Quel est votre livre de chevet ?
“Les poésies complètes” de Rimbaud. J’y plonge souvent comme pour me soustraire au monde. Les éclats de flamboyance de cette poésie m’émeuvent. Et sa musicalité singulière a quelque chose de sacré.
Quel roman a eu un impact sur votre écriture ?
“Miramar” de Naguib Mahfouz. Quatre hommes livrent tour à tour le récit du chamboulement que produit l’arrivée de Zohra, une belle paysanne, dans la pension où ils logent. Plus jeune, je me suis demandée pourquoi l’auteur ne donnait pas la parole à Zohra dans le livre. Avec le temps, j’ai fini par comprendre. La réponse fut une de mes premières leçons d’écriture !
Quel est votre ouvrage préféré ?
“Le Jeu des perles de verre” de Hermann Hesse fait partie de mes livres préférés autant pour sa forme que pour son propos philosophique. C’est un texte ample, une délicate partition qui questionne l’harmonie entre spiritualité, arts, sciences et quête de liberté. Joseph Valet est sans conteste un des personnages les plus fascinants.
Quelle lecture vous a poussé à écrire ?
“La civilisation, ma Mère !…” J’ai été fascinée par cette mère qui, dès qu’elle accède à l’éducation, passe du statut de femme infantilisée à celui d’adulte : elle lit le journal, porte des revendications politiques et fait preuve d’un appétit intellectuel insatiable. Driss Chraïbi m’a confortée dans la nécessité que j’éprouve de créer, d’écrire.
Quelle publication a éveillé votre conscience féministe ?
“Au-delà de toute pudeur” de la sociologue marocaine Soumaya Naâmane-Guessous. Je l’ai lu à 18 ans. J’étais étudiante à l’ISCAE quand ce livre circulait et suscitait des débats enflammés. C’était le point de départ de ma passion pour les lectures féministes, et de là, je me suis dirigée vers les livres de Nawal El Saâdawi, de Fatema Mernissi,…
Quelle héroïne de livre a bercé votre jeunesse ?
Cosette dans “Les Misérables”. Elle obsédait mon imaginaire d’enfant au même titre que Rémi dans “Sans Famille” de Hector Malot et Jane Eyre de Charlotte Brönte. Ce trio a nourri mon idéal de justice jamais apaisé. J’admirais son courage, sa bonté et son romantisme qui triomphaient des grands malheurs.
Dans quel livre pour enfant rêveriez-vous vivre ?
J’accompagnerais volontiers “Le Petit Prince”. Ce livre sensible enchante, purifie l’âme. Une poésie qui se passe de grandiloquence. Une beauté qui parle à notre cœur d’enfant. Et qu’il est merveilleux de renouer avec l’intelligence de l’innocence !
Quel livre avez-vous lu plusieurs fois ?
“Une chambre à soi” de Virginia Woolf. Cet essai est une main posée sur l’épaule de chaque femme qui crée. Avec malice et pertinence, l’auteure y décortique la manière avec laquelle la domination masculine et les contraintes sociales empêchent les vocations féminines d’éclore et de s’exprimer pleinement. C’est plus efficace que le plus véhément des plaidoyers.