“Mon fils n’aime pas apprendre ses leçons. Il y passe pourtant beaucoup de temps, mais quand je lui demande de réciter ce qu’il a appris, il n’arrive pas à s’en remémorer correctement…” La maman d’Amine est désespérée. Elle a peur pour l’avenir de son gamin âgé d’une douzaine d’années. Elle imagine déjà que son enfant va rater sa vie, au vu de son dernier bulletin scolaire et des mauvaises notes cumulées dans certaines matières nécessitant la mémorisation. “Mon fils est bon en français et en mathématiques, mais sa bête noire demeure l’apprentissage par cœur”, se désole encore cette maman. S’agit-il d’un manque de concentration ou de réels problèmes de mémoire ? En identifiant la source du problème, on arrive à trouver la solution adéquate. Dans le premier cas, l’enfant passe beaucoup de temps à rêvasser, un temps fou à apprendre une leçon. La réponse est bien simple : cet enfant s’ennuie. Et pour en avoir le cœur net, proposez-lui une activité qui lui plaît, s’il réussit cela en un tour de main, cela signifie qu’il ne souffre d’aucun problème de mémoire. Malheureusement, dans ce cas précis, la scolarité de l’enfant risque de connaître des aléas dans la mesure où il ne s’intéressera qu’à ce qui suscite son intérêt.
Bon à savoir : pour faire avancer l’enfant, faites preuve d’imagination pour l’intéresser aux programmes, privilégiez les discussions à bâtons rompus, et les expériences pratiques menées en votre compagnie.
Le second cas concerne un problème de mémorisation et d’apprentissage sans lien avec une quelconque anomalie génétique, et qui renvoie aux troubles d’apprentissage. Le recours à un spécialiste (orthophoniste, neuropsychologue, psychologue, etc.) est parfois nécessaire.
La qualité du développement mnésique de l’enfant évolue selon l’âge et le niveau scolaire. C’est ainsi qu’à 6-7 ans, l’enfant est appelé à mémoriser des poésies ou des mots. Il faudra prendre le temps de lui lire sa leçon et de la lui faire répéter, jusqu’à ce qu’il arrive à la savoir par cœur. L’enfant pourra aussi recopier les mots, les écrire deux ou trois fois en ayant l’original sous les yeux avant de lui demander de les écrire de mémoire. En cas de fautes, n’hésitez pas à répéter l’opération de lecture, répétition, récitation et écriture. “Utilisez une approche multi sensorielle : l’objectif est d’aider l’enfant à mémoriser en s’aidant de divers supports, votre voix, le toucher en lui prenant la main, ou encore le visuel par le biais d’une liste écrite ou de pictogrammes”, conseille Stéphanie Francomme, neuropsychologue.
À chaque âge, sa méthode
De 8 à 10 ans, l’enfant peut apprendre tout seul sa leçon. Mais s’il n’y arrive pas, peut-être qu’il s’agit d’un problème de compréhension. “Une leçon comprise sera plus facile à mémoriser car elle représente pour l’enfant une unité de sens”, assure Mme Francomme.
Bon à savoir : pour vous assurer que l’enfant a bien compris sa leçon, incitez-le à en parler le soir même. Cela l’aidera à mieux l’assimiler, et vous permettra par la même occasion de noter ses éventuelles difficultés.
À partir de 11 ans, théoriquement, l’enfant n’a pas besoin d’aide. “Retenir une leçon commence déjà en classe en mettant à l’œuvre nos facultés attentionnelles pour développer une écoute active. L’enfant doit pouvoir s’assurer de suivre le cours et surtout d’être attentif à ce qu’il n’a pas compris. Dès qu’un point précis lui semble obscur, il se doit de poser des questions afin d’éclaircir ce point en particulier”, précise encore la spécialiste. Ce travail de mémorisation doit se poursuivre le soir même à la maison, par la relecture de la leçon.
Bon à savoir : l’apprentissage répété sur des petites périodes n’excédant pas 20 min quotidiennement est à préconiser. “En clair,il ne faudra pas choisir d’apprendre sa leçon à la dernière minute, et ceci pendant deux heures d’affilées”, insiste Stéphanie Francomme.
Les règles d’or
1- Soyez réalistes. Comprendre et accepter le fait que votre enfant apprenne différemment de ses frères et sœurs ou des autres enfants, vous aide à adapter vos attentes et à mieux percevoir ses réussites.
2- Utilisez des récompenses et des sanctions. Une récompense immédiate qui fait suite à un bon comportement d’apprentissage, lui permet de mieux associer la cause à la conséquence, et d’encourager ce bon comportement à se reproduire.
3- Ayez des paroles positives. Il est important de souligner par une remarque positive ce qui peut paraître sans importance. N’hésitez pas à l’encourager par des paroles du genre :“bravo tu as réussi à faire cet exercice tout seul”…
4- Soyez proactifs. Plutôt que d’attendre qu’une situation d’apprentissage se dégrade, anticipez de façon efficace. Il faut éviter au maximum les situations qui créent inévitablement des problèmes et qui sont source de conflit.
5- Proposez-lui des exutoires. L’activité extra-scolaire permet à l’enfant d’exercer sa créativité et de développer des efforts en vue de l‘obtention de certains résultats. Ne le privez surtout pas de cette activité en cas de mauvais résultat.
Question à Stéphanie Francomme, neuropsychologue, psychologue clinicienne
Quels sont vos conseils pour aider un enfant à retenir ses leçons ?
La mémorisation nécessite du temps, de la patience, une bonne méthode et des efforts prolongés. L’activité de répétition semble si simple que de nombreux pédagogues la sous-estiment. Cependant quelque soit la méthode d’apprentissage utilisée pour étayer et améliorer la mémorisation, répéter est indispensable pour parvenir à acquérir un savoir.
Par ailleurs, jouer tous les jours et suffisamment longtemps, participe au développement de l’intelligence social et émotionnelle de l’enfant, ainsi qu’à son équilibre psychologique global. Quand l’enfant chahute avec un copain, ou se roule par terre, cela modifie son équilibre émotionnel, en stimulant fortement la sécrétion d’endorphines. Cette sécrétion provoque une sensation de relaxation, de bien-être. Créer cette atmosphère accueillante, chaleureuse et sans stress, est favorable à l’épanouissement de l’enfant et donc à l’apprentissage.
Je conclurais en évoquant l’importance du sommeil. La mémoire enregistre la multitude d’informations que l’enfant perçoit durant la journée. Pour consolider les souvenirs, le cerveau doit effectuer un tri de ces informations en stockant les éléments importants tout en oubliant les détails. Le sommeil servirait à éliminer les connexions nerveuses qui ne servent à rien, pour ne garder que les données pertinentes et pouvoir engranger d’autres informations le lendemain. Ainsi le sommeil participe au renforcement des apprentissages.