Mona Lisa, la femme au sourire de légende

Elle trône comme une star au musée du Louvre, admirée chaque jour par des dizaines de milliers de visiteurs. Célèbre pour son sourire et son regard énigmatiques, La Joconde intrigue et fascine plus de cinq siècles après sa création par Léonard de Vinci. Quelle femme se cache derrière ce mystérieux visage devenu une légende ?

Sans cils ni sourcils, toute petite et habillée très simplement, âgée aujourd’hui de cinq cents ans, Mona Lisa, dite La Joconde, séduit et fascine par-delà le temps. Son sourire est le plus célèbre de l’histoire de l’art. Ce portrait de femme, devenu un monument de la culture universelle, est l’œuvre la plus populaire, la plus photographiée et la plus visitée au monde. La plus chère aussi, sa valeur étant estimée à deux milliards de dollars.

Joyau du Louvre, ce tableau de petit format provoque engouement et attroupements, éclipsant à lui seul tous les autres grands chefs-d’œuvre du musée. Chaque jour, ils sont plus de vingt mille visiteurs de tous pays à patienter des heures, puis à s’élancer dans les dédales du musée, jusqu’à arriver et se presser devant la diva du Louvre. Et la voir sourire. Devant elle, certains fondent en larmes ou même s’évanouissent. Entre recueillement, curiosité et fascination, les spectateurs se figent devant cette femme dont le sourire énigmatique et le regard envoûtant n’ont jamais livré leur secret.

Pour l’amour d’un roi

La date de la création du tableau par le grand artiste italien Léonard de Vinci elle-même fait débat. Commencé probablement en 1505, il n’aurait été achevé que vers 1516, au hasard de la vie mouvementée du maître en Italie. Il est déjà âgé quand il accepte l’invitation de François 1er, roi incontesté de la Renaissance française, à venir s’installer dans son royaume. Dans ses bagages, La Joconde, presque achevée. Le roi lui offre la belle demeure de Clos Lucé, à Amboise, pas loin du château de Chambord où lui-même réside. François 1er, qui vient souvent rendre visite à l’artiste, tombe sous le charme de Mona Lisa et l’acquiert pour la somme de 4.000 écus or. Il l’installe au château de Fontainebleau. C’est ainsi que ce tableau est entré dans le patrimoine français. Il va devenir, avec le temps, une véritable légende qui suscite depuis des siècles nombre de doutes et d’interrogations. Jusqu’à aujourd’hui, on tente encore de percer le mystère de l’identité de la femme du tableau.

Qui est-elle vraiment ? Le secret reste absolu, seules demeurent des hypothèses. La plus admise veut que ce soit le portrait de Lisa Maria Guerardini, devenue Lisa del Giocondo, d’où La Joconde, après avoir épousé un riche marchand de soie, Francesco di Bartolomeo del Giocondo, à Florence. Le nom du tableau, Mona Lisa, serait une contraction abrégée de Madonna Lisa (Madame Lisa). D’autres soutiennent que le visage serait celui de Catherine Sforza, princesse de Forli. Parmi les plus hardis des chercheurs, Silvano Vicenti proclame quant à lui que La Joconde est en fait un homme. Il aurait repéré un code secret dans les yeux du portrait : dans l’oeil gauche, il identifie un L de Léonard, et dans l’œil gauche, un S, pour Salaï, personnage androgyne, disciple et compagnon du maître. Mais il s’est avéré que ce n’était qu’effet d’optique dans des craquelures de peinture et le mystère demeure entier.

Sourire et regard hypnotiques

Par quelle magie cette peinture à l’huile, sur un panneau de bois de peuplier de seulement 77 x 55 cm, est-elle arrivée à traverser les siècles sans révéler aucun de ses mystères et à s’imposer comme l’œuvre d’art la plus connue et la plus visitée au monde ?

