Point de non-retour ?

Après un couac phénoménal, faut-il se dire que tout est vraiment fini ? Qu'est-ce qui fait que certains couples résistent là où d'autres craquent ? Eclairage.

Les statistiques accusent une augmentation du nombre des divorces. Parmi ces couples qui se défont, on peut se demander si, en s’y prenant autrement, certains n’auraient pas pu durer en construisant plus solidement les fondations de
leur union. Les raisons de ruptures sont multiples et variées. Nous avons sélectionné trois cas de figure que nous avons soumis à l’analyse de Chafika Sekkat, psychiatre.
Siham et Hassan se sont quittés après cinq années de vie commune. Depuis deux ans déjà, ils avaient tendance à souvent se disputer car Siham reprochait à son mari son manque de disponibilité. “Il vivait comme un célibataire qui retourne chez sa maman le soir. Très ambitieux pour son travail, il n’avait aucune limite et rentrait très tard. Il me laissait toute la gestion matérielle de la vie du couple et passait son temps libre devant la télévision ou au sport.
J’ai voulu me montrer généreuse, et comme je l’aimais, je souhaitais lui faire plaisir et aussi lui donner le temps de changer. Mais à force, je me suis rebellée et lorsque Hassan rentrait, je le couvrais de reproches. Il partageait de moins en moins de choses avec moi. Plus j’essayais d’en parler, plus il prenait la fuite… Un jour, il est parti définitivement.” Hassan prolongeait avec Siham la vie qu’il avait chez ses parents. Que lui a-t-on toujours demandé, si ce n’est d’être un gentil petit garçon qui doit être le premier à l’école ? Pour le reste, il n’avait rien à faire. Maman pourvoyait à tout et fiston pouvait aller jouer. On ne lui a jamais parlé de partage. La vie d’homme en dehors du travail ? Il ne connaît pas, comme si le modèle parental n’avait pas joué, ou lui faisait peur. Pour Siham, la déconvenue est de taille. Son amour pour Hassan lui donne l’illusion d’être toute puissante, un peu comme l’enfant qui croit qu’avec l’amour qu’il porte à ses parents, il va faire des miracles. C’est un manque profond de réalisme et une certaine dose d’égoïsme qui les a fait craquer. Siham a eu tort de croire qu’elle pouvait transformer son époux et lui apporter tout ce qu’il n’avait pas. Quant à lui, il aurait fallu qu’il comprenne un peu plus tôt que Siham existait en tant que femme, et non comme simple prolongement de sa propre mère.
A l’inverse, Mona et Sami ne se sont jamais fait de reproches. Dix ans de mariage, de beaux enfants… Sami raconte : “Médecins tous les deux, nous pratiquions dans le même cabinet privé. On parlait surtout du travail et des enfants, mais on ne se disait pas ce qui n’allait pas. Dès que je le pouvais, je faisais du sport, je voyais mes amis… Elle ne disait rien, s’occupait de tout et semblait s’en accommoder. Elle a fini par me quitter pour un copain de promo venu proposer de se joindre à nous pour la gestion du cabinet ! J’ai enfin compris que je l’avais trop négligée. Elle n’a jamais voulu revenir sur sa décision.” “Mona et Sami, c’est l’histoire d’un couple qui ne communique pas”, commente Chafika Sekkat. A trop vouloir éviter le conflit, ils se retrouvent face à une séparation brutale. Pourquoi Mona a-t-elle laissé croire à son conjoint que sa manière d’être et de vivre lui convenait ? Avait-elle peur qu’il la quitte, ou se croyait-elle assez forte pour tout assumer ? Quant au mari, était-il vraiment inconscient au point de ne pas deviner les besoins de sa femme ? Prolongeait-il, à son insu, la vie de fils gâté qu’il a connue ? Si chacun ne dit pas au fur et à mesure ce qui ne va pas, si de chaque côté on accumule les griefs laissant l’autre dans l’inconscience, ça finit inévitablement par craquer. Suite à une vie harmonieuse sans gros problèmes de couple, Nadia a quitté son mari après 35 ans de mariage ! Elle raconte : “Quand j’ai découvert que mon mari me trompait après 20 ans de vie commune heureuse, j’ai décidé de fermer les yeux et de ne pas en parler, pour ne pas gâcher toutes ces années de bonheur. Je pensais que cette histoire s’arrêterait d’elle-même et qu’il ne fallait pas envenimer les choses. Jusqu’au jour où une cousine lointaine a fait allusion à cette liaison. J’ai alors compris que tout le monde savait, et j’en ai parlé à mon mari. Je lui ai  fait des reproches. J’ai été de plus en plus agressive, jusqu’à ce que notre relation devienne infernale. Il a décidé de partir.” Le vécu de Nadia montre que ce n’est pas un écart qui provoque la rupture, mais un élément plus grave : la  blessure narcissique et l’image sociale qui, à tort ou à raison, se trouve modifiée quand l’entourage apprend une nouvelle qui ne regarde que la stricte intimité du couple. “En effet, rappelle Chafika Sekkat, Nadia ne met pas en avant la faute de son conjoint au nom de la morale ou des promesses non tenues, mais bien sa propre souffrance due à une blessure narcissique profonde”. C’est souvent la douleur qui fait craquer.
Or, cette dernière est très relative d’un individu à l’autre. Personne n’a la même capacité à digérer la difficulté de la vie, de l’imprévu. Personne n’a le même degré de tolérance à l’autre, les mêmes exigences, la même histoire familiale. C’est cela qui détermine le seuil de résistance et qui explique que certains couples résistent là où d’autres craquent et se disloquent. Entre le désir de rester coûte que coûte et le risque lié à une éventuelle rupture, certains couples hésitent, s’interrogent sur les possibilités de réconciliation, mais aussi sur leur capacité à affronter la vie seul. “La difficulté de vivre à deux, rappelle notre spécialiste, vient souvent de ce que les besoins de l’un sont opposés à ceux de l’autre”. Bien des couples se choisissent sur des tempéraments ou des qualités contraires croyant trouver ainsi l’harmonie. Il faut quand même un terrain commun et une aptitude à s’identifier à l’autre pour que cela fonctionne. La vie de couple est tout  sauf un long fleuve tranquille !

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