En marge de la cérémonie de présentation officielle de son roman, Dounia Hadni, auteure et ancienne journaliste, a partagé avec l’auditoire des anecdotes sur son processus créatif, rapprochant ainsi le public de la genèse de son premier projet littéraire.
Publié le 2 janvier 2025, «Lahchouma» a été largement acclamé par la critique. Cette œuvre sélectionnée pour le Prix Léo Scheer, aborde les pressions familiales et sociales dans deux sociétés différentes (occidentale et orientale), où une jeune femme lutte pour sa liberté.
«Lahchouma est mon premier roman, et comme pour tout premier livre, il y a beaucoup de vécu dedans. Ce roman s’inspire de certains épisodes de ma vie, tant au Maroc qu’en France. C’est l’histoire d’une jeune femme tiraillée entre deux cultures, une situation que j’ai vécue moi-même et qui est partagée par beaucoup de Marocains et de Marocaines. Nous baignons dans ces deux cultures, ici au Maroc, et encore plus quand nous vivons à l’étranger. Mais ce roman ne se limite pas à mon expérience personnelle; il est aussi inspiré des trajectoires de vie d’autres femmes que j’ai rencontrées, en particulier au sein de ma propre famille. Le Maroc est véritablement un terreau fertile pour ce genre d’histoires», nous confie l’auteure.
L’expression « Lahchouma » a marqué des générations entières au Maroc. Indissociable de la culture marocaine, elle évoque tout ce qui a trait à la honte et à l’interdit. «Je pense que chaque Marocain a entendu ce terme des dizaines, voire des centaines de fois par jour. Personnellement, j’en ai un peu ma claque. « Lahchouma » est un mot qui désigne la honte, mais qui est souvent instrumentalisé pour nous étouffer. C’est un concept qui pèse sur nous, nous impose des normes et des attentes, et nous empêche parfois d’être nous-mêmes», poursuit Dounia Hadni.
Dans une précédente vie, Dounia Hadni a été journaliste avant de se consacrer entièrement à la littérature, sa première passion. «Écrire un roman est un exercice totalement différent du journalisme. En journalisme, il y a des codes, une déontologie à respecter : il faut aller droit au but, donner l’information de manière claire et neutre, permettre à toutes les parties de s’exprimer, etc. En littérature, tous ces carcans explosent. Il y a une véritable liberté créative; on peut jouer avec la temporalité, changer de registre de langue, et s’aventurer dans des territoires où tout est possible. C’est cette liberté qui m’attirait dans l’écriture. En réalité, l’écriture et la littérature me passionnent bien plus que le journalisme»,souligne-t-elle.