La Joconde est le portrait d’une jeune femme, sur fond de paysage montagneux aux horizons lointains et brumeux, selon la technique du  fameux “sfumato”, qui signifie “enfumé”, dont l’effet vaporeux donne au tableau une atmosphère énigmatique et romantique. Elle pose de trois-quarts, jusqu’à la taille, bras et mains compris, regardant le spectateur, ce qui est relativement nouveau pour l’époque et rompt avec la technique du portrait où les sujets sont représentés de profil et coupés à hauteur des épaules ou de la poitrine.

Elle se trouve sur la terrasse d’une loggia, assise dans un fauteuil, les mains sagement posées sur l’accoudoir. Ses habits de soie et la mantille légère sur ses cheveux bouclés ont perdu leurs couleurs d’origine et acquis, avec la patine du temps, cette teinte sombre qui accentue davantage l’énigme du personnage. L’absence de bijoux est, soit le choix du peintre, soit la volonté du modèle, de milieu aisé, de ne vouloir céder ni à la mode ni à la vanité. Les yeux, étroits et nettement cernés, semblent suivre le spectateur quant il se déplace devant elle, et confère au regard son mystère ineffable. Quant au sourire, fugace et à peine esquissé, on rapporte que le modèle, Mona Lisa del Giocondo, a posé pour Léonard de Vinci durant quatre années, en poses espacées. Elle avait vingt-quatre ans, le maître près de cinquante. Il était envers elle bienveillant et affectueux, et, craignant que cette jeune femme ne s’ennuie pendant les longues heures de pose, il l’entourait de musiciens, de chanteurs et de bouffons pour la distraire et maintenir sur ses lèvres ce fameux sourire, comme suspendu, tout en retenue et en finesse.

La femme la plus surveillée du monde

Depuis François 1er jusqu’à nos jours, La Joconde, considérée comme un pur joyau de l’art universel, va connaître un fabuleux destin, passant de châteaux en palais, de propriétés de rois et de reines en musées prestigieux. Ses visiteurs et admirateurs sont populaires ou illustres. Elle finit par élire domicile au Louvre dont elle est la star incontestée. À chaque menace, à chaque guerre qui secoue la France ou le monde, comme les deux guerres mondiales, elle est la première parmi tous les chefs-d’oeuvre à être déplacée, cachée, protégée. Sa sécurité est affaire d’État. Elle est le trésor absolu de la France. Cette sécurité n’a failli qu’une seule fois, quand, le 21 août 1911, elle est volée du Louvre par Vincenzo Perrugia, un vitrier italien, qui voulait faire revenir Mona Lisa dans son pays d’origine, l’Italie. Il garde le tableau pendant deux ans avant d’être arrêté en décembre 1913. Ce vol a bouleversé la France et mis en émoi le monde entier. La Joconde fait un retour triomphal au Louvre. Elle n’en sortira que deux fois pour voyager en hôte de prestige. En décembre 1962, elle est accueillie comme une reine par le couple Kennedy à Washington puis à New York. En 1974, elle part au Japon, et après une brève exposition à Moscou, elle rentre définitivement en France, au Louvre qu’elle ne quittera plus. Jugée trop fragile et trop précieuse, elle est en retrait du public, dans un caisson de verre blindé qui la protège de toute agression éventuelle et l’isole des vibrations et des variations d’humidité et de température.

Mona Lisa est, de tout temps, le personnage qui a inspiré le plus d’artistes : écrivains, peintres, poètes, chanteurs et cinéastes du monde entier l’ont célébrée jusqu’à la vénération et l’obsession. Pour les romantiques, elle est le fantasme absolu de la femme fatale, mystérieuse et fascinante,  pour d’autres, elle est la femme idéale, douce, souriante et réservée. Son mystère en tout cas n’a pas fini d’intriguer et de passionner. Peu lui importe. Elle traverse les siècles, immortelle, inaccessible et belle. Imperturbable et sereine, elle suit du regard le flot des gens qui passent. Et, amusée, elle esquisse un sourire car elle seule connaît le secret de La Joconde. 

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