RITUEL DU HENNÉ
Dans la religion musulmane, le henné porterait chance à celle qui se fait tatouer. Recommandé par le Prophète, il est associé à la fécondité et à la prospérité.
Au Maroc, la future mariée se fait tatouer par la hennaya (ou nekacha) le jour du mariage ou lors d’une cérémonie spécifique avant la grande noce. Par souci d’économie ou de praticité, de plus en plus de personnes concentrent le tout en une seule journée et la mariée se fait généralement appliquer le henné le jour même de son mariage, en tout début de soirée.
Mais le rituel du henné n’est pas particulièrement ancré dans une religion précise, car il existe aussi bien chez les musulmans que chez les juifs ou les hindous.
En Inde, au cours du “Mendie Ki Raat”, la future mariée, ainsi que toutes les femmes de l’assemblée, se font orner les mains et les pieds de symboles très minutieux et complexes au henné, ayant pour but “d’hypnotiser” le futur époux.
En Turquie, la nuit du henné est appelée “Kina Gecesi”. La jeune promise enduit ses mains et ses pieds. Ce rituel est censé lui apporter chance et réussite au sein de son couple, et marque la fin de sa vie de jeune fille.
RITUEL DE L’ÉCHANGE
Acte symbolique chargé en émotion et en romantisme, l’échange mutuel de lait et de dattes est un engagement de fidélité et une promesse de vie au sein du couple. Laquelle n’a pas rougi lors de cet échange, premier vrai “contact” entre les jeunes époux après la signature de l’acte de mariage ?
En Indonésie, le lait est remplacé par le miel. Après un rite de bénédiction, le marié plonge son doigt dans le miel et effleure la langue de sa femme qui en fait autant à son tour, symbole de partage et de douceur dans leur vie conjugale.
Au Nigeria, selon la tradition Yoruba, il existe une symbolique très particulière autour de l’échange des mariés. Lors de la cérémonie, ils doivent goûter quatre saveurs représentant chacune une émotion du quotidien : du miel pour la douceur, du vinaigre pour l’âcreté, du piment de Cayenne pour la chaleur et du citron pour l’amertume. Ce rituel symbolise l’union du couple dans les moments plaisants de leur mariage et leur force face aux obstacles qu’ils trouveront sur leur chemin.
Au Japon, c’est autour du saké que se déroule le cérémonial de l’échange. Lors du traditionnel “San San Ku Do”, le couple est censé boire trois gorgées de trois tasses différentes en commençant par la plus petite. Les membres des deux familles boivent ensuite dans une même tasse afin de représenter l’union des époux ainsi que l’unité de la famille.
LE RITUEL DE L’OFFRANDE
Au Maroc, les offrandes, c’est tout un art ! Entre le contenant (Tayfour) et le contenu (l’Hdia), rien n’est laissé au hasard. Selon les moyens de chacun, les tyafer peuvent comprendre un exemplaire du Saint Coran, des dattes, un pain de sucre, du henné, du musc ainsi que des tissus pour caftans ou djellabas, des habits, des accessoires, des bijoux, des senteurs marocaines telles que le “bois de oud”, des parfums, du maquillage et même… de la lingerie fine ! Même si cela se raréfie, certaines familles célèbrent encore l’Ajin Laâjin : une petite cérémonie durant laquelle les membres de chaque famille conviennent des présents que le marié offrira à son épouse pour les noces, et les pâtisseries à réaliser pour le banquet.
Même son de cloche au Portugal, où il est d’usage d’envoyer les cadeaux chez la famille de la future mariée afin que tous puissent les admirer…
Au Tibet, c’est le top du top ! Le futur époux se doit d’offrir une femelle yak à sa belle-famille afin de s’acquitter du “prix du lait”. Sa chère et tendre se contentera d’une tasse de yoghourt, le “yoghourt du serment”. Il s’agit en réalité d’une offrande à Bouddha.
Chez nos amis cariocas, rien ne vaut l’or. En effet, avant de convoler en justes noces, le futur époux doit présenter treize pièces d’or à son épouse afin de lui témoigner son engagement et son implication durant leur vie maritale.
LE REPAS DE NOCE
Réputés pour notre hospitalité et notre convivialité, nous mettons les bouchées doubles lors de toutes nos festivités. En effet, les repas de mariage au Maroc ressemblent à une valse bien synchronisée de mets aux saveurs infinies. Déjà, avant la grande cérémonie, certaines familles appliquent le rituel de “Qosh Essinia” (la splendeur du plateau), durant lequel elles rivalisent d’efforts afin de réaliser des pâtisseries variées, déclenchant le processus de séparation de leur fille, tandis que la famille du futur époux entame celui de l’accueil de leur bru.
Entre les pâtisseries traditionnelles, la pastilla qui inaugure le dîner, le méchoui, la fricassée de pigeon, le poulet aux olives, la renversante pièce montée, sans oublier la traditionnelle harira qui clôt la soirée, les marocains font honneur à leurs convives.
