Rachid Khaless, poète et président de l’Association Med-cultures.

Certaines oeuvres sont la cible de critiques véhémentes pour peu qu'elles s'écartent de ce que la doxa appelle les socles d'une société : pouvoir, religion, sexe. Si elle ne permet pas l'échange serein, cette critique a la vertu de définir deux axes : la norme et l'écart. Sa conséquence évidente est de rendre visibles les défenseurs acharnés de ces socles quand les producteurs de ces idées dites subversives subissent l'anathème.

Le cas de la censure au Maroc est beaucoup plus pervers. Elle est sentence effective, mais le censeur est anonyme ! Ces dernières années plusieurs oeuvres, essais ou fictions, sont mises à l’index. Souvent, leur caractère maléfique est souligné. Dans le même élan, les fondements de la société sont redéfinis, les lignes rouges reprécisées. Pour ce qui est des oeuvres de création, la censure prend l’allure de l’interdiction. C’est le cas du long-métrage “Un film”, du réalisateur Mohamed Achaour ou du roman “Le Jour du Roi”, d’Abdellah Taïa (Seuil). Mais “Le dernier combat du captain Ni’mat” (La Différence, Prix de La Mamounia 2011) est bel et bien censuré. Si j’ai mis côte à côte ces deux derniers titres, c’est pour montrer le caractère ambivalent de la censure. Taïa affiche publiquement ses penchants homosexuels sans que ses livres ne soient inquiétés. Le roman posthume de Leftah est mis en accusation parce qu’il traite de l’homosexualité. Démarche bien paradoxale. Elle empêche la circulation des idées et, mine de rien, vise à contrôler les esprits. En rupture avec tout conformisme, ces écrits mettent en branle les codes symboliques et ont l’avantage de promouvoir la liberté des idées. Si elles suscitent l’animosité de certains lecteurs frileux sur les questions de morale ou de l’identité, c’est bien parce qu’elles secouent les consciences et remettent en question leur confort. Elles dénudent le visage de l’interdit. Cette pratique, très répandue aux lendemains de la prédication en Islam, a donné lieu à diverses formes d’inquisition. La plus nette ressortit à l’iconoclastie. La représentation du corps est dès lors proscrite. Un pan important de l’art a été occulté. La censure suscite paradoxalement l’engouement pour l’oeuvre interdite. Elle rate sa cible : elle ne rend que plus visible son objet ! Plusieurs livres faisant l’éloge de la haine sont en libre circulation au Maroc sans que cela ne choque personne. Sur la question controversée du sexe, le traité d’érotologie du Cheikh Nafzaoui, “La Prairie parfumée”, qui véhicule une vision dégradée du

corps de la femme est vendu non loin des mosquées ! C’est justement de corps qu’il s’agit dans “Le dernier combat du captain Ni’mat”. Ce livre pose la question de l’individu dans le groupe et porte au questionnement une virilité toute arabe qui occulte la part belle de la liberté individuelle, de la différence. C’est une écriture critique qui secoue les référentiels de la société, mais c’est une fiction dont les personnages sont faits de papier et d’encre. La censurer, c’est censurer l’imaginaire et empêcher la circulation des idées. La censure est coupable d’infantiliser le lecteur qui, en son âme et conscience, doit se former un jugement sans tutelle morale. Aussi, un responsable du secteur, s’il n’a pas le courage de lever la censure sur des oeuvres de fiction, est-il coupable de prévarication. Le lecteur marocain a droit à sa littérature et à la force de l’imaginaire des créateurs ! â– 

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