Asma Lamrabet, Médecin biologiste, essayiste et féministe
“Cette pandémie a créé un environnement anxiogène, ce qui fait qu’il y a beaucoup de projets en instance, de travaux qu’on voudrait lancer, mais qui sont en stand-by, car on ne sait pas planifier pour le futur… Je crois que c’est cette leçon qu’il faut retenir : vivre au jour le jour et prendre conscience que rien n’est acquis dans la vie. Il faut aussi savoir être dans la gratitude. Mais ce qui m’attriste, c’est que nous n’avons pas retenu la leçon. On est toujours à attendre que la vie reprenne sa normalité, alors que nous ne vivions pas avant une vie normale. Nos vies étaient trop matérialistes, il y avait trop de stress… Je pense que cette pandémie est venue nous donner une leçon, savoir écouter la vie, son corps, ne plus tomber dans le piège du stress, de la compétitivité, être à l’écoute de la nature et de l’humain… Retrouver notre humanité en fait, et je crois que c’est cette grande leçon d’humanité qu’on doit avoir. Même le monde scientifique qui montrait il y a deux ou trois ans avec arrogance sa domination sur l’homme et sa santé prouve que rien n’a été dominé. Il faut garder l’humilité et la gratitude, et tirer des leçons de cette pandémie.”
Leila Rhiwi, Représentante ONU Femmes- Bureau Maroc
“Ce qui m’a le plus marquée en 2021 est une avancée légale au Maroc qui est probablement passée inaperçue: l’adoption du quota en faveur d’un équilibre entre les sexes dans les organes de gouvernance des sociétés anonymes. En effet, le projet de loi 19-20 modifiant et complétant la loi 17-95 relative aux sociétés anonymes, instaure l’adoption d’un quota progressif d’équilibre de genre de 30% au bout de 3 ans et 40% à horizon de 6 ans dans les organes d’administration des Sociétés Anonymes. À travers la mise en place de ce quota, le Maroc matérialise ses engagements de mise en œuvre des dispositions de la CEDAW (La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes), notamment en ce qui concerne les mesures affirmatives provisoires et s’inscrit dans les efforts d’harmonisation de son cadre légal aux standards internationaux en ce qui a trait au principe de l’égalité entre les sexes. Cette avancée légale, contribue au renforcement d’une gouvernance sensible aux préoccupations de genre et promeut une plus grande performance des entreprises.“
Aïcha Ech Chenna, présidente fondatrice de Solidarité féminine
“La première chose qui m’a le plus marquée, c’est que parler des mères célibataires n’est plus un tabou dans notre société. Mon souhait le plus cher est que les mères n’auront plus honte d’avoir un enfant en dehors du mariage. La seconde chose que je tiens à relever est l’introduction de l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires au primaire. C’est une bonne initiative, mais il faudra aussi approfondir ces programmes avec une approche scientifique et psychologique. J’ai aussi apprécié l’information concernant l’ouverture à Salé d’un centre pour les futures mères célibataires jusqu’à la naissance de leur enfant, et les accompagne pour ne pas l’abandonner à la naissance ou du moins réfléchir sérieusement aux options qui s’offrent à elles avant de prendre leur décision. Mais je suis toujours en colère contre cette exclusion d’un enfant né hors mariage. Il est stigmatisé à l’école, et souvent exclu du monde du travail… Les lois doivent être en phase avec l’évolution de la société, et doivent aussi être mieux expliquées et mieux appliquées.”
Meriem Oudghiri, Rédactrice en chef L’Économiste, Vice-présidente de l’Union Internationale de la presse francophone
“Dans cette période inédite, il est difficile de choisir un fait marquant de l’année 2021. Mais un mot vient à l’esprit : la résilience. Et le Maroc l’a montré tout au long de ces mois. Le pays n’a peut-être pas de pétrole, mais il a fait preuve d’ingéniosité et la pandémie a agi comme un véritable catalyseur d’innovation scientifique et technologique.
La résilience c’est ce qui permet d’appréhender la crise comme une belle opportunité pour se réinventer. Ce qui nous pousse à changer notre façon de faire, à repenser nos méthodes de travail et nos stratégies. Tout cela est au cœur du nouveau modèle de développement. Cette feuille de route sera un voyage au long cours pour permettre à notre société de devenir plus dynamique, de sortir des modes de fonctionnement archaïques, d’être plus apte à prendre en charge les inégalités. C’est en tout cas notre plus grand souhait pour 2022 et pour l’avenir.”
Leïla Doukali, présidente de l’Association des Femmes Cheffes d’Entreprises du Maroc (AFEM)
“Ce qui m’a particulièrement marquée cette année, est le fait d’avoir réussi à décrocher l’organisation mondiale du congrès des femmes chefs d’entreprise au Maroc, à Marrakech en novembre 2022, face aux candidatures de plusieurs pays.
La hausse des taux de douane a été un coup dur pour le secteur et a impacté l’activité, mais malgré cette période compliquée de post-covid, j’ai réussi à ouvrir un quatrième point de vente à Marrakech. La fiscalité est pénalisante pour l’activité et impactante pour le pouvoir d’achat du consommateur, mais je suis de nature optimiste, et j’essaie toujours d’apporter de la valeur ajoutée et de créer de l’emploi.
Le Maroc a un potentiel incroyable et les institutions, à l’instar du CRI, accompagnent de façon encore plus efficace les femmes chefs d’entreprise. Personnellement, je ne cesse d’encourage les jeunes femmes qui ont des idées innovantes, novatrices et un business plan qui tient la route à se lancer dans l’entrepreneuriat et contribuer ainsi à faire avancer notre pays. Pour les 20 ans de l’AFEM l’année dernière, nous avons lancé Amally, une action qui encourage et accompagne les femmes chefs d’entreprise.” υ
