Roxalane, le joyau de de Topkapi

C’est le destin hors du commun de Roxelane, simple esclave de harem devenue Hürrem Sultan, le grand amour et l’épouse de Soliman le Magnifique. La somptueuse série télévisée turque “Hareem Soltane” a révélé son histoire et le monde a succombé au charme ravageur de cette femme de pouvoir, intrigante et séductrice.

Fille de Hawrylo Lisowski, un pope orthodoxe, Aleksandra Anastazja Lisowska serait née vers 1505 à Rohatyn, en Ukraine. L’Occident la connaît sous le nom de Roxelane. Capturée par les Tatars de Crimée, la jeune fille est emmenée comme esclave à Kaffa puis vendue à Constantinople au marché de Galata.

En 1520, Soliman devient sultan et la coutume veut que l’on offre au nouveau monarque les plus belles esclaves pour son harem.

À peine adolescente, surnommée “La Rieuse” pour son caractère enjoué, Roxelane attire tous les regards. Rayonnante de beauté, de charme et de sensualité, elle serait la prétendante idéale pour Soliman.

C’est ainsi que Roxelane, âgée tout au plus de quinze ans, entre dans le sérail impérial du Vieux Palais ottoman.

Dans le harem, les esclaves et concubines d’origines diverses sont gardées par des eunuques noirs et dirigées par des gouvernantes. Elles y apprennent non seulement l’art de la séduction et des pratiques sexuelles, mais y reçoivent ausi une éducation raffinée.

Au sommet de la hiérarchie du harem, règne la sultane “Validé” (Al Walida), la toute puissante mère du sultan. C’est elle qui fait et défait le sort de chacune de ces femmes. Roxelane a la chance de lui plaire pour ses attraits et ses qualités.

Pour être distinguée par le sultan et avoir la faveur de passer la nuit avec lui, les filles, parées de leurs plus beaux atours, attendent en rang la visite du sultan. Il arrive, les passe en revue et jette son mouchoir au pied de l’élue.

Peu après son arrivée au sérail, Roxelane est remarquée lors de ce rituel par Soliman. Il tombe fou amoureux d’elle et la belle rousse passera désormais toutes les nuits avec lui. Il la rebaptise, Hürrem, (la souriante). Il ne peut plus se passer d’elle, il est subjugué, envoûté et les mauvaises langues parlent de sorcellerie. Il la couvre de bijoux et de poèmes, l’appelant “mon trésor et mon joyau, mon clair de lune et ma lumière, ma rose et mon printemps éternel, mon ornement et mon diadème, reine de toutes les beautés, mon unique amour.”

Le statut de “hasseki”, favorite du sultan bouleverse l’ordre établi du harem et suscite haines et jalousies. Rusée, Roxelane déjoue les complots contre elle en achetant à prix d’or sa sécurité et ses alliances pour se protéger de ses ennemis et les éliminer un par un. En grande stratège qui vise le pouvoir et la victoire, elle va utiliser les gens comme des pions sur un échiquier.

Femme de pouvoir-née

En premier lieu, Mahidevran, la concubine délaissée depuis l’arrivée de Roxelane et avec laquelle le sultan Soliman a un fils Mustapha, en principe l’héritier du trône. Roxelane intrigue jusqu’à la faire accuser de violences physiques envers elle. Furieux, le sultan ordonne l’exil de Mahidvran et de leur fils Mustapha.

Pour Roxelane, c’est une victoire qui va l’imposer comme la reine du harem, une Kadine. Soliman l’affranchit, faisant ainsi d’elle une femme libre.

Pour l’avoir désormais près de lui, il la fait déménager du Vieux Palais situé en ville et l’installe à Topkapi dans de somptueux appartements.

Femme de pouvoir-née, elle exerce une grande influence sur le sultan dont elle est la conseillère tout en menant sa propre politique en secret.

Après avoir écarté Mahidvra, elle vise Pargali Ibrahim Pacha, ami d’enfance et compagnon de route de Soliman. Cet ancien esclave, grec par son père et italien par sa mère, a gravi les échelons jusqu’à devenir Grand Vizir et époux de la sœur de Soliman, la princesse Hatice Sultan. En répandant des calomnies sur son compte, insinuant qu’il serait resté chrétien, Hürrem obtient sa disgrâce pour hérésie, son exécution et la confiscation de tous ses biens.

