Ouidad Elma L’étoile montante

Belle, jeune et libre, Ouidad Elma est un être de passion. Évoluant dans la vie au rythme de ses choix, de ses envies, elle ose ce que trop peu de femmes se permettent : être elle-même, tout simplement. Rencontre.

FDM : On t’a découverte dans “Love in the medina”, d’Abdelhaï Laraki ; on t’a rencontrée dans “L’amante du Rif”, de Narjiss Nejjar ; et on t’a croisée dans “Zéro” de Nour-Eddine Lakhmari. Qu’attends-tu du cinéma marocain aujourd’hui ?

Ouidad Elma : Des rôles complexes, des histoires fortes ancrées dans notre réalité, notre culture, nos origines et nos rêves. Des sujets qu’on n’ose toujours pas aborder dans leur entière vérité. J’espère aussi ce cinéma plus féminin, avec davantage de réalisatrices, de productrices, de comédiennes… Je le vois avec un rayonnement international. Et de mon côté, il y a plein de choses que j’aimerais encore donner au cinéma marocain.

Tu as remporté le prix de la meilleure interprétation féminine lors de la dernière édition du  Festival “Cinéma et Migrations”, organisée à Agadir, pour ton rôle dans “7 rue de la folie”, du réalisateur Jawad Rhalib. De quoi parle ce film ?

C’est l’histoire de trois sœurs enfermées dans une ferme et qui, du jour au lendemain, se retrouvent sans père. Condamnées à être libres, elles  vont sombrer… Je joue le rôle de Sara, un personnage autiste qui fait preuve d’une liberté enfantine. La quintessence de la folie est incarnée par cette jeune fille, qui apporte de la légèreté à l’histoire. C’est une comédie tragique qui dénonce l’exclusion sociale, l’enfermement, la souffrance des minorités et la solitude. Nous avons passé un mois en Belgique pour le tournage. C’est vraiment une belle expérience. J’ai été très heureuse de recevoir ce prix d’interprétation collectif, car le travail entre les comé-diens était aussi intense que généreux.

Rébellion et liberté : est-ce que ces deux mots ont une consonance particulière pour toi ?

Oui ! Je suis ivre de liberté. Pouvoir agir selon mes propres lois dans ma vie est très important. Mon identité, ma personne, a besoin de liberté pour s’établir, évoluer… Choisir tout en étant en accord avec moi-même, toujours, dans n’importe quelle situation, est primordial. Je pense qu’on ne naît pas libre, on le devient. Pour ce faire, j’essaie au maximum d’être précautionneuse quant à mon intuition et ce que je ressens. La rébellion, oui, quand c’est nécessaire, et surtout pas dans un mouvement égoïste. Je ne la justifie que si mon humanité est mise en jeu. Je me révolte quand j’en éprouve le besoin.

On te connaît pour tes rôles, mais aussi pour ton style. Un peu hipster sur les bords ou pas ?

Oui, j’aime briser les codes. Mettre un jean  avec un top traditionnel, un caftan et des Stan Smith, ou encore une veste de costume pour homme avec un jean et des talons. J’aime m’amuser avec le vêtement, c’est aussi une façon de s’exprimer.

Qu’est-ce qui, selon toi, te définit le mieux ?
Je n’aime pas les définitions. Je suis moi-même incapable de répondre à cette question… quoique. Peut-être pourrais-je me définir comme l’odeur de la terre après une journée de pluie… Le pétrichor, oui, je suis comme le pétrichor.

Qu’est-ce qui t’inspire ?

La farouche détermination de ma mère, et la douceur de mes petites sœurs.

Tu as posé pour quelques créateurs. Qu’est-ce qui te plaît particulièrement dans cette expérience ?

Travailler avec des créateurs, entrer dans un personnage pour porter leurs œuvres est un vrai plaisir. Mais je ne le fais que si ça me plaît.

Aujourd’hui, tu vis entre le Maroc et la France. Qu’est-ce qui te manque le plus du Maroc quand tu es en France ? et vice versa ?

Ce qui me manque du Maroc quand je suis en France, c’est la douceur du temps, les couleurs, le bien-être naturel du pays. La positive attitude des gens… c’est cool.

Ce qui me manque de la France quand je suis au Maroc… Disons l’effervescence, mes salles de cinéma, et Les Hauts de Belleville, le quartier de mon enfance.

On connaît le quotidien et les contraintes des actrices marocaines au Maroc. Quelles sont celles d’une actrice d’origine marocaine en France ?

D’être prise pour des rôles selon ton apparence. Il y a peu de réalisateurs français qui prennent des risques. Un peu plus d’imagination ferait du bien à l’industrie française.

Quelle est ton arme pour lutter contre la stigmatisation et les amalgames dont tu fais peut-être les frais ?

Je prends les devants, car je pars du principe que personne n’est victime de quoi que ce soit. C’est certes plus dur, les obstacles sont plus importants, mais au final, on en sort plus grand. Il n’y a qu’une chose à faire : se battre.

Que penses-tu des rôles féminins dans le cinéma marocain ?

Linéaires, pas assez complexes. Les rôles restent souvent en surface. C’est vraiment  dommage, car les femmes marocaines sont très différentes de ce qu’on voit dans le cinéma. Il faudrait des scripts et des rôles féminins moins limités. Est-ce possible ?

Quels sont tes projets ?

Je travaille sur un film avec Hicham Ayouch à Paris, avec notre atelier, que nous venons d’ailleurs de terminer. Un vrai bonheur de travailler avec lui, il sait ce qu’il veut.

S’il fallait choisir…

Un réalisateur : Jim Jarmusch
Un film :  “A woman under the influence”
Un rôle : Vivien Leigh dans  “Un tramway  nommé désir”. Mais j’adore aussi Gena Rowlands dans “Openning Night”.
Une icône :  Frida Kahlo
Un parfum :  celui de la fleur d’oranger
Un dicton : “Be water my friend”
Un vêtement :  un gros pull chaud
Un livre :  “Brave new world”  d’Aldous Huxley
Un rêve :  un rêve bleu…

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