Qu’appelle-t-on hirsutisme ?
C’est une maladie touchant 10 % des femmes qui se traduit par la présence excessive de poils drus et foncés à des endroits où il n’y en a pas d’ordinaire : joues, menton, tempes, cou, thorax, épaules, ligne médiane autour du nombril, mamelons, creux des reins, partie interne des cuisses… Des signes d’hyperandrogénie (excès de production d’hormones mâles) peuvent être associés à ce tableau : acné, peau grasse, chute de cheveux, voix grave, musculature plus développée, règles irrégulières ou absentes, hypertrophie du clitoris… L’hirsutisme ne doit pas être confondu avec l’hypertrichose, c’est-à-dire une pilosité abondante au niveau des zones du corps où la femme est déjà poilue (jambes, avant-bras…), et qui se rapporte souvent à l’origine ethnique (méditerranéenne, indienne…).
Quelles sont les causes possibles ?
L’hirsutisme peut être engendré par un dérèglement hormonal avec production excessive d’androgènes par les ovaires ou les glandes surrénales. Parmi les causes, on retrouve le syndrome des ovaires polykystiques (80 % des cas), les tumeurs de l’ovaire ou de la surrénale, ou encore la maladie de Cushing. Mais il existe aussi un hirsutisme familial, assez fréquent et sans cause hormonale. Les récepteurs pilaires présentent juste une hypersensibilité aux androgènes! Le diagnostic sera établi via des dosages hormonaux sanguins et par échographie/radiographie, pour déterminer l’origine ovarienne ou surrénalienne éventuelle.
Y a-t-il des facteurs de risque ?
L’obésité provoque une surproduction d’hormones mâles, car les œstrogènes sécrétés sont transformés en androgènes dans les tissus graisseux. En outre, à la suite de l’interruption d’une contraception orale de longue durée (dix à quinze ans), il arrive que la pilosité augmente soudainement, la pilule masquant jusqu’alors les effets des androgènes produits naturellement. Certains médicaments pour traiter l’hypertension artérielle ou l’épilepsie, ainsi que la prise de stéroïdes anabolisants chez les sportives, sont également incriminés.
Comment se traite l’hirsutisme ?
Rectifier le déséquilibre hormonal présent impose la prescription de contraceptifs oraux qui ont un effet anti-androgène marqué, tels l’acétate de cytoprotérone ou la drospirénone. L’impact esthétique se corrige par épilation laser ou électrolyse. On réalise aussi des soins de l’acné et de la séborrhée associée. En cas d’hirsutisme sans dérèglement hormonal majeur, on privilégie un traitement local comme une épilation au laser et/ou l’application d’une crème pour ralentir la repousse des poils. La présence d’une tumeur sécrétant des hormones mâles impose son ablation chirurgicale.
La détresse des “femmes à barbe” Dans nos sociétés, les poils s’apparentent à la négligence, au laisser-aller sur le plan de l’hygiène et à un défaut de féminité. De fait, la pilosité généreuse est très mal vue et vécue. L’hirsutisme devient en outre passablement gênant lorsqu’il s’accompagne d’une virilisation. Quand il s’associe au syndrome des ovaires polykystiques, il en résulte aussi des problèmes de fertilité. On comprend alors aisément que toute la sphère relationnelle, affective et sexuelle de la personne en soit affectée. Mauvaise image, repli sur soi, difficultés à procréer et troubles psychologiques importants (angoisse, phobies sociales, troubles obsessionnels compulsifs…) sont le lot de ces patientes. Par ailleurs, certaines nient le problème ou tentent de le camoufler par des moyens esthétiques. Or, commettre l’erreur de se raser chaque matin ou de s’épiler comme une forcenée ne fait que masquer le symptôme tout en l’aggravant ! L’hirsutisme doit donc être appréhendé comme une problématique médicale complexe qui nécessite une prise en charge multi-disciplinaire: gynécologique, endocrinologique, dermatologique et psychiatrique. |