Hürrem brise les codes féminins

Poursuivant sa stratégie, Roxelane se convertit à l’Islam et part en pèlerinage à la Mecque. À son retour, elle se refuse à Soliman, arguant que c’est un péché pour une femme musulmane libre d’avoir des rapports physiques avec un homme hors mariage. Elle lui pose cet ultimatum : soit il l’épouse soit il la perd. Trop épris, Soliman le Magnifique décide de faire de sa favorite son épouse légitime, rompant de ce fait avec la tradition ottomane. Le plan de Roxelane a parfaitement réussi.

De ce mariage, naîtront cinq enfants : quatre garçons (dont le futur monarque Sélim II) et une fille. Elle la mariera le moment venu à un ancien chrétien devenu dignitaire du Palais, Rostem Pacha, et fera de lui le Premier ministre.

Au sommet de sa puissance, Hürrem brise les codes féminins : elle sort librement en ville, s’informe des besoins de la population, correspond avec les gouvernants de l’empire ottoman et les dirigeants du monde, reçoit les ambassadeurs étrangers, et des artistes et intellectuels influents.

En plus de la politique et des intrigues où elle excelle, Hürrem va se révéler bâtisseuse d’ouvrages monumentaux et désigne pour cela Sinan comme architecte officiel de l’empire ottoman. Elle fait construire des quartiers comme

Aksaray Avret Pazari, une mosquée, une médersa, des fontaines et deux magnifiques bains publics “Hasseki Hürrem Sultan Hamami”.

Elle s’engage aussi dans des œuvres caritatives et fait édifier un hôpital pour femmes, un hospice, un refuge pour les sans-abris et un orphelinat. Forte de son ascendant sur Soliman, elle fait fermer les marchés aux esclaves.

Il reste à la sultane à éliminer l’héritier du trône, Mustapha. Elle parvient à convaincre Soliman que son fils s’est allié aux Perses dans le but de le tuer et lui succéder. Aveuglé par la colère, Soliman convoque Mustapha et assiste à son assassinat en pleurant.

S’en suivront d’autres meurtres politiques, sorte de “Game of Thrones” pour assurer la succession à Sélim II un des fils de Hürrem et de Soliman.  Il sera surnommé “L’ivrogne”.

Ensorcelante Roxelane

Hürrem meurt d’une pleurésie le 18 avril 1558, à près de 60 ans. Dévasté par le chagrin, Soliman est inconsolable.

Il s’éteindra à son tour, malade et affaibli, le 7 septembre 1566, à 71 ans, à Szigetvar en Hongrie. Rapatrié à Istanbul, son corps repose dans un mausolée près de sa mosquée Sülaymaniya, non loin de la tombe de Hürrem Sultan, son épouse bien-aimée.

L’amour qui unissait Hürrem à Soliman le Magnifique a inspiré nombre de créations littéraires et artistiques : des romans, des tableaux de peinture, des ballets, des pièces de théâtre, des œuvres musicales comme la Symphonie n° 63 de Joseph Haydn ou l’opéra de Denys Sichynsky. En 2017, les musulmans de Mariupol, une ville d’Ukraine, ont érigé une mosquée à sa mémoire.

C’est le cinéma qui révèlera Roxelane avec la somptueuse série télévisée devenue culte et planétaire “Hareem Soltane”, que l’Occident a intitulée “Le Siècle magnifique”.

Diffusée de 2011 à 2014 dans 50 pays, la série turque devient virale et conquiert le monde, offrant une extraordinaire publicité pour la Turquie.

Le réalisateur turc, Meral Okay, réunit un casting de rêve avec les meilleurs acteurs du pays et, en couple vedette, la flamboyante Meryem Uzerli dans le rôle de Roxelane Hürrem et le séduisant Halit Ergenç en Soliman le Magnifique.

Intrigues, passions et complots, décors, costumes et parures dignes des Mille et une nuits, rien n’est trop beau pour faire fantasmer et tenir en haleine les téléspectateurs de toutes nationalités et cultures.

La magie du conte en images a opéré et gravé dans toutes les mémoires le nom et l’histoire de l’ensorcelante Roxelane, simple esclave du harem ottoman du 16ème siècle, devenue la puissante Hürrem, épouse de sultan et mère de sultan.

En lettres d’or, de sang et de feu, elle aura écrit chaque jour un chapitre de son fabuleux destin dans le grand livre des femmes de légende.

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