Le revenge Le porn

Il y a quelques semaines, un scandale éclatait à Casablanca, incriminant des élèves du Lycée Lyautey. Filmées en plein ébat sexuel, des adolescentes ont vu ces vidéos compromettantes diffusées sur le Web. Baptisé le "revenge porn", ce phénomène tout droit venu des États-Unis fait des ravages.

La revanche par la pornographie,traduction du revenge porn,consiste à diffuser sur le Web desphotos ou vidéos compromettantes deses ex. Intimement lié à la mode du “slutshaming”(“l’humiliation des salopes”,N.D.L.R.), le revenge porn concerne principalementles femmes, discréditées vialeur sexualité. Un phénomène bien connuaux États-Unis et débarqué depuis peu enFrance, mais aussi au Maroc.

Les nouvellestechnologies auservice du sexe

Depuis quelque temps, les couples ont biendu mal à préserver leur intimité face à lamontée en puissance des nouvelles technologies.Sextapes, sexto, selfies after sex,sexting…, les images et vidéos decouples dénudés envahissentla Toile, et souvent à l’insude l’un des partenaires.Si une Américaine surquatre a ainsi déjà pratiquéle sexting, quiconsiste à envoyerdes images d’ellemêmedénudée à soncompagnon, cettetendance ne fait encoreque peu d’émules dansl’Hexagone, ou 7 % de lapopulation avoue y avoir déjàeu recours.Or, si cette pratique ne pose pas de problèmequand elle est canalisée au sein d’uncouple aimant, la donne change quand lespartenaires se séparent et que la rupturevire au clash. Des couples qui se déchirent,jusque-là rien de plus banal. Saufqu’aujourd’hui, le revenge porn faitprendre de l’ampleur aux ruptures.On ne se contenteplus de se venger d’un oud’une ex en le bombardantde messages haineux,en lacérant sesfringues, en vendantses affaires à qui enveut ou en crevant sespneus. Désormais, onl’humilie en offrant àla vue de tous, commentairesà l’appui, des photos de son intimité.

Le revenge porn, ou la vengeance des cocus

Bien entendu, tout est parti d’une rupture…Hunter Moore, un Américain de 28 ans, atrès mal vécu sa séparation en 2010. Alors,pour se venger de son ex, il crée un site surlequel il publie les photos dénudées de cettedernière et décide d’inviter les internautesà en faire de même. Le succès ne tarde pascar isanyoneup.com offre alors une possibilitéde vengeance aux cocus etaux coeurs blessés. Très vite,des milliers de photos intimesde femmes, maisaussi d’hommes, sontpubliées, souvent accompagnéesde commentairessalaces.Sur un site toujoursactif, on peutlire les commentaires,d’hommes en majorité,qui accompagnent desphotos dégradantes : “Acouché dès le premier soir”, ouencore “Sandra couche avec desfilles dans mon dos”, en commentaire d’unephoto présentant une femme, souriante, auvolant d’une voiture. “Cette nana est mariéeet trompe son mari”, rapporte un autre amantdéçu, tandis que certains appellent mêmeà la violence : “Vous pouvez vous lâcher, c’estune dégueulasse”. Kevin Bollaert, lui, se rend très vitecompte du potentiel du revenge porn et décided’en faire un vrai business. À 27 ans,le jeune Américain crée Ugotposted.comet y joue les maîtres-chanteurs. Car surcette plateforme, on ne se contente pas decommentaires, on défie les règles de l’anonymaten publiant le nom, l’adresse, voirele contact de l’employeur de la personne.Sur son autre site, changemvreputation.com, il invite cette fois-ci les victimes derevenge porn à effacer toutes traces de cesphotos compromettantes en échange de250 à 300 dollars… Du chantage pur et dur !

Que prévoit la justice ?

