L’ambition de combiner harmonieusement maternité et ascension professionnelle est légitime et devrait être à portée de tous les parents. Pour les femmes, cela semble relever du domaine de l’impossible. Selon une étude réalisée par la plateforme d’emploi Rekrute.com, 66% des Marocaines peinent à jongler avec leurs “deux journées” de travail. Dans le détail, ce sont 32% de ces femmes qui s’appuient au quotidien sur leurs parents ou beaux-parents, tandis que 20% optent pour une nounou à plein temps. Les données statistiques sont rares sur le sujet, surtout celles qui ciblent les femmes. La plateforme a donc sondé en juin 2019, quelque 1.247 profils féminins, dévoilant des réalités intéressantes. Parmi les constats phares, on apprend que subvenir aux besoins familiaux demeure la principale motivation pour 47% des femmes actives interrogées. 38% d’entre elles, travaillent pour satisfaire des aspirations intellectuelles ou professionnelles, tandis que 4% cherchent une occupation pour ne pas être cantonnées au rôle de parent.
Plus de flexibilité, moins d’opportunités
Mais au-delà des chiffres, Sanaa Sekkat, experte en ressources humaines et développement personnel, met en lumière le poids des idées reçues qui pèsent sur les femmes. “Nombreuses sont celles qui considèrent quasi impossible de réussir professionnellement tout en ayant une vie familiale épanouie, car elles sont freinées par le syndrome de l’imposteur largement entretenu par des normes sociales”, explique l’experte. En effet, le cliché tenace du schéma familial traditionnel, où l’homme fait carrière et la femme se consacre aux enfants, continue de perpétuer l’idée que la carrière des femmes est moins cruciale que celle des hommes.
Les injonctions sociales, souvent façonnées par l’héritage traditionnel dépassé conférant à l’homme le rôle du principal pourvoyeur, peuvent décourager les femmes à s’engager dans des postes de responsabilité. Les stéréotypes sexistes dominants dans le monde professionnel, contribuent à maintenir les femmes confinées dans le rôle domestique. “Au Maroc, certaines aspirations masculines semblent souhaiter des femmes modernes, autonomes financièrement, belles, carriéristes et intelligentes. Cependant, une fois mariées, ces mêmes femmes sont subitement encouragées à adopter une posture plus “traditionnelle”, avec une dévotion accrue à leur foyer”, analyse l’experte.
Néanmoins, lorsque ces obstacles sont bravés, les femmes révèlent une expertise professionnelle et un engagement indéniables. “Les femmes, dans leur grande majorité, sont perfectionnistes dans leur travail. Ce trait de caractère peut les desservir, car elles ont tendances à faire des comparaisons constantes avec les hommes et à ressentir une pression inutile”, souligne Alexandra Montant, directrice générale adjointe du portail d’emploi ReKrute.com. Elle met en avant la quête éternelle de légitimité faisant peser sur les femmes un fardeau supplémentaire, les forçant à démontrer constamment leurs compétences. “Ceci dit, les entreprises ont également la responsabilité de promouvoir la flexibilité au travail, car la réalité est indéniable : les femmes assument quasiment toutes les tâches ménagères. C’est pourquoi la plupart d’entre elles favorisent le travail à temps partiel”, précise Alexandra Montant. Elle étaye ses propos en se référant à la même enquête du portail de l’emploi révélant que 41% des femmes estiment que l’assouplissement des horaires de travail est la solution idéale, 25% envisagent le temps partiel et 13% pensent aux crèches d’entreprise. Malgré le poids des responsabilités familiales, 62% des femmes estiment qu’elles ont les mêmes chances de carrière que les hommes.
Concilier travail et famille peut vraiment marcher à condition qu’il y ait un esprit plus ouvert et des efforts collectifs dans ce sens. Les entreprises évoluent progressivement dans cette perspective. “De plus en plus, je reçois des demandes de recrutement spécifiant une préférence pour un profil féminin. Même si elles exigent davantage de flexibilité, les atouts des femmes séduisent les recruteurs”, affirme Alexandra Montant. Redéfinir les rôles, encourager la souplesse au travail et stimuler la confiance en soi sont autant de leviers pour favoriser le plein épanouissement des femmes, estime la directrice adjointe du portail d’emploi. Car au final, seules des actions collectives pourront favoriser un environnement professionnel où chaque femme peut réussir sans se sacrifier.
Les clés pour concilier carrière et vie de famille
Il est impératif de s’engager dans la bataille quotidienne sans jamais céder. L’acceptation des erreurs, la possibilité d’oublier, et le rejet de l’idée de perfection en tant que mère, épouse, et salariée sont essentiels. Il convient de s’efforcer de faire de son mieux, sans chercher à démontrer quoi que ce soit à autrui. Les femmes méritent de se donner le droit à l’erreur, de s’autoriser à explorer de nouvelles expériences, tout comme n’importe quel être humain. La clé réside dans la capacité à rester ambitieuse, car c’est précisément cette ambition qui favorise l’évolution personnelle.
L’ambition agit comme le moteur propulseur qui incite à apprendre en permanence, à progresser et à suivre le dynamisme constant de l’univers. Les femmes, qui représentent plus de 50% de la population mondiale, détiennent un potentiel inestimable. Leur rôle ne se limite pas au foyer; elles ont également une contribution significative à apporter à la société. Encourager les femmes à maintenir leur ambition les propulse vers l’avant, leur permettant ainsi d’être des actrices cruciales dans la dynamique du progrès et de l’innovation.
