« Fin 2021, nous avons reçu sur les réseaux sociaux de multiples messages de victimes d’harcèlements sexuels dont plusieurs à l’université d’Oujda, contextualise Narjis Benazzou. Nous avons alors décidé de nous transformer en lanceur d’alerte. Le scandale « sexe contre bonnes notes » a ainsi éclaboussé. Mais nous ne voulions pas nous arrêter là car le harcèlement sexuel dans les établissements scolaires est un fléau. » Et d’appuyer : « D’après une enquête du HCP datant de 2019, une femme sur cinq a subi une violence dans un lieu d’étude. » Face à ce constat alarmant, le collectif 490 a lancé une cellule d’écoute et d’accompagnement des victimes d’harcèlement sexuel, composée notamment de psychologues bénévoles. De mars à septembre 2023, 33 cas d’harcèlement accompagnés ou non de violence, ont été recensés. « 16 ont pu bénéficier de suivi psychologique sous forme de séances d’écoute individuelles, et 3 d’assistance juridique pour porter plainte avec l’aboutissement de deux poursuites judiciaires », précise Narjis Benazzou, ajoutant que le collectif 490 a souhaité, une nouvelle fois, aller plus long dans son combat, d’où la publication dudit guide.
Ce guide se présente sous forme de BD dont les dessins sont signés Zainab Fasiki. C’est un outil destiné à sensibiliser, à prévenir et à lutter contre ce phénomène, en donnant notamment des conseils juridiques et des réponses pratiques aux étudiant(e)s victimes et/ou témoins. « Le silence autour du harcèlement sexuel s’explique par plusieurs raisons, indique le collectif 490. Les victimes craignent d’être stigmatisées et considérées comme responsables parce que “provocantes” par leur habillement ou leur attitude ». Et d’appuyer : « Les victimes ignorent leurs droits et ne savent pas à qui s’adresser pour se plaindre ou comment utiliser les procédures, elles doutent de l’efficacité de porter plainte, craignent les difficultés de preuves et les représailles. »
Le guide de lutte contre le harcèlement sexuel a été élaboré en partenariat avec l’association marocaine de lutte contre la violence à l’égard des femmes (AMVEF) et avec le soutien du Fonds Canadien des Initiatives Locales (FCIL). Il sera prochainement posté sur les réseaux sociaux du Collectif 490.