne s’agit pas seulement d’un sujet pratique, mais d’un enjeu émotionnel et relationnel. “L’argent, c’est un sujet qui peut facilement devenir un problème si on ne l’aborde pas dès le début, avec honnêteté et maturité”, souligne-t-elle.
Le poids des remarques
La pression sociale et familiale peut fragiliser un couple, surtout dans les premières années. Entre les attentes de la belle-famille, les conseils des proches, souvent non sollicités, et les normes culturelles parfois contraignantes, il est essentiel d’établir un périmètre protecteur autour du couple. “Quand on commence une vie à deux, on a besoin de dessiner les contours de son propre espace. Ce n’est pas une question de tourner le dos à ceux qu’on aime, mais plutôt de trouver son propre rythme et son équilibre en tant que couple”, explique Maha Abdoun. Selon la sociologue, cette construction de l’espace conjugal commence par une discussion sincère entre partenaires. Il s’agit d’exprimer ses besoins, ses limites, ses priorités. “Se dire ce qui est important pour nous, ce dont on a besoin dans notre cocon, c’est la première étape pour construire des fondations solides”, poursuit-elle. Une fois cette communication établie, vient le moment d’en parler aux familles, avec tact. “C’est un peu comme expliquer avec douceur qu’on grandit, qu’on a besoin de notre autonomie pour faire nos propres choix, tout en gardant un lien fort avec nos racines”.
Du même avis, Asmâa Magani insiste sur la nécessité d’être clairs dès le départ. Pour la thérapeute, la relation avec la famille, bien que précieuse, peut devenir un défi. “L’essentiel est de trouver un équilibre entre respect des parents et protection de l’intimité du couple”, affirme-t-elle. Là encore, tout commence par la communication au sein du couple. “Il faut qu’on soit clairs et alignés sur nos attentes respectives vis-à-vis de nos familles. Une fois qu’on est sur la même longueur d’onde, on peut ensemble poser des limites, de manière ferme et bienveillante”, insiste-t-elle. Asmâa Magani préconise un dialogue empreint de respect pour éviter les tensions.
Les deux expertes soulignent également la nécessité d’aborder certains sujets comme l’éducation des enfants, la notion de respect et les limites à ne pas franchir, la gestion des désaccords ou encore les pratiques religieuses et la spiritualité. Elles insistent sur le fait que ces discussions doivent être menées avec le cœur ouvert, dans un esprit d’écoute sincère et avec une véritable curiosité pour l’autre.