Dès son plus jeune âge, sa grand-mère a réprimé le souhait de la petite Loubna de devenir actrice. Quand la fillette admirait ses idoles du petit écran, son aïeule lui rétorquait aussi sec : « Ce sont des prostituées qui finiront en enfer. » Ce cliché rétrograde aussitôt imprimé dans son mental, la jeune fille émet un souhait de manière candide : « Je veux être la prostituée la plus connue du monde. » Une déclaration poignante mais symptomatique d’une vision rétrograde des métiers artistiques. Et ce n’est pas le seul drame qu’a subi l’actrice « maudite ». Loubna Abidar évoque également les multiples abus sexuels et physiques qu’elle a subis de la part de son géniteur lorsqu’elle était jeune. « Il me brulait des cigarettes sur le corps. Je ne pourrai jamais pardonner tout le mal qu’il m’a fait », tranche l’interprète de Noha de Marrakech. Son livre, c’est aussi une profonde réflexion sur l’avenir de la femme musulmane et un message qui leur est adressé. « La Moudawana a beaucoup aidé la femme, mais on a d’autres problèmes graves comme le mariage et le viol des petites filles », déplore la « dangereuse ». Nostalgique des années 70-80 où les femmes s’habillaient comme elles le souhaitaient sans subir l’opprobre des passants, elle parle d’un réel retour en arrière pour la femme marocaine. « Je veux dire aux femmes musulmanes qu’elles ont le droit d’épouser qui elles veulent, qu’elles ont le droit d’aimer un noir, un blanc, un juif ou un chrétien », explique-t-elle. Pas sûr que le message soit bien reçu par ses compatriotes.
