Faire le premier pas
Pour bien communiquer, il faut apprendre à identifier et à nommer ses émotions, ses besoins et à les dévoiler à son partenaire. Si l’un des conjoints ressent le besoin d’être entendu, il doit faire le premier pas, qu’il sorte de l’implicite pour aller vers l’explicite. Il lui faut aussi renoncer à l’illusion de vouloir être compris sans avoir besoin d’exprimer ses besoins.
Cerner les obstacles
Il faut identifier les obstacles qui empêchent de communiquer afin de les surmonter. Il peut s’agir de préjugés que l’on traîne tels des boulets. D’après les thérapeutes, on rencontre chez les hommes les craintes récurrentes suivantes : croire que si on donne libre cours à son ressenti, la colère jaillira et la violence s’en suivra. Ou encore craindre de passer pour une personne faible, “une femmelette” si on exprime sa tristesse, sa fragilité. Chez les femmes, on rencontre les préjugés suivants : peur de mettre son conjoint en colère, peur d’être infantilisée, pas prise au sérieux, crainte que ses confidences soient utilisées contre soi en présence d’autrui. De part et d’autre, on peut tordre le cou à ces craintes en les exprimant dans un climat serein, ce qui favorisera, ultérieurement le dévoilement.
Se dévoiler, une question de style !
Justement, pour se dévoiler, nous avons chacun notre style. Certains, hommes et femmes, sont impulsifs et agissent comme s’ils n’avaient aucune limite, aucune ligne rouge. Ces personnes peuvent paraître incohérentes, désorganisées. D’autres sont plutôt analytiques, elles argumentent sans cesse, pesant chaque mot. Il y a les personnes réservées et les personnes exubérantes. Chaque style a des avantages et des inconvénients. Dans les moments de forte tension, les désavantages qui peuvent amuser en temps normal, exacerbent. Bien connaître le style de son conjoint permet d’intérioriser ce qui agace et d’anticiper…
Anticiper…avant d’entamer la discussion
Avant d’aborder un sujet délicat, vaut mieux se débriefer soi-même : dans quel état est-on ? Si on se sent stressé, fâché, irrité, ce n’est pas le bon moment de se lancer dans une explication avec son conjoint. En effet, il ne faut pas confondre ce dernier avec une poubelle émotionnelle dans laquelle on déverse ses peurs, ses fantasmes ou ses émois en pensant ainsi s’en libérer ! Il faut également avoir l’honnêteté d’expliciter ses propres intentions : pourquoi je déclenche cette discussion : pour partager mon tourment ? Pour convaincre l’autre, persuadé(e) de mon bon droit ? Pour me venger car l’autre m’a blessé (e) ? Reconnaître (à part soi) que l’on a des intentions plus au moins avouables permet de relativiser et de reporter la discussion le cas échéant.
Écouter, kézako ?
On y pense rarement, mais l’une des clés de la bonne communication est de spécifier à l’autre ce que l’on attend au juste de la discussion à venir. Est-ce qu’on souhaite énoncer un problème particulier et donc avoir l’avis de son partenaire sur un ou des aspects du dit problème ? Est-ce qu’on veut juste s’exprimer et on n’attend de l’autre qu’une écoute attentive, bienveillante et respectueuse ? Personne ne peut deviner nos attentes, pas même un(e) amoureux (se) transi (e) si on ne les exprime pas. Les thérapeutes sont unanimes: les conflits de couple découlent souvent du fait que les hommes offrent des solutions là où les femmes n’attendent qu’une écoute attentive et respectueuse.
Distribuer la parole…
On y pense rarement mais les spécialistes de la communication insistent beaucoup sur l’intérêt de déterminer qui va parler en premier et qui va écouter. On s’intéresse rarement à cette étape qui est déterminante car souvent, les deux partenaires parlent en même temps, nul n’écoute et la cacophonie s’installe vite au détriment de l’échange constructif.
Annoncer la couleur…
Une discussion fructueuse exige un minimum de préparation. Avant d’entrer dans le vif du sujet, mieux vaut prévenir son conjoint qu’on souhaite entamer un sujet délicat qui requiert attention et vigilance et que l’on nourrit l’espoir d’aboutir à un début de solution sans blesser l’amour propre de l’autre. Si le partenaire ne se sent pas en état d’embarquer dans un échange attentif, on reporte la discussion afin de maximiser les chances d’un face-à-face serein et fructueux.
Lire la gestuelle
C’est bien connu, nos gestes et attitudes en disent long sur nous. Si on lève les yeux au plafond ou si l’on hoche les épaules sans arrêt, il y a un moment où cette gestuelle impactera négativement la discussion. Le ton aussi est parlant, au-delà du contenu. Si on adresse une requête sympathique et valorisante à l’autre d’un ton courroucé, le partenaire “entendra” le reproche et enregistrera un message négatif !
Garder le contact
Regarder son conjoint dans les yeux quand il s’exprime pour garder un contact visuel et l’assurer de notre désir d’échanger. Le relancer en posant des questions quand on n’est pas sûr( e ) de comprendre, l’inviter à préciser sa pensée. S’abstenir de placer un commentaire négatif quand on n’est pas d’accord. À l’énoncé par le conjoint d’une intention, d’un désir, lui demander par exemple : quels moyens envisages-tu de prendre pour réaliser ton désir, ton intention ? Éviter de ramener la discussion sur soi, de banaliser ce que dit l’autre, ce qu’il livre de son ressenti, éviter de se justifier, de se défendre. Une personne qui se sent jugée, critiquée ou encore ignorée va s’arcbouter sur ses états d’âme et ne sera pas sensible au point de vue de son partenaire même si l’argumentaire de ce dernier est sans faille. Les spécialistes attirent l’attention sur un constat : si l’un des partenaires ne se sent pas reconnu dans son désir de se dire, plus l’autre tentera de le convaincre du bien-fondé de sa position, plus il résistera.
Désamorcer…
Quand l’échange tourne au vinaigre, l’un des deux partenaires doit suggérer une pause, sans s’enfermer dans le mutisme ou encore traiter l’autre de tous les noms d’oiseau. Celui qui propose une pause doit prendre l’initiative, au moment propice, de relancer la discussion, autrement l’autre lui reprochera la fuite en avant. L’essentiel est de faire baisser la tension et de comprendre ce qui n’a pas fonctionné de part et d’autre. Si l’un des deux se sent fautif, présenter des excuses permet de relancer l’échange de façon constructive.
Bien communiquer exige de l’humilité, de l’ouverture d’esprit, de l’intérêt réel etempathique pour son interlocuteur. L’amour, sans ces basiques, ne garantit point la longévité du couple ! À bon(ne) communiquant (e) salut !