Sur les traces de frondeuses inoubliables

Fragiles, fortes, folles, obéissant à une volonté effrénée afin de réaliser leur destin, des femmes ont bouleversé leur temps et éveillé les consciences. Retour sur leur success story et leur love affair.

“Elles sont toujours le mouvement de la métaphore. Chaque femme a son propre langage. Chaque femme veut dire quelque chose et elle l’exprime par sa voix, son vêtement, sa démarche. La manière dont elles bougent, se maquillent, s’habillent et se déshabillent, leur gestuelle livre ce qu’elles sont. Toutes les femmes ont quelque chose à dire. Seulement, pour le leur faire dire, il faut les connaître et les comprendre. Et ça, c’est mon rôle de cinéaste”.

Le réalisateur David Lynch, auquel fait encore écho, Mulholland Drive, film à l’univers pour le moins atypique et qui a marqué toute une époque, confiait il y a quelques mois sa fascination pour la femme. Au fil du temps, des noms de femmes ayant rejoint à jamais le panthéon des figures historiques, se sont inscrits dans l’inconscient collectif. Proposant les regards particuliers de cinéastes désireux de refléter l’authenticité d’un propos, ou soucieux de décrire la réalité avec fidélité, le langage cinématographique s’est souvent penché sur les destins féminins ayant flirté avec l’ivresse du pouvoir, la passion dévorante, l’amour autodestructeur, parfois au prix de leurs vies. Isabelle Adjani, est ainsi devenue Camille Claudel, de Bruno Nuytten, (1988) l’un des plus grands succès du cinéma français. Le long-métrage obtint cinq Césars (dont meilleur film et meilleure actrice) et le prix d’interprétation féminine au Festival de Berlin. L’actrice française, de mère allemande et de père algérien, à la carrière déjà impressionnante se prête au jeu de l’incarnation époustouflante de la genius woman. Un rôle fort, l’histoire tragique de cette sculpteuse, taillé à la mesure du talent de la comédienne. L’histoire ? Camille est envahie par l’amour de la sculpture depuis son enfance. Elle nourrit un rêve : travailler avec Rodin, le plus illustre sculpteur contemporain. En 1883, Camille lui présente un pied en marbre. Pour Rodin, il est admirable et il le signe de son nom. Ils commencent alors à sculpter ensemble. La fascination des amants est en marche sauf que Rodin la dévore, jusqu’à la vampiriser, la voler… Sous l’emprise de son amour ardent et de son influence dévastatrice, elle sculpte pour lui. Et c’est une Isabelle Adjani, cassée par la passion brûlante qui crève l’écran, flouée par le Maître qu’elle a aimé, cassant ses sculptures et malheureusement décidée à se détruire elle-même. Chancelante, affligée, abandonnée par Rodin, les signes de sa lente agonie apparaissent. Après la mort de son père, sa famille la fait arrêter et interner, car Camille, pure artiste, a l’âme des écorchés vifs et est incomprise. On retiendra le visage creusé par la mélancolie, les ravages du temps et les sillons de la solitude de l’actrice prostrée à l’asile, où Camille restera trente ans, attendant sa mort. Et on se souvient encore F EMME S DU MAROC | MAR S 2 0 1 0 37 aujourd’hui, de cette femme exceptionnelle, qui défiait la morale de la sphère artistique au XIXème siècle, sculptant le nu avec la même liberté que les hommes. La seule commande qu’elle reçoit sonne l’heure d’un funeste présage, le nu d’une femme seule et mourante La Niobide blessée… Qui mieux que l’actrice Salma Hayek, mexicaine, ayant également des origines libanaises pouvait incarner Frida Kahlo ? Frida, de Julie Taymor (2002) met en scène l’artiste peintre mexicaine qui a notamment marqué le mouvement artistique de son époque, affichant très tôt sa soif de liberté, son appétit de culture, son talent saisissant. A 18 ans, revenant de son école d’art, son bus percute un tram, une barre de fer transperse Frida de l’abdomen au vagin. Ses jambes et surtout ses vertèbres subiront de graves séquelles. Cet accident marquera un tournant dans sa vie. Immobilisée au lit, coincée dans son corset, elle fait installer un miroir au-dessus de son lit où elle peindra la majeure partie de son oeuvre. Le film retrace cette réalité avec une rare intensité. Salma Hayek, assise sur une chaise, dans son corset apporte la touche finale à sa toile qui s’anime, conférant à la séquence une esthétique hors du commun. L’actrice, qui souhaitait depuis longtemps interpréter ce rôle, y travaillait depuis sept ans. Elle a réalisé elle-même certaines peintures visibles dans Frida. Ce long-métrage, revient sur l’amour inconditionnel de Frida pour Diego Rivera, grand peintre avec qui elle se mariera à deux reprises, sa liaison avec Trotsky, son engagement dans le parti communiste mexicain, ses amours saphiques, une scène troublante d’érotisme la montre dansant un tango avec une autre femme… Autre jalon du mythe via le cinéma, Cléopâtra, de Joseph L. Mankiewicz (1963). Film de toutes les démesures : durée quatre heures, projet de cinq ans, caprices de stars, interruptions de tournage, scandale. Le haut de l’affiche est tenu par Elizabeth Taylor, monument des studios d’Hollywood et star du film. Cette épopée intime, remporte quatre oscars et tient à la force des dialogues. On en retient l’art de la séduction d’une Liz Taylor, magnifiée en Cléopâtre, apparaissant enroulée dans un tapis à César et le corps suggéré sous des voiles blancs à Marc Antoine… Un Marc Antoine, incarné par Richard Burton, réellement transi d’amour pour l’actrice, leur coup de foudre sur le tournage provoqua même l’ire du pape ! En témoigne cette réplique impérissable : “Mais, je ne serai jamais libéré de toi”. Signe des dieux ? Marc Antoine serait-il lié à jamais à Cléopâtre ? Liz Taylor et Richard Burton tourneront ensuite sept films ensemble… Et le destin exceptionnel de la reine d’Egypte n’a depuis cessé de nourrir l’imaginaire des artistes. Expression d’un imaginaire d’un nouveau genre, Coco avant Chanel, de Anne Fontaine (2009), retrace la vie de cette grande dame, qui a insufflé un esprit avant-gardiste entre les mailles de la haute couture et libéré le corps de la femme. L’actrice Audrey Tautou, donne sa parfaite densité au personnage de Gabrielle Chanel, et l’on suit le bel ouvrage d’une heure cinquante, au rythme des drames de l’enfance, l’orphelinat, l’éveil de la créativité simultanément à celui de son grand amour Boy Capel, son engligh man, made about her… Les remarques incisives, pleine d’esprit de Chanel, ponctuent le récit : “Vous devriez retirer ce chapeau qui vous empêche de réfléchir…”, conseille-t-elle à une actrice. Et la ténacité, le charme insaisissable, les difficultés de la vie d’une jeune femme de cette époque, achèvent de soulever un espoir, le rêve éternel au plus profond de chaque être. â– 
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