Lamya Ben Malek : “Pas de développement sans les femmes”

Qui est aujourd’hui la jeunesse féminine au Maroc ? Discrète mais travailleuse, elle représente la force-vive du pays, s’acharnant, avec droiture, à réajuster la société en s’engageant dans l’entrepreneuriat et en s’imposant sur le terrain du patriarcat. Une source de richesse porteuse d’espoir à découvrir. Nous donnons la voix à de jeunes femmes volontaires et déterminées qui, chacune dans son domaine, oeuvre pour un Maroc fort, ambitieux et juste.

Lamya Ben Malek, 21 ans, fondatrice de Jeel, média en ligne consacrée à la jeunesse maghrébine, activiste en droits humains et étudiante en relations internationales.

“Pas de développement sans les femmes ! Le sujet de la place des femmes au Maroc est très controversé car il implique des idéologies, il établit des perspectives différentes. Les femmes travaillent, s’occupent de la vie de leur famille, de l’éducation de leurs enfants, et ont le grand mérite de prendre leur destin en main. Néanmoins, elles se frayent difficilement une place légitime dans les domaines décisionnels. Femmes et hommes ne vivent tout bonnement pas le même quotidien. Ce constat est palpable à toutes les échelles. Marcher dans la rue en est l’exemple le plus simple et percutant. Une réalité grave qu’il faut impérativement prendre en considération dans nos politiques publiques. Dès lors que nous n’appréhendons pas l’espace public de la même façon, nous ne pouvons concrètement aspirer à l’égalité. Ces discriminations se colportent parfois jusque dans les sphères privées où les violences assoient les femmes dans un rôle second, voire d’appoint qui réduit la légitimité de leurs actions. À mon sens, le grand défi de notre décennie est la concrétisation de l’ambition de la réduction des disparités entre les sexes. Ceci implique de transformer, sans tarder, la situation des femmes sur les plans économique, social, culturel et sociétal. Il est nécessaire que toutes les forces vives du pays s’engagent en faveur de la réalisation des trois objectifs stratégiques, à savoir instaurer un cadre institutionnel et juridique garantissant l’effectivité de l’égalité entre les femmes et les hommes, assurer aux femmes les conditions d’accès au travail rémunéré et les sécuriser vers et sur les lieux d’exercice de leur métier, et faire émerger de nouvelles représentations sociales des femmes financièrement autonomes par le biais des médias et manuels scolaire par exemple.

Plus que jamais, les femmes ont affirmé qu’elles avaient la légitimité et les compétences d’accomplir ce qu’accomplissent nos pairs. “Women belong in all places where decisions are being made. It shouldn’t be that women are the exception”, comme le disait la figure progressiste de la lutte pour l’égalité homme-femme, la célèbre juge de la Cour suprême américaine, Ruth Bader Ginsburg, décédée récemment.”

Prochain article : Lamia Bazir

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