Les femmes, le moteur de l’économie africaine

65 % de la richesse du continent africain est produite par les femmes entrepreneures d’après la dernière étude publiée par le cabinet de conseil Roland Berger fin septembre 2018. Des chiffres qui confirment à nouveau l’impact positif des femmes sur l’économie. Détails.

En quelques années, l’Afrique est devenue le premier continent de l’entrepreneuriat féminin. 24 % des femmes africaines parmi les 312 millions de femmes de 18 à 64 ans que compte le continent ont créé une entreprise, et en moyenne une femme sur trois déclare avoir un projet de création. Il s’agit du plus fort taux de création d’entreprises (depuis la création jusqu’à 42 mois d’activité) constaté à l’échelle mondiale. En Amérique latine, ce taux est de 17 % contre 12 % en Amérique du Nord et 8 % en Europe et Asie centrale. C’est ce que révèle la dernière étude  portant sur l’entrepreneuriat féminin en Afrique, “Women in Africa entrepreneurship : a path to women empowerment?”, publiée en septembre dernier par le cabinet de conseil Roland Berger lors du  2ème Sommet Annuel Women in Africa Initiative (WIA) organisé à Marrakech. Cette étude, qui enrichit les statistiques de GEM Women’s Entrepreneurship, avec des données collectées auprès d’agences locales et internationales, soit 15 indicateurs comme le niveau d’éducation, l’inégalité, l’emploi, la fertilité, la langue, etc., estime ainsi qu’entre 150 et 200 milliards de dollars de valeur ajoutée sont créés par les Africaines qui produiraient ainsi 65 % de la richesse du continent.

Cependant, certaines différences existent au sein même du continent africain. En effet, si l’Afrique subsaharienne représente la région la plus prolifique en matière d’entrepreneuriat, en Afrique du Nord, seulement 8% des femmes créent une entreprise contre 10% en Afrique du Sud. D’après l’étude, ces disparités sont dues à des facteurs socioéconomiques et à de réalités culturelles différentes selon les régions. Ainsi, il existe plus de femmes entrepreneures dans les pays à faible taux d’alphabétisation. Les femmes africaines se lancent dans l’entrepreneuriat car elles ne peuvent pas toujours accéder au marché du travail, et possèdent peu ou pas de diplômes. C’est le cas notamment dans les pays subsahariens où les femmes se créent leurs propres opportunités car elles n’ont pas accès au marché de l’emploi. Contrairement à l’Afrique du Nord où de manière générale les femmes y ont accès plus facilement, dans une économie plus formelle, avec moins de prises de risques pour faire vivre leur famille et leurs enfants.

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Le digital, un levier pour l’entrepreneuriat féminin

Dans le contexte sociétal et économique actuel, le digital apparaît comme un formidable accélérateur de entrepreneuriat féminin. Étant par essence un domaine ouvert à la diversité et où chacun peut réussir, le digital est un levier qui offre aux femmes de nouvelles opportunités pour entreprendre. Il offre des possibilités de développement infinies aux entrepreneurs innovants capables de révolutionner un secteur. Par ailleurs, les qualités reconnues aux femmes dans le monde professionnel, à savoir la créativité et l’innovation, la capacité relationnelle et l’intuitivité forte en matière de tendances sont des qualités essentielles dans la création et le développement d’une entreprise du digital. Et enfin le digital permettant de travailler plus facilement de n’importe où, il facilite au mieux la conciliation entre projet professionnel et vie familiale. À ce sujet, le rapport du cabinet de conseil Roland Berger montre que les entrepreneures africaines ont très vite intégré l’enjeu porté par la révolution numérique. Elles s’imposent de plus en plus dans des secteurs porteurs de croissance. Le digital qui a explosé notamment dans des pays comme le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud, a participé à ce changement de paradigme. Aujourd’hui, 700 millions d’Africains sont internautes et mobinautes. Le marché est colossal. Les opportunités le sont tout autant.

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Des obstacles et des freins

Toutefois, même si les femmes arrivent à sortir leur épingle du jeu et à s’imposer, l’étude de Roland Berger pointe du doigt plusieurs obstacles auxquels ces dernières doivent faire face. Le principal frein au développement de l’entrepreneuriat des femmes en Afrique demeure le financement. L’aversion au risque des banques et l’absence de données comptables des PME africaines (souvent informelles) freinent l’investissement. Et pour celles qui ont recours au  microcrédit, il ne s’agit que d’une solution à court terme. De ce fait, deux chiffres interpellent dans le rapport : 39 % des entrepreneures cessent leur activité parce que non profitable et 15 % parce qu’elles n’ont pas accès aux financements nécessaires pour se développer. Les femmes africaines rencontrent aussi des difficultés pour accéder à des ressources intellectuelles à travers la formation notamment, et relationnelles afin de développer leur activité. Des obstacles qui ne sont pas spécifiques aux entrepreneures du continent noir : les créatrices d’entreprise du monde entier souffrent souvent des mêmes faiblesses. Autre obstacle et pas des moindres à l’entrepreneuriat des Africaines : les pratiques culturelles et religieuses en matière de propriété sont souvent en défaveur des femmes. D’où l’enjeu d’un accompagnement des femmes africaines, pour les former, créer des incubateurs, convaincre les investisseurs, structurer des réseaux grâce au numérique… Autant de “bonnes pratiques” qui accéléreraient la construction d’une nouvelle ère pour le continent africain. 

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L’entreprenariat féminin au Maroc, toujours à la traîne !   

