D’où vous est venue l’idée de monter Meet my Mama ?
Nous avons grandi auprès de femmes que nous appelons nos Mamas. Pour nous, ce sont les meilleures cheffes. Elles ont un talent incroyable et possèdent un trésor unique, à savoir leurs recettes. Mais problème, elles ne sont pas assez reconnues dans la société et n’arrivent pas à en vivre. Le déclic a été pour nous l’arrivée des réfugiées syriennes. Donia Souad Oudahman, Youssef Oudahman et moi, nous avons alors décidé de travailler ensemble pour qu’une fois en France, ces femmes puissent s’intégrer facilement et durablement, et surtout être acceptées pour leur culture.
Quelle est la philosophie de votre start-up ?
Partage, bienveillance et authenticité.
Comment êtes-vous parvenus, en deux ans à peine, à vous imposer dans le milieu des traiteurs traditionnels ?
Nous n’avons jamais démarché d’entreprises et nous n’avons jamais payé pour de la publicité. Nous avons réussi à nous imposer car notre offre est originale sur le marché. Nous avons créé un réel concept de voyage culinaire. Car nous arrivons sur les événements avec une vraie signature Meet My Mama : la scénographie, la Mama qui raconte son histoire, ses spécialités culinaires que l’on retrouve nulle part ailleurs, et surtout du sens, de l’authenticité et du fait-maison.
Qui sont les femmes de Meet my Mama ?
Nous avons vraiment différents types de profils. Elles ont entre 28 et 65 ans. Elles viennent d’un peu partout dans le monde : Maroc, Sri Lanka, Pérou, Vietnam, Sénégal, Algérie, Japon, Liban, Brésil, Iran… Certaines femmes ont démarré leur carrière chez nous, d’autres avaient de bons postes en entreprise mais ont décidé de se lancer pour vivre de leur passion. Nous avons aussi des femmes qui ont, pendant des années, éduqué leurs enfants avant de reprendre une vie active, mais aussi des femmes, à la tête d’un restaurant ou d’une activité traiteur, qui voient en Meet My Mama une opportunité supplémentaire. Vous l’aurez compris, toute ont un parcours bien différent. Certaines sont illettrées alors que d’autres ont un master après des études dans de prestigieuses universités. Certaines n’ont jamais exercé dans la restauration tandis que d’autres sortent des meilleures écoles gastronomiques comme Ferrandi.
En plus de redonner de la dignité à ces femmes, de quelle manière Meet my Mama renforce leur empowerment ?
Nous avons monté un programme d’empowerment féminin appelé « Empower My Mama » parce que nous avons ressenti un vrai besoin chez nos Mamas. Lorsque nous leur avons posé la question : « Quel est votre rêve ? ». Elles nous ont répondu qu’elles voulaient être cheffes, vivre de leur passion ou tout bonnement être indépendantes. Mais quand nous leur demandions : « Qu’est ce qui vous empêche de le faire ? ». Elles nous citaient toute une série de freins comme la langue ainsi que le manque de confiance en soi et de formation. Ainsi, le programme a été imaginé en plusieurs étapes, de l’inspiration à la formation jusqu’à l’accompagnement, de quoi casser tous ces freins.
Si vous deviez faire un bilan de cette aventure, quel en serait-il ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 150 Mamas, 350 clients et 55 000 gourmands qui ont goûté à nos spécialités, ainsi qu’une vingtaine de pays représentés, sans oublier de citer tout un tas de moments de bonheur non mesurables !
En tout cas, vous avez un fan de qualité, en la personne de Pharrell Williams. Comment s’est passée la rencontre ?
Nous avons pu rencontrer Pharrell Williams dans l’un des incubateurs, Station F, qui nous a accompagnés tout au long de notre projet. C’est à l’occasion du lancement du programme Adidas qu’il a fait le déplacement. Nous en avons profité pour lui présenter Meet My Mama. Il est vraiment très accessible, à l’écoute et sympathique. Deux points l’ont emballé dans notre projet. Tout d’abord, notre état d’esprit. Selon lui, nous allons réussir car nous sommes ambitieux, battants et que nous osons nous démarquer. Ensuite, il nous a lancé « I like the fact that you don’t do it only for money ». Il a donc apprécié la balance de notre start-up entre sa forte rentabilité et son impact social positif. Pharrell Williams nous a même conseillé et coaché ! Et ne croyez pas qu’il soit reparti les mains vides puisque nous avons tenu à lui offrir quelques petits gâteaux marocains confectionnés par Mama Fouzia.
Meet my Mama est basée à Paris, mais comptez-vous développer l’idée ailleurs ?
En effet, nous souhaitons nous développer dans d’autres régions de France mais aussi à l’international car nous sommes sollicités par des Mamas ou des clients d’un peu partout. C’est très encourageant de savoir que le concept est attendu dans d’autres villes. Nous l’avons déjà testé à Metz ainsi qu’à Lyon et nous nous comptons bien continuer !