Y a-t-il une vie après le divorce ?

Faire le deuil d’une séparation. Tourner la page. Retrouver son “je” après un “nous” qui a duré. Refaire (ou pas) sa vie amoureuse. Braver l’inconnu et prendre un nouveau chemin… Autant de challenges qui guettent les ex - mariés un peu paumés. Chacun(e) va, alors, réagir à sa façon…

L’avant et l’après 

Les amours d’aujourd’hui sont inconstantes et éphémères. Nul ne peut donc garantir son ménage à deux, ad vitam aeternam… Plus l’espérance de vie s’allonge, plus la durée de vie du couple diminue, et des désunions de plus en plus fréquentes signent la perte des illusions ! Mais aussi banalisée soit-elle, la rupture reste un trauma. Mounia témoigne : “J’étais soulagée de me séparer de lui, car cela faisait un moment qu’on se déchirait et qu’on n’avait plus rien en commun. Mais une fois que je me suis retrouvée à la case départ, sans enfants, et vivant, comme une adolescente, sous le toit de mes parents, j’ai ressenti cruellement la solitude et la sensation de ces années gâchées”. Car, le coup de balai général n’inclut pas que le bonhomme, mais aussi notre ancien cadre de vie, notre environnement, nos repères. On divorce d’une belle-famille, d’amis communs, parfois d’un statut social… D’où une certaine propension à s’auto-flageller et  à se percevoir soi-même comme plus bonne à rien. Ghislaine décrit une sensation de gouffre sous ses pieds et de vide intersidéral : “Je me suis complètement repliée sur moi-même pendant, au moins, un an. J’allais au bureau comme une automate et je rentrais le soir chez moi pour m’abrutir devant des séries télé… Je n’avais plus envie de croiser aucune figure du passé qui me renverrait mon échec à la figure ou me narguerait avec sa petite famille unie !”. Et c’est un fait, plus la séparation est sanglante, plus on a du mal à digérer la pilule amère. On est alors tentée de se recroqueviller dans son coin. Sauf à choisir, à l’inverse, d’accumuler les sorties et les rencontres sans lendemain. “J’étais à fond sur Facebook ; j’écumais les soirées, en compagnie de gens que je connaissais à peine. En vérité, je m’étourdissais pour ne pas craquer”, indique Asmae qui se remémore cette phase en évoquant un “grand n’importe quoi”, pourtant vital pour sa survie. Un moyen comme un autre de ne jamais passer un moment en tête-à-tête avec elle-même… 

Se reconstruire une identité de solo

Désorientée, perdue, parfois en charge de la garde des gosses, on ne sait pas toujours comment réorganiser sa vie. Souvent, la famille vient en renfort. Oreilles compatissantes et soutiens logistiques, sœursou mères font office de passerelles, dans cette période délicate. “ Je ne remercierai jamais assez ma frangine qui m’a écouté des heures durant, vider mon sac et ressasser sans cesse la même bobine de film. C’est grâce à elle que j’ai pu faire mon travail de deuil”, reconnaît Houda. Par contre, devant ses enfants, cette dernière avoue avoir beaucoup pris sur elle-même, pour ne rien laisser transparaître de ses souffrances. Pour lutter contre l’isolement qui fait cogiter, proches, réseaux de relations ou même travail deviennent des planches de salut appréciables. On impulse une petite direction à sa vie, le temps de voir venir. Après de grands moments d’abattement, se recentrer sur soi devient essentiel; parfois même à l’aide de futilités, comme une inscription à un cours de salsa ou une virée d’un week-end à Marrakech sur un coup de tête. Une manière d’apprécier les charmes de la liberté retrouvée et de l’autonomie, sans comptes à rendre à personne…

Mais cette nouvelle identité de célibataire de fraîche date ne doit surtout pas être corrompue par la perception négative de nous-mêmes que l’on prête aux autres. Mounia enchaîne : “Je me sentais scrutée lorsque je me rendais dans des fêtes, genre la meskina qui n’a plus de mari. J’ai fini par m’auto-dénigrer, en ayant perpétuellement la tête de l’emploi : celle d’une looseuse qui rase les murs”. Or, impossible d’aller de l’avant si on s’obstine à réduire sa personne et sa personnalité à une simple bague au doigt ! 

Remettre le couvert…

“On ne refait pas sa vie, on la continue… avec une autre”, disait Yves Montand. Et c’est vrai qu’on ne peut faire table rase du passé, en un tournemain. Après un divorce, refaire confiance à l’institution mariage, ou tout simplement à un nouveau partenaire, n’est pas gagné d’avance. Mais ce qui est certain, c’est que les femmes, davantage que les hommes, mettent plus de temps à se réinvestir dans un duo (de trois à cinq ans, en moyenne). “Parce qu’en cas d’excédents de bagages (ndlr : enfants du premier mariage), on appréhende de traumatiser sa progéniture une seconde fois, en lui imposant un beau-père pas à la hauteur. Et puis, surtout, on ne veut pas se planter, une nouvelle fois !”, se justifie Houda. Résultat : la liste d’exigences et les critères de sélection du potentiel compagnon de vie s’aiguisent et deviennent très pointus ; faisant avorter les histoires naissantes, au moindre vent mauvais… 

A l’évidence, réussir sa deuxième union implique d’abord d’avoir soldé la première. Le pari est réussi lorsqu’on a identifié les mécanismes délétères qui ont conduit à cette fin en queue de poisson. A l’aide d’une psychothérapie, éventuellement, on met à jour ses fausses croyances concernant la vie à deux et toute la dynamique de dépendance émotive qui sous-tendait la précédente alliance. Histoire de ne pas répéter immanquablement le même scénario… Ensuite, forte du bilan de sa vie conjugale antérieure, on sort de sa hotte les bonnes résolutions qui vont payer : apprendre à être autonome et bien dans ses baskets, en se gardant d’envisager le prochain conjoint comme une alternative au vide ou à la solitude; pardonner à son ex ; être consciente que la partie II du jeu sera aussi ardue que la partie I, une fois les œillères de la fusion retirée ! 

Allergique aux défis de la real life en couple (partage des tâches, budget, logistique du foyer, divergence de points de vues…), Asmae a récidivé sur le plan amoureux, en faisant abstraction du quotidien. Elle vient ainsi grossir la cohorte, non encore identifiée par les statistiques, de ces CNT (couples non cohabitants) qui vivent ensemble sans partager le même toit. Une nouvelle mode chez les divorcés new wave ?

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