À L’Atelier 21, Nabil El Makhloufi signe avec « Résonances » une expo vibrante où mémoire, exil et identité se croisent. Ses toiles, à mi-chemin entre rêve et réalité, nous interpelle, nous émeut. « L’art avec lequel Nabil El Makhloufi saisit des situations ordinaires, les détourne et en révèle la dimension existentielle, apparaît notamment dans l’un de ses motifs centraux : la foule. Ces foules sont une vision familière et quotidienne au Maroc, décrit la philosophe et critique d’art Franziska Weiler dans le texte du catalogue d’exposition. Mais Nabil El Makhloufi en saisit toutefois la dynamique singulière, issue de cette recherche incessante d’une position, d’une perspective. Il met en lumière le mouvement entre attente, fusion et séparation, entre rapprochement et éloignement, entre socialisation et solitude. L’homme comme éternel chercheur, qui ne trouve jamais vraiment ce qu’il cherche – et qui ignore lui-même ce que cela pourrait être. »
Et de poursuivre : « L’artiste révèle cette portée existentielle en déplaçant la foule dans le non-lieu de surfaces colorées amorphes, la soustrayant à tout contexte. Il l’immerge dans une chromatique qui instaure une impression de silence – un silence irréel, subtilement inquiétant, car il contredit notre expérience habituelle de telles foules. De cet état suspendu, fragmentaire, s’ouvre un espace d’allusions et de réflexions qui nous inclut en tant que spectateurs : nous prolongeons, à notre insu, ce qui n’est qu’esquissé. Car c’est le fragment, dans sa faille et son incomplétude, qui suscite en nous une résonance intime. »À travers Résonances, Nabil El Makhloufi poursuit une œuvre où la figuration, nourrie de son double ancrage entre le Maroc et l’Allemagne, s’ouvre à une méditation sur l’individu, le collectif, l’exil et les espaces de passage. Né à Fès et formé à l’Académie des Arts Visuels de Leipzig, l’artiste transpose dans ses toiles l’expérience de cet entre-deux culturel et géographique. Dominées par la figuration, et oscillant entre réalisme et imaginaire, les peintures de Nabil El Makhloufi, empreintes de silence, explorent les thèmes d’appartenance, de migration et de quête existentielle.