Quelle école pour demain ?

L’école à distance a laissé des séquelles indélébiles sur un nombre incroyable d’élèves. Le système hybride n’a pas profité d’une manière égalitaire à tous les enfants, et les scénarios qui se profilent actuellement à l’horizon laissent planer des doutes. Explications.

Annoncée pour le 3 septembre, puis reportée au 10 septembre, la rentrée scolaire est finalement repoussée au 1er octobre 2021. Cette décision, motivée par la situation épidémiologique actuelle et l’avancée de la campagne de vaccination, n’en inquiète pas moins les parents. Ces derniers ont la hantise d’être à nouveau les otages d’un enseignement hybride au cours duquel ils sont appelés à jouer pleinement le rôle d’enseignants à domicile. C’est justement cette situation que le ministère de tutelle tente d’éviter. En clair, la rentrée est tributaire de “l’amélioration de la situation épidémiologique dans le pays et la nécessité de consolider les acquis réalisés face à l’épidémie de Covid-19”, mais aussi du bon déroulement de la campagne nationale de vaccination pour les 12-17 et les 18 ans et plus.
L’enseignement à distance ou hybride au cours des deux dernières années a creusé un fossé entre les élèves du rural et de l’urbain, ceux du privé et du public, en asseyant avec force une école inégalitaire avec son corollaire, le décrochage scolaire. Le constat est bien amer: “40% des élèves, notamment des milieux défavorisés et du monde rural, n’ont pas suivi”, avait reconnu le ministère lui-même. C’était en 2020.

Un enseignement à double vitesse 

L’année scolaire 2020-2021 n’a pas été meilleure puisque le choix d’un enseignement hybride a été adopté afin de désengorger les classes, et d’éviter les contaminations. L’idée était de procéder à une sorte de roulement : la moitié des élèves à l’école, et l’autre moitié appelée à suivre les mêmes cours chez soi, en auto-apprentissage, avec une moyenne de trois jours en présentiel. Sauf que cette configuration ne correspond ni aux moyens technologiques de l’ensemble des établissements scolaires ni aux équipements matériels des parents. “L’enseignement à distance se présente certes comme un élément indissociable et indispensable de l’orientation générale des systèmes éducatifs dans les pays tant développés qu’en voie de développement. Mais, n’oublions pas que les formations présentielles ont leur importance. Aussi, il faudrait les associer à des méthodes novatrices, ainsi qu’à une remise à niveau pour répondre aux défis de l’avenir et construire des systèmes éducatifs résilients”, confiait à notre magazine Golda El-Khoury, directrice et représentante du bureau de l’UNESCO pour le Maghreb. Un grand défi que l’école marocaine peine à relever.

La qualité de l’enseignement

“Les élèves du public ont des difficultés d’apprentissage en temps normal et l’enseignement à distance les met encore plus en difficulté”, alerte cet enseignant qui aspire à un retour à l’enseignement d’avant. Il va sans dire que ces deux dernières années ont porté un coup dur au système éducatif national. En effet, les maux de notre école sont légion, et la pandémie n’a fait qu’accentuer cette crise de l’apprentissage en mettant à nu les multiples défaillances de cette institution.

Il faut convenir que la dégradation de la qualité du système éducatif marocain ne remonte pas uniquement au temps de la pandémie. Ce grand corps malade est en souffrance depuis des décennies déjà, et d’énormes ambitions ont été nourries pour éradiquer ses nombreux maux et plaies. Mais les plans d’urgence réalisés à tout bout de champs n’ont pas encore apporté les résultats escomptés. La Commission Spéciale du Nouveau Modèle de Développement (CSNMD) a pour sa part mis l’enseignement au cœur de sa stratégie, appelant à une thérapie de choc pour sortir le secteur de sa léthargie. La feuille de route émise par cette commission à l’horizon 2035 est pour le moins ambitieuse. Elle table sur plus de 90% des élèves ayant les compétences scolaires fondamentales à la fin du cycle primaire alors qu’on n’en compte aujourd’hui que 30%  et une une bonne remontée dans les PISA, TIMSS et PIRLS où actuellement le Maroc occupe les derniers rangs. L’autre recommandation de la CSNMD concerne la scolarité obligatoire couronnée par un diplôme d’enseignement général ou professionnel.

Mais tout cela ne peut se faire sans une révision globale de l’architecture de la formation, le renforcement de la formation qualifiante des enseignants, et la formation continue du corps enseignant déjà en poste. Cette approche doit s’accompagner en outre par la réhabilitation de l’école publique, qui ne devrait plus être synonyme de fabrique à chômeurs, mais redevenir le formidable ascenseur social qu’elle avait été de par le passé, garant de chances pour toutes et tous. La réforme de l’école demeure à ce jour le plus grand enjeu du Maroc au 21ème siècle, car n’en doutons pas, la crise de l’école marocaine n’est pas une fatalité. Mais encore faut-il avoir une vision sur le long terme.

La pandémie de la Covid-19 poussera-t-elle à l’école en pointillés ? Espérons qu’elle ne soit pas celle de demain, et que la rentrée scolaire 2021-2022 se déroulera dans les meilleures conditions. Surtout pour les élèves vaccinés qui pourront, comme l’a souligné le communiqué du ministère, revenir au présentiel intégral.

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