Les femmes marocaines entrepreneures représentent 10 à 12% du nombre total des entrepreneurs au niveau national, fait ressortir un rapport du Bureau international de Travail (BIT) sur “l’évaluation du développement de l’entrepreneuriat féminin au Maroc” réalisé entre 2014 et 2015 en partenariat avec le ministère de l’Emploi et des affaires sociales et avec l’appui financier d’Affaires mondiales Canada. Des chiffres confirmés à maintes reprises par plusieurs études menées sur le sujet. D’après le cabinet Deloitte, dans son rapport de 2017 du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) portant sur 74 pays à travers le monde, en 2016, environ 163 millions de femmes, âgées entre 18 et 64 ans, étaient en train de développer une activité entrepreneuriale (contre 126 millions en 2012) et 111 millions géraient déjà une telle activité (contre 98 millions en 2012) depuis plusieurs années. Cependant, l’étude montre que malgré l’amélioration du climat des affaires, au chapitre de l’entrepreneuriat, le Maroc est encore une fois à la traîne dans la région MENA. Ainsi, l’indicateur de création d’entreprise (TEA) du Maroc est de 5,6%, soit le plus faible de la région avec celui des Émirats Arabes Unis (5,7%), tous deux arrivant à peine à la moitié de la moyenne de la région qui est de 10,8%. Le Maroc a toutefois pu améliorer son rang comparé à l’année précédente de 1,2 point de pourcentage. Une augmentation due, selon le rapport, à l’évolution de la proportion des jeunes entreprises (4,3% en 2016 contre 3,2% en 2015) et à l’adoption des nouvelles technologies par les entrepreneurs marocains. Quant à la disparité homme-femme, l’indicateur de création d’entreprise passe du simple ou double entre les femmes et les hommes dans la région alors qu’en Afrique, en Amérique Latine et dans les Caraïbes, on compte 8 femmes chefs d’entreprise pour 10 hommes. À contrario, ce ratio n’est que de 5 femmes pour 10 hommes au Maroc.

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“Le management de l’entreprise gagnerait à être sensibilisé au sujet de l’égalité”

Trois questions à Fatine Mouline, Consultante sénior, experte en diversité de genres

Comment est-ce que les femmes leaders font une différence ?
Je reprendrai ce qu’a dit Christine Lagarde patronne du FMI dans un article récent. Elle a précisé que dans ce contexte de conjoncture, un ingrédient important de la réforme du secteur financier serait un leadership féminin. Elle pense cela pour deux raisons. Premièrement, une plus grande diversité raffine toujours la pensée et réduit ainsi le potentiel d’un comportement de groupe. Deuxièmement, cette diversité est un gage de prudence, car elle réduirait les prises de décisions téméraires qui ont provoqué la crise.

D’ailleurs, toutes les recherches et les statistiques le confirment. Une plus grande proportion de femmes dans les conseils d’administration des banques et des organismes de surveillance financière est associée à une plus grande stabilité.

Et comme l’a si bien dit Christine Lagarde, une de mes sources d’inspiration : “Si Lehman Brothers avait été Lehman Sisters le monde serait peut-être très différent aujourd’hui”.

Quelles sont les caractéristiques qui définissent la gouvernance féminine ? Et en quoi le leadership féminin diffère du masculin ?
Je pense que ce qui diffère réellement entre un leadership masculin et un autre féminin c’est le rapport au pouvoir. La gouvernance féminine est souvent concrétisée par un pouvoir de faire. Elle relève davantage de la capacité à faire aboutir un projet et à en gérer plusieurs en même temps. Le manager féminin se démarque par son pragmatisme, sa rigueur, son organisation et son pouvoir de déléguer. Chez l’homme, l’approche de la gouvernance est territoriale et se traduit par sa capacité à garder la main sur ses responsabilités et ses équipes. L’homme a tendance à trancher plus rapidement car il ne recherche par forcément l’adhésion et la concertation comme la femme.

Quelles sont selon vous les mesures à mettre en place en faveur de l’égalité des chances ?
Je répondrai à cette question en deux volets : un premier volet qui concerne l’entreprise en tant que levier de promotion de l’égalité des chances et le deuxième volet concerne la femme et le travail qu’elle doit faire sur elle-même pour renforcer son niveau de leadership.

Une entreprise qui vise à améliorer son niveau d’égalité professionnelle doit mettre en œuvre une série d’actions dont la communication autour de ses rôles modèles pour que ses femmes puissent se projeter et avoir des exemples à suivre. Le management de l’entreprise gagnerait à être sensibilisé au sujet de l’égalité et soutenir les femmes dans leur évolution de carrière en instaurant des mesures de performance individuelles qui prennent en considération les contraintes des femmes comme la maternité, l’organisation familiale, la mobilité… permettant ainsi à la femme un meilleur équilibre vie privée vie professionnelle. Aussi, le mentoring et le coaching sont deux mesures que l’entreprise peut mettre en place pour accompagner ses femmes dans leur carrière professionnelle. Par ailleurs, il est important que l’entreprise adopte ce type de démarche dans le cadre d’un projet d’entreprise faisant partie intégrante de sa stratégie pour pouvoir pérenniser l’égalité professionnelle et l’ancrer dans l’ADN de l’entreprise.

Quant à la femme, son adhésion à des réseaux professionnels et à des initiatives de renforcement de networking reste un must pour se faire connaître et augmenter ses chances d’évolution de carrière. Aussi, il est important que les femmes ne s’auto-excluent pas et travaillent sur elles-mêmes pour améliorer leur niveau de confiance en soi et leur capacité à convaincre pour devenir leader. 

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