Rétro branché

Coupes ultra-féminines et ajustées à la taille, gilets en cuir et fourrure, Loubna Horani nous refait un mai 68 du caftan... tout en lui offrant un vrai cachet à l'ancienne, bien de chez nous, riche de broderies, finition maâlem et nobles étoffes. Intemporalité du Zaman versus glamour new wave, chaque élégante peut y trouver son compte avec bonheur !

FDM : Comment perceviez-vous Caftan avant de le vivre ? Challenge éreintant ? Passeport professionnel ? Concours difficile avec présélections draconiennes ?
Loubna Horani : Je le perçois surtout comme un défi demandant un travail colossal. Il faut s’y préparer mentalement et la réflexion m’a pris du temps. Ce sont mon père et mon mari qui m’ont encouragée
à sauter le pas. Je m’étais toujours dit que je ne postulerais que l’année où je pourrais m’y consacrer corps et âme, investir tout mon temps et mon énergie. Il faut savoir que le calendrier est très serré entre le dépôt des dossiers pour la présélection et l’aboutissement des tenues pour le défilé. Et pas question de bâcler quoi que ce soit ; la barre étant placée très haut, mon image est en jeu !

Le thème “Vogue Zaman” est chargé d’histoire, tout en étant tourné résolument vers la modernité. Au niveau de la construction de votre collection, comment avez-vous nagé dans ces eaux contradictoires ?
J’ai réalisé un joyeux mix de Zaman et de Vogue. L’aspect moderne, on peut le détecter dans le choix de certaines matières brutes (cuir et fourrure pour les gilets), dans des détails, comme les manches à volants, les cols asymétriques ou encore la sfifa lurex en couleur, pour ce qui est de la façon… Et comme le Zaman évoquait pour moi un passé indéterminé, je l’ai scindé en deux et me suis amusée à voyager dans deux époques fort différentes. Aux années 60-70, j’ai emprunté les codes rétro de la mode occidentale : robe ajustée, ceinturée à la taille et portée avec une veste ; ça a été l’inspiration pour la coupe de mes caftans,
rehaussés d’un gilet (équivalent de la fameuse petite veste). Et, histoire de mettre en valeur le côté ancien du vêtement, j’ai focalisé sur des tissus intemporels : brocarts, mousselines, tlijas, velours, dentelles et nos finitions bien à nous : maâlem, broderies…

Une thématique imposée et parfois surprenante, crée-t-elle chez un styliste une limitation et une difficulté à y adapter son propre style ou, à l’inverse, lui ouvre-t-elle les horizons d’une créativité débridée ?
J’ai l’intime conviction qu’un styliste se doit d’être flexible. A coup sûr, il a sa griffe et impose sa touche personnelle en toute légèreté ; mais il doit pouvoir s’adapter à n’importe quel registre de création. Déjà, au niveau de notre clientèle, on a cette obligation de capter la demande, aussi originale nous semble-t-elle, et d’en tenir compte dans la réalisation du caftan… Lorsqu’il s’agit de faire des recherches autour d’un thème, on est donc poussé à se renouveler et à proposer d’autres choses, puisant dans ce qui est la
mode d’aujourd’hui, d’hier et, bien sûr, d’ailleurs. La créativité en est extraordinairement stimulée.
Quelles sont vos sources d’inspiration pour créer ? Je m’inspire généralement des défilés de haute couture internationale ; de créateurs comme Lacroix, Galliano et

“EN DÉFINITIVE, FAIRE CAFTAN EST UNE PRESSION ÉNORME, MAIS CE N’EST PAS IMPOSSIBLE !”

d’autres. Chaque saison amène sa moisson d’innovations : dans la ligne des vêtements, les associations de couleurs, les détails des manches, les volumes (coupe évasée ou près du corps). Je pioche ici et là un plissé, une manche bouffante ou trois-quarts, un style et je l’incorpore dans mes créations. Mes caftans
gardent leurs finitions marocaines mais suivent le moove des tendances. D’autre part, mes racines berbères, du côté de ma mère, me font aussi affectionner les couleurs épicées qui stimulent mon imagination.

C’est quoi votre révolution arabe à vous du caftan ? La Loubna Horani touch qui vous caractérise ?
Mon dada, c’est oser les associations de couleurs même les plus improbables ! J’adore aussi mettre en valeur le corps de la femme avec du “sur-mesure” et des coupes ajustées très près du corps. Ce sont des évolutions qui tranchent avec la neutralité fade du ton sur ton qu’on affectionnait dans le temps ou encore les caftans aux épaules tombantes qui prévalaient il y a quinze ou vingt ans.

Faut-il nécessairement être un peu artiste dans l’âme pour réussir dans ce métier ? C’est-à-dire que la technique ne suffit pas…
Schématiquement, on peut assimiler le stylisme à la création-conception sur le plan artistique et le modélisme, à son application au niveau du volet technique. Et les deux sont bien entendu indissociables.
Si le modélisme s’apprend dans les écoles, on ne s’improvise pas pour autant créateur si on n’a pas un minimum de dons artistiques pour agencer les couleurs, les matières, les pièces entre elles. Il faut aussi se targuer de goût et d’inventivité !

Bilan santé de Jeune Talent et poussées d’adrénaline successives sur l’ensemble du process…
Il y a eu beaucoup de stress, bien évidemment ; car il y a un timing très serré à respecter. Quand je bloquais sur une idée, je prenais du recul, allais faire un tour… Et puis on apprend aussi à gérer les impondérables : défaire et refaire, quand l’effet attendu n’est pas au rendezvous… mais il faut rester zen, quoi qu’il arrive. C’est finalement compliqué mais
pas impossible ! (Rires)

Vos stylistes marocains haute couture préférés et pourquoi ?
Je vote sans l’ombre d’une hésitation pour Raouh Abdelhanine. Non seulement pour sa créativité mais aussi pour ses modèles très originaux. Il effectue un travail remarquable sur les drapés, la fluidité des
tenues… C’est également un ami qui a cru en moi et m’a soutenue sans faille, lors de ma participation à Caftan.

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