Sarah Perlès : “Sofia représente un portrait du Maroc contemporain” (interview)

Remarquée pour la première fois dans Burn Out de Nour-Eddine Lakhmari, Sarah Perlès est un nom qui est promis à un bel avenir. Avec le film “Sofia”, l’actrice révèle son côté militant et ses engagements pour les droits des femmes. Entretien.

“Sofia” a fait fureur dans de nombreux festivals et reçu de nombreux prix. Vous attendiez-vous à un tel succès ?

Lors du tournage du film, nous avions eu tous le sentiment de tenir un beau film entre les mains, et une histoire poignante, mais il était difficile pour moi d’imaginer que Sofia recevrait un si bel accueil. En vérité, on ne s’y attend jamais. L’annonce de la nomination et de la présentation du film à Cannes a été une réelle surprise et l’un des moments forts de ma carrière.

Sofia aborde un thème aussi fort que sensible : les mères célibataires. Pour vous, en quoi ce film peut-il aider à faire changer les mentalités ?

Les films sont faits pour raconter une histoire et faire réfléchir, et avec Sofia, Meryem Benm’Barek a atteint cet objectif. Le but n’est pas de totalement changer les mentalités mais de changer la vision que l’on a d’un certain sujet. 

Le film Sofia parle des non-dits d’une société, des transactions parfois immorales entre les familles, et propose une réflexion sur la condition féminine, mais principalement sur la fracture sociale et le patriarcat à travers le prisme de l’économie, et raconte comment chacun essaie d’exercer son pouvoir sur celui de la classe en dessous.

Comment Meryem Benm’Barek vous a-t-elle présenté son film ? Avez-vous senti qu’elle vous demandait de porter avec elle un “combat” ?

Meryem m’a présenté le personnage, Lena, comme cette jeune fille de la bourgeoisie casablancaise, naïve et candide, avec des idées humanistes, idéaliste et qui représente cette bien-pensante occidentale. À mon arrivée à Casablanca, nous avions passé toute une soirée à discuter du film, des scènes et des personnages. Et surtout toutes les histoires similaires que nous avions entendue chacune de notre côté.

Le film ne représente pas un combat, mais représente un portrait du Maroc contemporain, c’est une invitation à regarder une situation à la fois très marocaine mais tout à fait universelle. Comme le dit si bien Meryem, ce film est conçu comme un grand point d’interrogation, et on espère qu’il pourra susciter le débat. Le film “Sofia” en soi n’apporte aucune solution.

Quel message souhaiteriez-vous adresser à toutes les mères célibataires ?

Qu’elles ne sont pas seules. Des personnes pensent à leurs causes notamment Meryem Benm’Barek en écrivant ce film, et les associations, comme celle de Aicha Ech Chenna, qui travaillent à aider, soutenir et accompagner ces femmes-là.

Et à ceux qui les rejettent ?

Je n’ai rien à dire à ceux qui les rejettent, si ce n’est d’avoir plus de compassion, d’empathie et une certaine ouverture d’esprit.

Vous apparaissez pour la première fois à l’écran en 2015 dans le film d’Howard J. Ford “Never Let Go” avant de travailler avec Hamid Basket dans “Papillon”, Nour-Eddine Lakhmari dans “Burn Out” et aujourd’hui avec Meryem Benm’Barek dans “Sofia”. Vous tournez-vous de plus en plus vers des films engagés ?

J’ai eu énormément de chance quant aux projets qui me sont offerts. En tout cas, c’est toujours gratifiant de savoir que l’on fait un film qui porte un message ou qui incite  tout simplement à une réflexion utile.

On le sait moins, mais avant de vous lancer dans le cinéma, vous avez fait des études de médecine. Quel a été le déclic ?

Oui et jusqu’ici j’ai joué trois médecins à l’écran ! Quelle ironie !  J’ai été casté devant mon lycée, le jour du bac pour un long métrage. Du coup cela m’a donné envie d’essayer le théâtre. Initialement, l’idée était de prendre une petite année sabbatique avant de reprendre mes études de médecine. Et puis je suis tombée dedans, j’ai adoré et aujourd’hui je ne me vois absolument pas faire autre chose.

La campagne MeToo a fait trembler le monde du cinéma mais pas le cinéma marocain. Pour vous, quelle en est la signification ?

La signification est que le Maroc reste encore en marge de ce genre de mouvement et que les hommes s’en sortent encore et toujours. Mais je garde espoir ! Avec cette nouvelle loi sur le harcèlement, et des films comme “Sofia”, je me dis qu’on est sur la bonne voie, et un jour on aura notre MeToo aussi. 

Quels sont vos projets à venir ?

En ce moment je prépare deux long métrages, un film Japonais, avec un tournage à Tokyo, et un film marocain, mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant !

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