Sofiia Manousha Bohémienne assumée

à l’affiche de l’unique film marocain en compétition du FIFM, Sofiia Manousha est l’une de ces actrices accros aux rôles d’outsideuses. Plus les personnages sont complexes et mieux elle arrive à se fondre en eux. Détails…

Cette bohémienne aime voyager sans prévoir de date de retour, faire ses courses en plein call-interview, sa manière à elle de vous intégrer à son monde, là, maintenant, tout de suite, se lever aux aurores et relever des défis. Minimaliste dans son look, c’est sur sa présence que Sofiia Manousha joue habituellement. Petit bout de femme plein d’énergie, de rires et… trempe d’acier.

Son choix de carrière, elle l’a imposé à une famille sceptique, prenant même le risque de se brouiller avec son père pour poursuivre son rêve. Il boude, elle s’accroche mais se promet intérieurement de le rendre fier. Promesse tenue : à 28 ans, elle cumule deux prix d’interprétation féminine (Festival cinéma et migrations d’Agadir en 2013 et 2014), deux nominations (Prix Lumières et César en 2013) mais comptabilise surtout plus d’une vingtaine de tournages.

Papa chéri est devenu son plus grand fan! L’obstination paie, la combativité aussi. Sofiia Manousha ne baisse jamais les bras, sa phrase fétiche, une réplique sans appel de Robert de Niro : “Vous vous reposerez quand vous serez mort”. Tant qu’elle est debout, l’actrice refuse de se complaire dans la routine. Alors elle fait son cinéma, sort de sa zone de confort, voyage en manouche assumée, libre, indépendante, curieuse des gens et généreuse de sa personne.

Vous êtes la figure principale de L’insoumise de Jawad Rhalib dans lequel vous interprétez Laila, une travailleuse saisonnière en Belgique. La thématique vous a-t-elle “parlé” dès le début ?

Sofiia Manousha : Les sujets engagés m’intéressent toujours parce que j’aime défendre des rôles un peu rebelles ou à dimension dramatique, dans lesquels les personnages sont dans la dualité. Laila est une révolutionnaire qui découvre la vie des immigrés en Belgique. Même si le film ne juge personne, il traduit une actualité qui nous concerne tous. Dès la première lecture du scénario, j’ai eu envie d’incarner cette femme et je me suis battue pour rendre la chose possible.

En fin de compte, tous les films ont été récompensés lors du dernier FIFM. Qu’avez-vous pensé de ce geste du jury ?

J’ai trouvé la décision très courageuse. Chaque fois que Coppola citait un titre, il trouvait une raison valable de le récompenser. Ça prouve que la concurrence était rude et que toutes les œuvres présentaient un certain regard.

Vous êtes compétitive ?

J’aime les challenges. Petite, les concours de piano et de danse rythmaient ma vie. Le terme peut être mal interprété de nos jours, mais pour ma part, je pense qu’il ne faut pas se reposer sur ses acquis mais être dans le dépassement de soi.

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à 28 ans, vous affichez déjà un beau palmarès, des nominations et des prix d’interprétation féminine. Que vous inspire ce parcours ?

Je repars toujours de zéro sans jamais regarder en arrière. Je considère ces distinctions comme des objets qui viennent remplir ma valise.  J’en suis heureuse évidemment mais j’ai l’impression d’avoir encore tout à apprendre. En revanche, à la fin du tournage de L’insoumise, j’ai eu le sentiment d’avoir atteint un nouveau stade. Ce métier repose beaucoup sur notre capacité à croire en nous et sur les aptitudes que l’on se découvre en cours de route. J’ai appris à mettre mes problèmes de côté pour me concentrer sur ma tâche et ne pas flancher. Si je devais regarder en arrière, c’est ce qui me sauterait aux yeux…

Quand on reçoit autant d’hommages, se sent-on investi d’une mission ou d’une responsabilité ?

Dès lors que l’on est exposé, on a un devoir d’engagement. Je suis responsable de mon image. Je ne m’interdis rien mais j’ai des limites, ne serait-ce que pour les jeunes filles qui s’identifient à moi. Je refuse également tout ce qui risque de remettre mon identité en question. En tant que Marocaine, je me dois de montrer autre chose que ce que véhiculent les médias sur la culture arabo-musulmane par exemple.

Vous vous êtes lancée dans la réalisation d’un film cette année. Verdict ?

J’étais dans mon élément ! Le fait de dire “action” suffisait à me transporter. J’ai travaillé en binôme avec mon ami réalisateur Al Bronsky et c’était immense de pouvoir mêler nos univers respectifs. Actuellement, nous sommes en phase de montage du film. J’adore raconter des histoires extraordinaires et Brûle en est une…

Vous êtes de culture mixte, marocaine, amazighe, française. De quel côté de la Méditerranée vous sentez-vous le plus à l’aise, professionnellement parlant ?

Je suis à l’aise de n’importe quel côté. Je rêve de jouer partout et dans toutes les langues possibles. Le cinéma est universel. Je n’aimerais pas être restreinte dans mes choix. Ce qui me plaît, c’est comment l’histoire est racontée, pas qui la raconte.

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