Maria Callas Absolue diva

Maria Callas est entrée dans la légende comme la plus grande voix du vingtième siècle, marquant profondément le monde de l’opéra. Elle a brûlé avec passion pour les deux uniques amours de sa vie : le chant lyrique et un homme, Aristote Onassis.

Quarante ans après sa disparition, Maria Callas continue de fasciner et d’émerveiller. La Callas, comme la postérité la nomme, est devenue un mythe, autant par sa vie d’artiste hors du commun que par son destin dramatique de femme amoureuse et désenchantée.

Une enfance musicale

Maria Callas est née à Manhattan, aux États-Unis, le 2 décembre 1923, dans une famille d’immigrés grecs. La mère, mélomane, découvre tôt le talent de Maria pour la musique et lui fait prendre des cours de chant. Après le divorce des Callas, sa mère retourne en Grèce avec ses deux filles. Mariaentre au Conservatoire national grec, où elle étudie avec Maria Trivella, qui lui conseille de chanter dans une tessiture plus élevée que le contralto qu’elle pratiquait jusque-là. Maria apprend des rôles de soprano dramatique, en accord avec sa voix puissante au timbre sombre. Elle commence à chanter sur scène et à seulement quinze ans, de grands airs de Puccini et de Mascagni. Maria a découvert sa voie et la passion de sa vie et commence dès lors à construire sa carrière. Elle entame un long perfectionnement au prestigieux conservatoire d’Athènes, sous la direction d’Elvira de Hidalgo, grande praticienne du bel canto. Ce répertoire, alors tombé en désuétude, dont les plus illustres compositeurs sont Rossini, Bellini et Donizetti, va mettre en lumière la virtuosité de la voix de Maria Callas à la tessiture étendue, alliant un système de mélodie tout en légèreté avec ce répertoire dramatique auquel elle semble destinée. Ce contraste contribuera pour beaucoup à son succès futur. Elle chante quelques rôles à Athènes, puis décide d’aller tenter sa chance aux États-Unis.

Avant son départ, Maria Callas rompt complètement avec sa mère, autoritaire et dure. Elle a alors vingt-deux ans, et pour seul atout sa voix. Elle est grosse, boutonneuse, maladroite, sans charme véritable, sans argent mais emplie du désir ardent de réussir. Les débuts sont difficiles, le Metropolitan, les opéras de Philadelphie et de Chicago, lui proposent des rôles qui ne conviennent ni au timbre caractéristique de sa voix ni à son physique de femme ronde.

Diva du Bel Canto

En 1947, le destin va la conduire en Italie, à Vérone, où Maria Callas va enfin décrocher son premier grand rôle dans “La Gioconda de Poncielli”. Elle va rencontrer Giovanni Battista Menighini, trente ans de plus qu’elle, qui deviendra son mari et son manager. Il la protège, lui offre son nom, sa fortune et sa protection. Elle commence une tournée dans des rôles principaux sur la plupart des grandes scènes d’Italie, dont la Fenice de Venise pour “Tristan et Iseult” de Wagner. Au Teatro Communale de Florence, Maria Callas chante pour la première fois l’un des rôles qui resteront à jamais associés à son nom : “La Norma” de Bellini.

En 1949, trois jours seulement après avoir chanté “La Walkyrie” de Wagner à Venise, Maria va devenir La Callas en interprétant le rôle d’Elvira dans “Les Puritains” de Bellini. Triomphe absolu. Son interprétation va faire date car elle génère chez le public un regain d’intérêt pour le bel canto, un retour vers ce registre écrit pour des voix sombres et graves, comme la sienne. Voix unique car elle se distingue par trois registres différents : un premier dans les graves, sombre et dramatique, un deuxième dans les médianes, au timbre proche d’un hautbois, un troisième dans les aigus, d’une puissance et d’un éclat sans égal. Propulsée au statut de “prima donna assoluta”, La Callas va s’illustrer dans les plus grands rôles de femmes du répertoire du bel canto, tels Traviata, Tosca et Norma.

Avec sa gloire de diva et la vie mondaine d’une star, La Callas se transforme. Elle s’astreint à un régime drastique, perd trente kilos, apprend à s’habiller, se coiffer, se maquiller, être élégante et féminine. Le vilain petit canard va devenir un cygne magnifique et la femme enrobée et sans grâce se transformer en sylphide. Elle crée ainsi un style inimitable, une griffe Callas, avec sa silhouette longiligne parfaite, son élégance raffinée, son aura magique, sa beauté due à ses grands yeux de biche et ses longs cheveux noirs. Les plus grands couturiers et joailliers veulent l’habiller.

Une passion destructrice

Diva comblée, c’est sa vie de femme qui va basculer quand elle rencontre pour la première fois Aristote Onassis, le richissime et célèbre armateur grec, le 3 septembre 1957, à Venise, au bal de l’hôtel Danieli. Il pose sur elle un regard noir et fiévreux qui la fait succomber. Il a cinquante-trois ans, un empire et une très jeune épouse. Elle a trente-trois ans, le monde à ses pieds et un vieux manager de mari. Ils ne se reverront que deux ans plus tard. Entre temps, La Callas a poursuivi ses tournées triomphales, ses performances sont filmées et deviennent cultes. Ce n’est qu’en 1959, quand elle est invitée avec son mari par l’armateur grec pour une croisière sur son yacht, que La Callas devient la maîtresse d’Aristote Onassis. La relation va s’avérer foudroyante pour Maria qui connaît l’amour pour la première fois de son existence. Enfin elle se sent vivre. Il lui promet de quitter sa femme, elle le croit et demande à son mari le divorce. Meneghini est effondré tandis que Maria se jette à corps perdu dans sa passion pour Onassis. Devenus tous les deux des icônes de la jet set, ils sont de toutes les fêtes, de tous les événements mondains. Ils fréquentent les lieux les plus huppés à travers le monde, dansent et boivent jusque tard dans la nuit. Dans ce tourbillon amoureux et festif, Maria Callas se surmène, néglige sa voix, ne travaille presque plus. Elle sacrifie tout pour Onassis. Lui, très narcissique,  porte la diva Callas à son bras, comme un trophée. Avec le temps, il s’avère souvent blessant et violent. En cachette, elle continue d’entretenir sa ligne à coup de régimes sévères et de médicaments, de peur de perdre cet homme qu’elle aime à la folie. Avec ces excès, La Callas commence à avoir des problèmes de voix et de santé. En 1968, le monde bascule, elle sombre quand Onassis, qui lui a toujours refusé le mariage, la renvoie de son yacht et met fin brutalement à leur liaison de neuf ans. À peine rentrée à Paris, elle apprend que Jackie Kennedy a pris sa place. Quelques jours plus tard sera célébré le mariage historique d’Aristote Onassis et de la veuve du président J.F.Kennedy. Dévastée et meurtrie, Maria Callas est hospitalisée après une overdose de barbituriques. Elle va tenter de continuer sa carrière, mais ses représentations ne sont plus que des succès d’estime. En 1974, elle donne un dernier concert au Japon et se retire. Atteinte d’une sérieuse maladie des cordes vocales, son corps la lâche lentement. Elle vit recluse dans son appartement de Paris, avenue Georges Mandel. Assise toute la journée à la fenêtre, elle écoute en boucle tous ses enregistrements. Elle décède brutalement le 16 septembre 1977 à l’âge de cinquante-trois ans. Maria Callas disparaît, la diva entre dans la légende. 

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