Voyageons ensemble !

Il y aura toujours un livre pour nous permettre d'aller à la rencontre de l'autre.

Et si nous voyagions au Pérou, en Inde, au Japon ? Et si nous entrions ensemble, intimement, dans le quotidien d’une aristocrate russe du XIXème siècle ? D’un jeune garçon des années 70, vivant à Paris avec une vieille femme qui a ouvert “une pension sans famille pour les gosses qui sont nés de travers ?”* Ou peut-être préférez-vous l’Italie de la Renaissance ? La Turquie d’aujourd’hui ? Et le Maroc, notre Maroc : où voulez-vous aller ? Quelle période ? Quelle ville? Quel nouvel ami voulez-vous accompagner le temps d’une lecture, d’un bout de vie ?

Fermez les yeux. Choisissez la période, le lieu et votre vœu sera exaucé. Il y aura toujours un livre pour nous permettre d’aller à la rencontre de l’Autre, de celui que nous ne connaissons pas ou que nous croyons connaître. Dans mon premier roman, La Poule et son Cumin, je mets en scène Kenza et Fatiha, deux jeunes femmes que tout oppose, deux réalités marocaines qui se côtoient sans se fréquenter. Qui ne se voient plus, ou si peu. Comment éprouver ce que ressent quelqu’un qui nous paraît si loin de nos problématiques quotidiennes ? J’ai un début de réponse : en l’accompagnant, dans sa vie, à travers son regard et son ressenti, le temps d’un livre ou d’un film. C’est pour cela que j’aime inventer des histoires. Pour vivre mille vies, pour vous faire vivre mille vies, à vous, surtout. Transformons-nous en jeune adolescente qui se retrouve enceinte dans un pays qui interdit l’avortement. Mettons-nous à sa place quelques instants. Ou celle d’un jeune homme noir qui grandit au temps de la ségrégation aux États-Unis. Vivons sa vie avec lui, le temps de quelques pages. Vous préférez un militaire durant la seconde guerre mondiale ? Un étudiant qui rêve de devenir écrivain ? Choisissez. Et, ensemble, que ce soit à Lima, à New Delhi, à Casablanca ou à Tokyo, que ce soit au Xème ou au XXIème siècle, en ville ou à la campagne, nous nous rendrons compte, à chaque fois, qu’au-delà de la couleur de peau, du sexe, de la religion, de la classe sociale, nous ressentons toutes et tous le même espoir de vivre, la même peur de mourir. Nous éprouvons tous la tristesse, l’amour et l’amitié, la volonté de protéger ceux qu’on aime. Nous avons, toutes et tous, des traumatismes d’enfance, des secrets enfouis, des fantasmes inavoués, des rêves.

À chaque fois que j’ouvre un livre, c’est l’intimité de quelqu’un que je découvre. Comment, ensuite, puis-je me dire qu’il m’est totalement étranger ? J’aurai vécu sa vie avec lui, suivi, pas à pas, les réflexions et les circonstances qui l’ont amené à faire des choix précis. Et même s’il est différent, et malgré sa différence, j’éprouverai, sans l’intellectualiser, que l’Autre, c’est moi.
* Romain Gary, La Vie devant soi.

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