Les jumeaux, deux fois plus de bonheur ou de tracas ?

Elles, Ils, sont deux, né(e) s le même jour, et se ressemblent comme deux gouttes d’eau. La facilité serait de les habiller et de les nourrir pareil, les mettre dans la même classe. Pourtant, il faut s’efforcer de les différencier ! Car être parents de jumeaux, ce n’est pas de tout repos !

J’ai attendu longtemps avant de me marier. Longtemps avant de tomber enceinte. L’arrivée des jumeaux a compensé ces longues attentes, raconte Lamia. Nous avons interdit l’appellation “jumeaux” pour désigner nos enfants. Je suis moi-même sœur de “twimiyates” et je sais combien mes frangines jumelles ont détesté cela. A l’école, les “méchants” les surnommaient “noss, noss” elles ont toujours ressenti cela comme une négation de leur droit à une individualité complète.”
Lamia applique à la lettre la consigne des spécialistes : il faut individualiser l’éducation des jumeaux. Les parents doivent favoriser l’épanouissement de chaque personnalité. Mais ce n’est pas simple. La gémellité captive le regard : “Les jumeaux attirent d’autant plus s’ils sont monozygotes. Nous sommes souvent le centre d’intérêt, les gens s’arrêtent pour commenter. Le comportement des gens dans la rue ne facilite pas les choses. Ils voient “double”, ramènent tout à la gémellité. Ils ne se rendent pas compte combien ce comportement est intrusif”, témoigne Souad, maman de Nayla et Nahla qui ajoute : “Nous n’avons pas résisté au plaisir de donner aux jumelles des prénoms voisins. Mais nous tenons à les habiller différemment. Parfois des gens, des inconnus nous interpellent : ce ne sont pas de fausses jumelles, pourquoi vous ne les habillez pas pareil ?”

Différencier les centres d’intérêt

Il est très important de pouvoir exister en tant qu’être humain à part entière. Et c’est dans le regard de l’autre que se construit l’individualité, l’unicité”, explique madame El Harti, psychiatre. Cette règle s’applique aussi bien pour les vrais que les faux jumeaux. Autrement dit, pour les monozygotes ayant partagé le même œuf et les dizygotes, chacun chez soi dans son œuf. La littérature rapporte le cas de jumeaux dormant dans le même lit jusqu’à leur mariage ! Depuis, la pédopsychiatrie a documenté des cas pathologiques de jumeaux ne faisant pas la différence entre soi et son double. Edifiés par ces mises en garde, les parents d’aujourd’hui, avertis – et ouverts sur les multiples expériences de parents de jumeaux de par le monde, via le Web – s’attachent à trouver la bonne méthode, la bonne distance à installer entre les jumeaux. “Il faut toujours s’occuper de chacun comme s’il était unique, raconte Lamia. Sauf qu’ils sont deux ! Il faut donc déployer une attention double, une vigilance double et personnalisée. Ce n’est pas simple. C’est évidemment beaucoup plus simple de juste avoir des doubles en tout : habits, jouets et de poser, mécaniquement, le même geste deux fois.
En effet, l’individualisation exige des efforts : les habiller et les coiffer différemment, prévoir des activités et loisirs différents. Organiser des sorties avec chacun est coûtant en temps, efforts d’organisation, argent et énergie ! “Il est important de réserver du temps à chacun pour déceler la pensée propre de l’enfant et non pas celle du duo”, recommandent les psychologues.
Veiller à différencier les centres d’intérêt est tout aussi important. Si les jumeaux fonctionnent en permanence comme des duettistes, l’un va finir par dominer l’autre. Pour que les deux enfants s’épanouissent dans leurs domaines de prédilection respectifs, ils doivent à tout prix ne pas se refermer sur eux. Ne pas former une paire fusionnelle.
L’attitude des parents s’avère essentielle explique madame El Harti, psychiatre car elle va inspirer le regard des autres hors du cadre familial : “le discours des enseignants et des amis va se calquer sur le discours parental.”

L’école, en solo ou en duo ?

L’âge de l’entrée à l’école est aussi l’heure des grandes décisions pour les parents de jumeaux. C’est parfois l’heure des ruptures. Tous les parents de jumeaux sont confrontés au même dilemme : doit-on les séparer ou les mettre dans la même classe ? La plupart des pédopsychologues prônent la séparation pour permettre à chaque enfant d’avoir sa maîtresse, ses potes, sa propre vie.
« Nous avons eu deux jumeaux, Taha et Talal, fusionnels, se rappelle Naima Idrissi, ex-directrice pédagogique dans un groupe scolaire de la capitale. Nous avons décidé de les séparer lors de leur première année du primaire. Cela ne fut pas simple, il y a eu quelques semaines de cafouillage. Mais on a résisté ensemble : la famille et les enseignants. Celui qui était materné par l’autre s’est épanoui… Je me rappelle aussi le cas d’une paire de jumelles terriblement fusionnelles, poursuit madame Idrissi. Elles ont été séparées suite au choix de section au lycée. Panique à bord ! Il a fallu expliquer à la littéraire qu’il y avait des domaines où elle était bien plus talentueuse que sa sœur “matheuse”. Nous avons réussi car, avec du recul, la littéraire qui a fait une école d’art est reconnaissante. Nous avons réussi à donner à chacune les possibilités d’évolution qui lui convenaient.”
Mais attention, la séparation ne doit pas devenir un dogme ! Il y a des jumeaux qui ne fonctionnent pas quand ils sont séparés.
Oui, il faut dégémelliser mais au rythme des enfants. Aujourd’hui, il y a parfois un certain terrorisme dans ce domaine. “Si des jumeaux fonctionnent bien, s’ils n’ont jamais été séparés, il est idiot de décider de les séparer brutalement à l’entrée à l’école, commente madame El Harti. Certains établissements séparent automatiquement les jumeaux sans concertation avec les familles.”
L’entrée à l’école est une épreuve, nul besoin d’en rajouter en imposant aux jumeaux de se séparer : c’est la double peine. Il faut laisser faire le temps, envisager de les séparer à mi temps.
Il revient donc aux parents de trouver le bon équilibre. Il faut aider les enfants à conquérir leur relation de jumeaux, c’est-à-dire ne pas tout casser, ne pas individualiser contre leur sensibilité. Et alors, les parents auront le double bonheur de voir évoluer harmonieusement les jumeaux !

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