Il est interdit de s’embrasser durant la journée de jeûne
L’idée communément admise : aucun contact n’est toléré entre époux de l’aube au coucher du soleil. Embrasser sa femme ou son mari entraînerait une rupture immédiate du jeûne.
Faux. Les caresses ou baisers innocents n’entraînent pas l’annulation du jeûne. Aïcha, épouse du Prophète, affirmait qu’il l’embrassait et la caressait de jour. Le fiqh distingue l’échange d’affection, permis lors du jeûne, de l’échange d’érotisme. Les actes de tendresse, d’affection, de complicité et d’amour sont autorisés et rien n’empêche qu’un couple en état de jeûne ne continue à nourrir sa relation tant que l’acte sexuel n’est pas commis. En cas d’excitation intense, la journée n’est pas valable, il faudra la rattraper ultérieurement. Aussi, un baiser affectueux sur la joue de l’un ou de l’autre ne prête pas à conséquence, sauf si le baiser est à connotation sexuelle, et donne envie d’aller plus loin. La nuit tombée, en revanche, rien n’interdit un rapprochement des corps.
Une pensée érotique est susceptible d’interrompre le jeûne
L’idée communément admise : une pensée érotique serait presque assimilable à un acte sexuel, et donc incompatible avec le jeûne.
Faux. Il faut bien évidemment se fermer à ce type de pensée. Observer le ramadan, c’est résister à ses pulsions, faire preuve de maîtrise de soi et réussir à chasser de son esprit tout ce qui pourrait parasiter la bonne volonté.
Les relations sexuelles sont interdites
L’idée communément admise : pendant le mois du ramadan, il est proscrit d’avoir des relations sexuelles pendant la journée.
Vrai. Il est interdit d’avoir des relations charnelles pendant la journée. Mais si des pratiquants ont une relation sexuelle pendant la journée, ils doivent non seulement faire une journée de jeûne supplémentaire, car leur journée est perdue, mais ils doivent également expier leur faute. À l’origine, il fallait affranchir un esclave, jeûner pendant deux mois consécutifs ou bien procurer de la nourriture à 60 pauvres.
Les rapports entre époux pendant le mois sacré, entre le coucher et le lever du soleil sont bien évidemment autorisés. Le Coran encourage la sexualité durant cette période particulière : “On vous a permis, la nuit d’as-Siyam (du jeûne), d’avoir des rapports avec vos femmes ; elles sont un vêtement pour vous et vous un vêtement pour elles” (sourate II :187).
Après un rapport sexuel, il faut faire ses ablutions sur le champ
L’idée communément admise : après une relation sexuelle, il faut se purifier et ne pas attendre le matin pour le faire.
Vrai et faux. Il est possible de jeûner en état d’impureté rituelle (janaba) après un rêve érotique ou un rapport sexuel. Mais pour faire sa prière le lendemain matin, il est préférable de se laver avant l’aube. Le jeûne, toutefois, n’est pas conditionné par le rituel de purification, sauf en fin de menstrues chez la femme.
Certaines pratiques sont interdites entre époux pendant le mois sacré
L’idée communément admise : les relations intimes entre époux doivent s’inscrire dans la normalité.
Faux. En dehors de la sodomie, qui est explicitement prohibée par l’islam, il n’y a pas d’interdit en matière de sexualité conjugale. Les époux sont libres de s’adonner à ce que bon leur semble dans le respect de leur intégrité physique.
L’éjaculation pendant la journée
L’idée communément admise : l’éjaculation annule le jeûne.
Faux et vrai. Le fiqh nuance entre éjaculation volontaire et involontaire. Ainsi, si l’homme dort pendant la journée et éjacule involontairement, sans sensation de plaisir et sans stimulation volontaire, son jeûne est valide. S’il ressent un orgasme, son jeûne est interrompu et il doit expier son péché par la kaffara (jeûner 60 jours d’affilée ou payer la nourriture de 60 pauvres). S’il éjacule après un acte délibéré, regardant avec insistance une femme, l’embrasse et la caresse, il rompt son jeûne, et doit s’acquitter de la kaffara.
La pilule contraceptive est interdite
L’idée communément admise : tout ce qui peut entraver la procréation est interdit, et c’est un double péché pendant le ramadan.
Faux. L’islam n’interdit pas les méthodes contraceptives, que ce soit pendant ou hors ramadan.
Pendant les règles, la femme est impure
L’idée communément admise : Pendant ses menstrues, la femme doit limiter ses contacts avec son époux
Faux. Une distinction s’impose entre contacts et rapports sexuels. L’islam interdit les rapports sexuels pendant et hors ramadan. Mais il serait absurde de traiter la femme comme une pestiférée sous prétexte qu’on est en période de jeûne.
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Femmes et Ramadan
L’un des travers majeurs du monothéisme est d’avoir élaboré la doctrine du péché originel aux dépens de la femme. L’orthodoxie exégétique a rendu Ève coupable de la sortie du jardin d’Éden. Depuis, la femme a toujours été associée à une nature faible, à la séduction ou encore à la tentation de la chair. Elle est la cible de toutes ces précautions, qui ont fini par se muer en “interdits”.
Une féminité éteinte
Décolletés pigeonnants, jupes courtes, tissus moulants sont un appel au plaisir de la chair et donc susceptibles de détourner nos hommes du droit chemin pendant ce mois d’abstinence. En définitive, la femme ne doit pas attirer le regard des hommes durant cette période sacrée. Côté maquillage, le teint blafard est de mise. Exit les cosmétiques, le parfum et tous les soins esthétiques visant à être belle et désirable. Seul le crayon khôl trouve grâce aux yeux des puritains purs et durs. Ce qui relève de l’hygiène est toléré (shampooing, savon etc.).
La pilule sans discontinuer pour éviter les règles
Pour ne pas avoir à interrompre le jeûne en période de menstrues, certaines femmes prennent la pilule contraceptive de leur propre initiative. Cette attitude est vivement déconseillée par les médecins car elle peut être dangereuse pour la santé. Pour le fikh, rien ne l’interdit ni ne l’autorise, car la pilule contraceptive n’existait pas à l’époque de la révélation du Coran. Pour certains prédicateurs, influer sur ce cycle naturel n’est pas bienvenue, car c’est en contradiction avec l’esprit du mois sacré qui est de renouer avec la nature, et de faire le vide aussi bien au sens propre (avec la nourriture) qu’au sens figuré (avec ses péchés).