Carrière: Travailler et jeûner

Pour un grand nombre de personnes actives, travailler et être performant pendant Ramadan n’est pas évident. Le manque de sommeil, de caféine ou de cigarettes impacte chez plusieurs personnes négativement la productivité au travail. Nos conseils.

Dans le monde du travail, Ramadan et productivité font rarement bon ménage. En effet, nombreuses sont les personnes qui se disent incapables d’effectuer leurs tâches avec efficacité au cours de cette période. “Lorsque je jeûne, j’ai tellement envie de dormir pendant les heures de travail qu’il m’arrive de m’enfermer dans les toilettes pour faire une micro sieste” avoue Meriem 25 ans, secrétaire de direction. Plusieurs témoignages prouvent que lors du jeûne, nous sommes plus concentrés le matin, et que l’envie de dormir se fait pressante en début d’après-midi. “C’est vrai que j’ai un coup de pompe vers midi, et que mon rendement fléchit à vue d’œil, mais j’ai une tactique : je “liquide’’ le gros du travail le matin, et l’après-midi est consacré à des travaux routiniers qui n’exigent pas une grande concentration”, nous confie Dina, 32 ans, cadre dans une banque. Pour Amal Hihi, coach et conférencière internationale, “Ramadan est un mois de spiritualité et de purification. L’état d’esprit et l’intention avec lesquels on entame ce mois vont impacter notre façon de le vivre”. Aussi, pour lutter contre le sommeil et le manque de concentration pendant ce mois sacré, “il faudra veiller à avoir un équilibre et une hygiène de vie. Une préparation mentale est également nécessaire pour en finir avec les croyances et les stéréotypes liés au jeûne. Il faudra aussi être plus rigoureux quant aux heures de sommeil, être à l’écoute de ses besoins en premier et y répondre, pour gagner en concentration et en efficacité”, conseille Amal Hihi.

La dopamine, naturellement

En manque de caféine et privés de cigarettes, les travailleurs sont généralement plus stressés et facilement irritables. “Je suis un grand consommateur de café, et paradoxalement, je trouve que la journée de travail est trop courte pour tout terminer dans les délais. J’ai donc tendance à travailler sous pression car je dois tout achever avant 16 h. Comme je suis stressé, je suis à cran et je m’énerve plus rapidement”, explique, pour sa part, Aziz, 40 ans employé dans une assurance. L’irritabilité des collaborateurs peut s’expliquer de différentes manières, mais pour Amal Hihi “pendant Ramadan, le jeûne met à mal les personnes dépendantes à la caféine, à la cigarette… le manque de dopamine se fait ressentir. La dopamine est un neurotransmetteur, un messager chimique dans notre cerveau. Il est donc conseillé de se concentrer sur tous les aspects positifs du jeûne, ce qui va nous permettre d’être dans l’accueil de nos émotions. Ce qui est recommandé par les psychiatres, c’est d’obtenir de la dopamine indirectement, comme faire de l’exercice ou proposer des tâches qui impliquent un certain niveau de sacrifice, afin que le cerveau vous récompense par une libération de dopamine pour compenser l’effet de la douleur.” Toutefois quelques petites adaptations permettront à chacun de travailler de manière plus sûre, productive et agréable durant la période ramadanesque. Il faudra donc penser à réduire sa charge de travail et aménager des pauses pour ne pas travailler sous pression et éviter le burn-out. Pour ce faire, il faudra, conseille la coach “planifier ses tâches en fonction de son niveau d’énergie, prévoir des activités saines (sport, lecture, méditation) et être présent à soi-même et conscientiser ses émotions pour mieux les gérer.” Et pour remédier aux journées de travail jugées trop courtes, certains travaillent après la rupture du jeûne. “Je travaille dans le secteur de la communication et souvent je n’arrive pas à terminer mon travail dans la journée. Aussi, après la rupture du jeûne, je m’octroie une petite pause et je me remets ensuite au travail”, explique Ghita, 30 ans, conceptrice rédactrice dans une agence de communication. Pour pallier à ce manque de productivité, travailler le soir peut-être une solution judicieuse. “Chacun doit trouver son rythme, il faut être à l’écoute de soi, de son niveau d’énergie et adapter son planning en fonction de cela”, assure Amal Hihi.
S’il peut être difficile de concilier productivité et jeûne, Ramadan reste un mois de purification et de bien-être. “Le jeûne renforcerait notre système immunitaire et réduirait les maladies inflammatoires. Jeûner permet en effet au cerveau de se régénérer pendant la période du Ramadan car 30 jours, c’est le temps nécessaire pour que les adaptations neuronales retrouvent l’équilibre”, conclut l’experte. 

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