Assez discrète, Jihane El Bahhar étonne. Par son écriture, à la fois tranchante et poétique. Par son regard, critique sur le monde. Après le succès de son premier long-métrage « Au pays des merveilles » en 2016, la productrice, réalisatrice et scénariste Jihane El Bahhar revient sur le devant de la scène et dévoile son nouveau bébé, « Triple A » programmé dans les salles nationales depuis mercredi 11 septembre. Le film conte l’histoire d’amour de trois couples, marginaux, dont leurs chemins vont se croiser. A l’affiche, Khalil Oubaaqa, Hind Ben Jebara, Majdouline El Idrissi, Aziz Dadas, Fatima Zahra Bennacer, et Abdelatif Chaouki. L’arme de Jihane El Bahhar est la plume. Son premier amour, dira-t-elle. Cette Casablancaise de 45 ans a été bercée, depuis toute petite, par la lecture, notamment les grands romans d’amour. Son film préféré « In the mood for love » du Hongkongais Wrong Kar-wai qui raconte une histoire d’amour impossible.
Diplômée en audiovisuel à la faculté Ben M’sik de Casablanca, elle écrit de nombreux scénarios, avant de se lancer dans la réalisation. « C’’était assez frustrant de voir à l’écran des personnages qui n’étaient pas fidèles à ce que j’imaginais », confie-t-elle. Résultat : cette grande anxieuse se forme au Maroc et à l’étranger avant de prendre la caméra et présenter, en 2006, son premier court-métrage « Shift + Supp », primé dans plusieurs festivals nationaux et internationaux. Elle enchaîne deux autres court-métrages, deux téléfilms puis son premier long-métrage « Au pays des merveilles ».
Sa signature ? Aborder la réalité y compris les sujets polémiques notamment l’inceste dans « Triple A ». « Je veux porter la voix de ceux qui en n’ont pas, qu’on rejette et exclut, explique-t-elle. Je raconte des histoires en dénonçant des faits de société, en créant des personnages détestables et attachants, le tout saupoudré d’humour car le monde d’aujourd’hui est pesant et terrifiant. »