Après “La Poule et son cumin”, votre deuxième roman intitulé “Souviens-toi des abeilles” se déroule une fois encore au Maroc… Peut-on dire que le Royaume vous fascine ? Et en quoi ?
J’ai grandi au Maroc jusqu’à mes dix-huit ans, c’est le pays de mon enfance et de mon adolescence, je suis forcément intimement imprégnée de souvenirs, de couleurs, de senteurs, de cette façon d’être au monde, fondamentalement méditerranéenne. Il se trouve que mes deux premiers romans se situent au Maroc, et donc la relation à ce pays et ses spécificités est visible directement. Pour autant, je suis certaine que même si un jour je n’écris pas sur le Maroc, mon écriture restera forcément baignée du soleil de mon enfance.
Dans “Souviens-toi des abeilles”, on suit l’histoire d’Anir, un petit garçon qui grandit auprès d’un grand-père aimant. Celui-ci lui apprend à s’occuper des abeilles du rucher d’Inzerki. D’où vous est venue l’idée de cette histoire ?
J’ai découvert ce lieu hors du commun au détour d’une conversation et j’ai voulu y aller. Arrivée là-bas, il y avait de la beauté, une force aussi, avec le rouge et l’ocre de la terre, et le soleil qui éblouit. J’ai voulu raconter cet endroit, toutes les sensations que l’on ressent, et l’histoire de la communauté d’Inzerki, leur rapport à la terre, le respect des règles pour garder un équilibre avec la nature.
Anir en est-il le véritable protagoniste ? Les abeilles n’y tiennent-elles pas le premier rôle ?
Le rapport au vivant est l’un des thèmes principaux du roman. J’ai voulu remettre l’homme à sa juste place, c’est-à-dire un parmi tous les êtres vivants, si petit, si fragile face à une nature immense, indifférente. La responsabilité humaine dans le déséquilibre du monde, aussi.
Quelle place a le “taddart” d’Inzerki dans le cœur de vos personnages et dans l’imaginaire des véritables apiculteurs ?
C’est une présence quasi mythologique, un refuge et un lieu sacré à protéger, à chérir. Il fait partie de la famille d’Anir et permet de puiser de la force lorsqu’il faut partir pour la ville. Sa présence est synonyme d’équilibre.
Le rucher d’Inzerki est menacé par la sécheresse. Mi-mai 2024, vous allez rencontrer les membres du bureau de l’Unesco au Maroc. Quel est l’objectif de cette rencontre ? Et surtout qu’en attendez-vous ?
Je suis très heureuse de pouvoir rencontrer, à l’occasion de ma venue au Salon du livre, le bureau de l’UNESCO sur place. Le Maroc a pour ambition de déposer une demande pour que le rucher collectif d’Inzerki soit inscrit au patrimoine mondial. J’espère que mon roman apportera modestement sa contribution à ce projet.
Qu’espérez-vous à travers votre ouvrage ?
J’aimerais tout d’abord toucher le cœur des lectrices et lecteurs en les plongeant dans l’intimité du Monde, à travers l’histoire de ce lieu exceptionnel, et dans l’intimité d’une famille en questionnant le thème de l’amour maternel. J’y ai mis beaucoup de cœur, j’espère que vous le ressentirez en lisant le livre !