Au pays de la dolce vita aussi, on ne plaisante pas avec le banquet de noces… gargantuesque ! Et pour cause, plus de 14 plats peuvent être servis : défilé d’antipasti, de plats de pâtes en sauce, de soupes, de viandes et de salades, pour conclure par une farandole de desserts (tiramisu, profiteroles, glaces…). Mieux vaut avoir l’estomac bien accroché pour tenir la cadence !
Nos voisins portugais ne s’encombrent pas de chichis lors des banquets de mariages. Ils offrent ce qu’ils savent faire de mieux : la morue. Pouvant être préparé de 365 façons différentes, ce plat emblématique est revisité à toutes les sauces lors des noces portugaises. On l’accompagne aussi généralement de rissois (sorte de ravioles) et de bouillon de palourdes.
En Argentine, ce n’est pas le repas en lui-même qui est significatif, mais la tradition du “gâteau”. Ainsi, lors de la cérémonie, les jeunes femmes célibataires doivent chacune tirer une ficelle reliée à un objet incrusté dans le gâteau. Celle qui aura trouvé une bague sera mariée dans l’année.
En Mongolie, le repas de mariage se fait selon le rite de “séparation des aliments”. Durant le grand banquet, les aliments blancs, composés de produits laitiers et de pains, doivent être séparés des aliments rouges tels que les viandes. Le blanc symbolisant la pureté et le bon augure.
LA TENUE TRADITIONNELLE
Plus que tout le reste, les tenues de la mariée sont d’une importance capitale. Celle qui sera la reine de la soirée doit briller devant les invités et faire ainsi honneur à sa famille et à la famille qui l’accueille. Si de nos jours, elles sont le plus souvent réduites à 3 ou 4, chez certains, la tradition des 7 tenues (une pour chaque région du Maroc) perdure. Lors de la cérémonie du henné, la jeune épouse apparaît dans une première tenue traditionnelle de couleur verte et dorée. Le jour de la “berza”, elle ouvre le “bal” avec un caftan blanc symbolisant la pureté, puis enchaîne la fassiya, la r’batia, la sahraouia, la soussia et le mejdoub pour finir avec la traditionnelle robe blanche à l’européenne. Tout un programme !
En Italie, une seule et même tenue suffit. Plus encore, celle-ci peut avoir déjà été utilisée… En effet, il est d’usage d’emprunter la robe de mariage à l’une des femmes de la famille car cela est considéré comme un honneur dans la culture italienne de se transmettre les robes d’une génération à l’autre…
Et si le blanc est à l’honneur dans la plupart des pays occidentaux, c’est le noir qui prime en Espagne. De nombreuses mariées suivent la tradition en se mariant dans une robe en soie noire avec un voile de dentelle noire. Et le futur époux se doit de porter une chemise brodée par sa future épouse…
En termes de couleurs, c’est le rouge – symbole de fête et de prospérité – qui est d’usage en Asie. En Chine comme en Inde, les femmes portent une tenue rouge vermillon. Il n’en est pas de même dans la culture nippone qui voue un culte à la religion shinto. Au Japon, la mariée porte plusieurs kimonos blancs superposés à manches longues, appelés shiromuku, accompagnés d’une coiffe. Accessoire indispensable, l’éventail, en cas d’émotion forte…
Nos proches voisins et amis Tunisiens mettent en valeur la beauté et la grâce de leurs femmes à travers la kessoua, une tenue typique de Tunisie. Composée d’un bustier court (blouza) et d’une jupe large et très volumineuse (fouta), elle laisse apparaître le ventre tel un sari indien.
En Afrique, comme au Gabon, au Sénégal ou au Ghana, la mariée porte le célèbre boubou, appelé Dagomba au Ghana ou Wolog au Gabon. Souvent, la future mariée, en signe de modestie, aura le visage voilé par les tresses de ses cheveux.
LES RITUELS FESTIFS
Le mariage est un moment de fête qui unit et réunit amis et familles. Au Maroc, outre la folle ambiance et les traditions folkloriques, le rituel du lancer de bouquet emprunté à l’Occident est un must.
Une variante au lancer de bouquet chez nos voisins européens est d’inscrire le prénom de toutes les jeunes filles célibataires sous les chaussures de la mariée. À la fin de la soirée, celle dont le prénom sera le plus visible aura le plus de chance de se marier bientôt. En Pologne, la chance sourirait à celle et à celui qui attrapent le voile de la mariée et…la cravate de son époux !
En Finlande, la mariée aux yeux bandés est au centre d’un cercle formé par plusieurs célibataires. Elle doit faire un tour sur elle-même et déposer son diadème sur la tête de l’une des célibataires de la soirée.
Plus insolite, en Allemagne comme en Roumanie, la mariée est kidnappée par l’entourage du couple après la cérémonie, et le mari doit partir à sa recherche ! Afin de récupérer sa chère et tendre, ce dernier doit faire une déclaration d’amour ou offrir quelque chose en rançon. Et en Écosse, afin de clôturer la soirée, le pauvre couple doit subir le rituel du noircissement qui consiste à se faire enduire de suie, de mélasse et de farine afin d’éloigner les mauvais esprits.