Comment cela est-il possible ? Aux États-Unis, les maîtres-chanteurs sont en faitprotégés par une loi visant à réguler lecontenu pornographique et qui stipule quecontrairement à celui qui met les photos enligne, l’hébergeur n’est pas responsable ducontenu posté. Pratique…Mais, toujours outre-atlantique où lephénomène a remporté un tel succès quedes sites spécialisés ont rapidement vu lejour, ces nouvelles plateformes ont aussifait beaucoup de victimes, obligeant le législateurà intervenir face aux nombresde plaintes reçues.Six États américains ont ainsi fini paradopter des lois anti-revenge porn et au début de l’année, « l’homme le plus détestéd’Internet », comme le nomme le magazineRolling Stone, a été arrêté par le F.B.I. KevinBollaert est, quant à lui, poursuivi parla justice. Mais si leurs sites ont été fermés,d’autres continuent de prospérer…Si cette pratique ne fait pasencore beaucoup d’adeptesen France, une premièrecondamnation a déjà toutde même eu lieu, incriminanten avril dernierun homme de 35 ansdont la peine s’élève à12 mois d’emprisonnementavec sursispour avoir publié surFacebook et sur dessites de rencontres desphotos de son ex, nue etdans des positions olé olé.Toutefois, force est de constaterqu’un flou juridique persiste, tandis que lenombre de plaintes continue de grimper enflèche. La balle est maintenant dans le campdu Parlement, attendu au tournant quant àune éventuelle proposition de loi.En droit marocain, bien qu’aucun texte nel’incrimine en tant que tel, le revenge pornpeut être assimilé à certaines infractions,bien qu’il ne cadre pas juridiquement avec laqualification légale de l’une d’elles. D’aprèsFatna Sarehane, professeur en droit à l’universitéHassan II, c’est notamment le cas del’atteinte à la vie privée par injureet diffamation (articles 442et suivants du Code pénalet articles 47 et 48 duCode de la presse), duchantage (article 530du Code pénal), outout simplement duharcèlement sexuel(article 503-1 duCode pénal). Aussi, lerevenge porn présenteune autre difficulté, à savoirque l’auteur des faitspeut bénéficier de l’anonymatque lui procure le support depublication (numéro de téléphone masquéou fausse adresse électronique).

Comment se protéger ?

Bien entendu, la meilleure solution seraitencore de ne pas se laisser photographier oufilmer. Toutefois, certaines applications ontété créées pour parer aux dommages collatérauxdu revenge porn, souvent alimentépar les sextos. L’appli’ Snapchat, très envogue chez les ados, s’avère ainsi être unearme anti-revenge porn dans le sens où lesphotos compromettantes s’autodétruisentau bout de quelques secondes.

Comment faire pourse débarrasser de ces photos ?

Faire disparaître complètement des photosde soi sur Internet est loin d’être évident,surtout lorsque celles-ci ont été dupliquéesdes dizaines de fois sur des forums ou desplateformes d’échange de vidéos. Cependant,on peut toujours avoir recours à desnettoyeurs du Net, des bons samaritainsqui vous aident à supprimer ces contenuscompromettants, ou du moins à les dissimuleren page 3 de Google. Mais rien n’estgratuit… En France, des agences de e-reputationont vu le jour, à l’instar de “ReputationSquad”, qui propose ce service pour dessommes variant de 300 à 10.000 euros.Fatna Sarehane, elle, est contre cettepratique. Selon elle, la victime ne devraitpas se débarrasser de ces photos, mais aucontraire les retourner contre leur auteur.“Le mal étant fait, il ne sert à rien de les supprimer.Au contraire, il faut les garder pourdeux raisons. D’une part, en cas de recourscontre le présumé coupable, elles constituentun moyen de preuve. D’autre part, elles peuventpermettre à la justice de remonter à lasource de leur envoi.” Et de mettre en garde : “Sivous êtes victime de revengeporn et que vous vous rappelezà qui vous avez permisde prendre les photos incriminées,il ne faut pashésiter à retourner lamenace contre lui et leprévenir que vous allezsaisir la justice. Si vousne savez pas où les photosont été prises ni par qui, ilest dans votre intérêt de porterplainte contre X, pour ne pasêtre poursuivie pour publication surle Web de photos à caractère pornographique.Il suffit que la justice soit saisie, que l’affairedonne lieu à une jurisprudence pour dissuaderles éventuels auteurs de revenge porn…”Toutefois, n’oublions pas qu’au Maroc,tout acte sexuel en dehors du cadre dumariage est puni par la loi… et les victimespeuvent donc être poursuivies pour prostitution.Une loi qui peut donc se retournercontre les femmes victimes de ce phénomèneet faire la part belle aux maîtreschanteursmarocains. â—†

LCI Éducation, leader canadien dans l’enseignement supérieur reconnu pour son approche innovante, vient d’inaugurer son nouveau hub européen à
La Galerie Shart accueille depuis le 17 octobre l’exposition "Analogies", une œuvre introspective de l’artiste plasticienne Fatime Zahra Morjani. L’exposition
Sous la Présidence de Son Altesse Royale Le Prince Moulay Rachid, la Fédération Royale Marocaine de Golf annonce la tenue
L'artiste Meriam Benkirane expose ses dernières créations à la Galerie 38 Casablanca. L’exposition qui se poursuit jusqu’au samedi 16 novembre
31AA4644-E4CE-417B-B52E-B3424D3D8DF4